Le marché de la voiture de collection est en pleine mutation. Certaines autos qui passaient sous le radar il n'y a pas longtemps ont atteint du jour au lendemain le statut de classiques.

Au début du mois, une BMW M3 1991 a été vendue aux États-Unis pour la somme improbable de 199 990 $. La voiture en question a certes un pedigree unique - il s'agit de la dernière M3 E30 vendue en Amérique du Nord, elle a été utilisée comme voiture de tête au circuit Lime Rock avant d'être la propriété du commentateur et ancien pilote David Hobbs - , mais il reste qu'une M3 de première génération en parfait état n'allait pas chercher plus de 36 000 $ il y a deux ans. Il s'est donc passé quelque chose.

Les quadragénaires deviennent collectionneurs

« Depuis un ou deux ans, on voit apparaître une nouvelle génération de collectionneurs, nous a expliqué Alain Raymond, journaliste spécialisé en véhicules classiques. Des gens dans la quarantaine qui commencent à avoir les moyens et qui veulent retrouver les voitures de leur enfance. »

Les bolides que l'on affichait dans sa chambre à côté d'une affiche de Samantha Fox, ou la voiture que l'on voyait passer en sirotant un « crème soda » en songeant qu'un jour elle serait nôtre, quand nos finances le permettraient. Eh bien, ce jour est venu, si l'on se fie à la société Hagerty, qui se spécialise dans l'assurance de véhicules de collection.

RX7, Supra, 300ZX, M3, Audi Quattro

On remarque ainsi une hausse notable pour les Mazda RX7, Toyota Supra et autres Nissan 300ZX, surtout quand elles sont en parfait état. Même chose pour l'Audi Quattro, dont la valeur est passée en deux ans de moins de 10 000 $ à plus de 27 000 $ - on parle davantage de 65 000 $ si elle est comme neuve. Et c'est sans parler de la Porsche 911 des années 80 et 90, dont les prix ont atteint des sommets stratosphériques - ou ridicules, c'est selon.

D'après Alain Raymond, la rareté demeure le premier critère quand vient le temps d'évaluer une voiture de collection - c'est ici que logent les grands classiques. Ensuite, il y a l'attrait, un sentiment purement subjectif.

« On parle du passionné, qui constitue la grande majorité des collectionneurs », dit Alain Raymond, journaliste spécialisé en véhicules classiques

Les "Y" influencent le prix des voitures de 15 ans

En entrevue au site The Drive, le rédacteur en chef du Hagerty Price Guide, Dave Kinney, a soutenu que cela pourrait sonner le glas pour les amateurs de voitures performantes bon marché, qui les utilisaient notamment pour faire de la piste le week-end. « On peut s'attendre à ce que des modèles comme la première Viper, la Lotus Esprit Turbo, la Toyota Supra ou l'Acura NSX originale deviennent rapidement trop chères pour bien des amateurs, a-t-il avancé. Et pas seulement les modèles en parfait état, mais aussi ceux que l'on peut trouver dans les petites annonces. On commence même à voir du mouvement chez les voitures d'une quinzaine d'années. Elles passent d'autos usagées à voitures classiques en une nanoseconde ! »

Parce que dans l'aspiration des « X » se trouvent les « Y », qui se sont enrichis passablement plus rapidement que leurs aînés. Les voitures rendues célèbres grâce aux jeux vidéo et aux films commencent donc à avoir la cote. Les jeunes collectionneurs et préparateurs s'arrachent déjà la Toyota Supra Mark IV, construite de 1993 à 2002. Dominic Dubreuil, rédacteur en chef du site Octane Fix, est justement sur le point de débourser 38 000 $ pour un exemplaire de 1993.

Le jeune passionné de 31 ans cite aussi l'exemple de la toute modeste Toyota Corolla GT-S de 1985 à 1987, qui vaut actuellement plus de 10 000 $ en bon état. « Si elle est impeccable, les gens vont vouloir la garder comme véhicule de collection, a-t-il soutenu. Au Japon, c'est un véritable symbole, c'est par elle que le drift est né. »

Un choc de générations, qu'on vous disait.