Mme Bu a utilisé un exemple clair pour illustrer ce phénomène : en Norvège, la Volkswagen e-Golf, voiture 100 % électrique, coûte actuellement moins cher à l'achat que la Golf à essence.

En Norvège, les véhicules électriques sont si populaires que le gouvernement entend faire cesser la vente de véhicules à combustible fossile d'ici à 2025. Le secret de cette popularité ? Le prix. Explications.

C'est l'explication mise de l'avant par Christina Bu, de l'Association des véhicules électriques de la Norvège, pays moins populeux que le Québec et où le taux de pénétration des véhicules électriques est le plus élevé du monde.

Mme Bu a utilisé un exemple clair pour illustrer ce phénomène : en Norvège, la Volkswagen e-Golf, voiture 100 % électrique, coûte actuellement moins cher à l'achat que la Golf à essence.

Environ 30 % des véhicules neufs vendus en Norvège sont des véhicules non polluants, contre moins de 1 % en Amérique du Nord. Si le prix n'explique pas, à lui seul, le succès extraordinaire des véhicules électriques en Norvège, il en est un des ingrédients irremplaçables.

« Offrir un prix de vente abordable, ainsi que d'autres avantages, permet d'arriver à faire décoller le marché de façon assez spectaculaire », a-t-elle dit.

De passage la semaine dernière à la conférence EVS29 à Montréal, Mme Bu a rappelé que 95 % de l'électricité en Norvège vient des énergies renouvelables comme l'hydroélectricité et l'éolien.

La Norvégienne Christina Bu.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la popularité des véhicules électriques se voit sur l'ensemble de la Norvège, tant dans les régions urbaines que dans les régions rurales. « Les voitures électriques comptent pour 23 % des ventes dans le nord de la Norvège. On parle d'une région qui est à l'intérieur du cercle Arctique ! », dit Mme Bu.

Les modèles les plus populaires sont la VW e-Golf et la Nissan Leaf, deux voitures qui ont une autonomie d'environ 130 km.

Pas moins de 67 % des acheteurs de véhicules électriques en Norvège disent principalement être motivés par l'aspect économique, et 21 % disent agir surtout pour l'environnement.

Acheteurs de VE : plus écolos que la moyenne

« Cela dit, les acheteurs de VE sont plus préoccupés par le sort de la planète que la moyenne : un récent sondage a montré que 80 % trouvent que les changements climatiques constituent un problème important. Et 30 % disent vouloir installer des panneaux solaires sur leur maison, même si ce n'est pas très logique de faire ça en Norvège, car l'électricité est déjà propre et bon marché », dit Mme Bu.

Son organisation compte plus de 35 000 membres, ce qui en fait la principale association du genre dans le monde.

Le traitement fiscal avantageux offert aux acheteurs de véhicules électriques peut parfois faire oublier que les gouvernements occidentaux sont plus généreux encore envers ceux qui conduisent des véhicules à essence : les pays du G20 dépensent collectivement plus de 450 milliards de dollars par année en subventions pour les énergies fossiles, une somme supérieure aux dépenses collectives en soins de santé, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Selon Mme Bu, l'angoisse de l'autonomie --la peur de tomber en panne car la batterie est déchargée-- est surtout présente chez les nouveaux acheteurs.

La Norvège est un des pays d'Europe qui a sérieusement considéré une loi interdisant les véhicules à combustion interne. La ministre des finances Kristin Halvorsen avait participé à un événement faisant la promotion des VE à Oslo en 2009. Photo: Reuters

Pannes et bornes

« Lorsque les gens passent quelques mois avec leur voiture, ils apprennent à la connaître et ne disent plus avoir de problèmes d'autonomie. Et les gens aiment leur achat : 90 % des acheteurs sont très satisfaits. »

Étonnamment, les bornes de recharge et les bornes de recharge rapide en Norvège n'ont pas connu la même croissance exponentielle que les ventes de VE. Mais le pays est en train de rattraper ce retard : d'ici la fin de 2017, on trouvera des stations de recharge rapide tous les 50 km ou moins sur l'ensemble des routes principales du pays.

Les principaux partis politiques de Norvège viennent d'ailleurs de s'entendre pour faire grimper massivement les taxes sur les véhicules fonctionnant au diesel ou à l'essence en 2025, histoire de les rendre inabordables et donc, dans les faits, en marginaliser la vente. « Ça laisse plus de neuf ans à la société et aux entreprises pour s'adapter, dit Mme Bu. Nous croyons que c'est amplement suffisant. »