Qu'ont en commun les pilotes québécois de la série Champ Car Alexandre Tagliani et Andrew Ranger? Tous deux utilisent des volants créés par une entreprise spécialisée de Laval.

Qu'ont en commun les pilotes québécois de la série Champ Car Alexandre Tagliani et Andrew Ranger? Tous deux utilisent des volants créés par une entreprise spécialisée de Laval.

Tout a débuté en 2003 quand Guy Valois, homme d'affaires et amateur de kart à ses heures, discute avec le père d'Alexandre Tagliani sur un circuit. « M. Tagliani m'a dit qu'Alexandre était mécontent du volant de sa Champ Car, car il lui engourdissait les doigts, surtout les pouces, raconte M. Valois. Puisque je possédais un atelier, j'ai suggéré à M. Tagliani de mouler les poignées du volant à la forme des mains de son fils. C'est ce qu'on a fait et ça a réglé le problème. »

Conduire une voiture de Champ Car exige d'avoir un physique d'acier. Puissante de 750 chevaux et chaussée de larges pneus lisses, elle ne possède pas de direction assistée. Tourner un petit volant aussi lourd pendant deux heures martyrise les muscles des épaules et des avant-bras. À l'opposé, le volant de voiture de série est facile à manoeuvrer, souvent recouvert de cuir fin, loge un coussin gonflable et regroupe quelques boutons comme celui du régulateur de vitesse. Mais en course automobile, rien de cela importe. L'esthétique ne compte pas, seule l'efficacité prime. Les pilotes emploient des volants personnalisés. Cela inclut la forme du volant, son diamètre, le matériel de recouvrement (caoutchouc, alcantara ou cuir), la grosseur du moyeu, la position des boutons, etc.

« Un peu plus tard, j'ai mentionné à Alexandre Tagliani que nous pourrions fabriquer un volant complet. Il a accepté », précise M. Valois. Un volant de course n'est pas rond mais plutôt rectangulaire. Ses sections supérieure et inférieure sont aplaties pour assurer une bonne visibilité et donner un peu plus d'espace aux jambes, car le cockpit est vraiment exigu. La taille du volant est importante. Un grand diamètre facilite les efforts sur les circuits sinueux tandis qu'un petit volant facilite les corrections instantanées sur les circuits rapides. « Nos mesures sont très précises, ajoute-t-il. Tagliani et Ranger emploient un volant de 290 millimètres de diamètre tandis que Paul Tracy le préfère plus petit à 270 mm. »

Les poignées, ces endroits où le pilote place ses mains, sont moulées sur mesure, reproduisant la forme exacte des mains. « L'ergonomie est essentielle pour ne pas pincer des nerfs ou bloquer la circulation sanguine, explique notre interlocuteur. Le poids est crucial. Nos volants ne pèsent que 500 grammes contre trois ou quatre kg pour le volant d'une voiture ordinaire. La compagnie Usiprog construit une pièce en aluminium qui sert de plaque maîtresse pour le volant. Des trous pour loger les six ou sept boutons d'électronique et d'autres pour boulonner le mécanisme de fixation à la colonne de direction sont percés par une machine numérique. Puis, on injecte une première couche en une mousse légère qui durcit pour former les poignées. On injecte ensuite une deuxième couche en caoutchouc antidérapant. »

Le tableau de bord, qui consiste en un petit écran d'affichage, est ensuite inséré dans la partie supérieure du volant.

Tous les volants diffèrent et répondent aux exigences du pilote. « Tagliani ne pourrait pas disputer une course avec un volant conçu pour Ranger et vice-versa, ajoute M. Valois. Les poignées ne sont pas pareilles et l'ergonomie est personnalisée à l'extrême. Par exemple, un pilote voudra avoir le bouton de la radio sous son pouce gauche tandis qu'un autre le voudra à droite. » La fabrication d'un volant nécessite deux journées de travail étalées sur cinq jours, le temps de laisser sécher la mousse des poignées. Les pilotes emploient généralement deux volants par saison. Quant au prix d'un tel bijou, il dépasse facilement quelques milliers de dollars. « C'est de l'artisanat. Ce sont des oeuvres d'art, entièrement fabriquées à la main », de conclure M. Valois, fier de ses réalisations.