Le milliardaire chinois Jia Yueting est en fâcheuse posture depuis deux semaines, alors que les hauts dirigeants d'un des plus importants groupes technologiques chinois l'ont accusé d'être à la tête d'un montage financier frauduleux « à la Ponzi ». De quoi faire réfléchir sur l'avenir de la marque Faraday et de sa supervoiture électrique FF91, qu'il a financée presque à lui seul.

En plus d'avoir fondé Faraday Future et annoncé un investissement de 1 milliard de dollars US dans une usine en plein coeur du Nevada, aux États-Unis, Yueling est à la tête de LeEco, une marque méconnue au Canada, mais qui a des tentacules dans plusieurs secteurs technologiques, allant de la téléphonie mobile aux services musicaux en ligne en passant par les automobiles, le cinéma et la télévision.

Il y a 10 jours, Zenq Liqing, cofondateur de Tencent Holdings, un groupe technologique chinois rival propriétaire de WeChat, l'application de messagerie la plus populaire en Asie, a publié un billet sur ce même réseau social, à propos de LeEco. « C'est évident qu'il s'agit d'une fraude à la Ponzi. Vous n'êtes pas du monde de l'entrepreneuriat ou de la finance si vous ne pouvez pas vous en apercevoir », pouvait-on lire.

Loin de retirer cette affirmation, Zeng a par la suite vu son commentaire être secondé par Ma Huating, président du conseil de Tencent, et Xu Xiaoping, un des plus importants anges investisseurs de Chine.

Jia Yueting, fondateur de Faraday Future et président du holding financier LeEco, pose devant le logo de l'entreprise à Pékin le 22 avril 2016. Photo: Reuters

DE PONZI À FARADAY, IL N'Y A QU'UN PAS...

Un montage financier à la Ponzi ramène à Charles Ponzi, un investisseur bostonien des années 20 qui a floué des investisseurs en faisant miroiter de faux rendements plutôt tirés des poches d'autres investisseurs plus récents.

Avec des parts dans plusieurs autres entreprises privées et cotées en Bourse, LeEco, qui croule depuis quelques mois sous d'importantes dettes, tente par tous les moyens de garder la tête hors de l'eau. 

Il y a quelques semaines, ces difficultés financières se sont traduites par un gel de la construction de l'usine de Faraday Future à proximité de Las Vegas.

En janvier dernier, Faraday, une entreprise appartenant à Jia Yueting, a dévoilé en grande pompe la FF91, une voiture électrique de haute performance devant être mise en marché prochainement aux États-Unis, à un prix de détail unitaire au-delà des 200 000 $US.

Sur scène, les dirigeants de Faraday, dont Jia Yueting, avaient non seulement incité les acheteurs intéressés à passer une précommande pour leur futur bolide électrique, mais ils avaient également invité la communauté d'investisseurs orbitant autour du secteur technologique américain à mettre de l'argent dans leur entreprise.

L'incertitude soudaine entourant Faraday et le rapatriement des investissements promis vers la Chine laissent présumer que ces éventuels investisseurs pourraient ne pas revoir leur argent. Ce qui n'est pas nécessairement le fruit d'un montage financier frauduleux, comme le prétendent les rivaux de LeEco, mais ça ne laisse rien présager de bon quant à la probabilité de voir cette rivale déclarée des voitures de Tesla Motors voir le jour.

Le 2 janvier 2017, Jia Yueting avait figuré dans une vidéo présentant le prototype électrique FF91 lors du Consumer Electronics Show de Las Vegas. Photo: AFP