Il arrive parfois que l'opinion publique se révolte contre la consommation des VUS ou des grosses berlines. Une goutte d'essence dans la mer lorsque l'on compare les consommations de nos automobiles préférées à celles des blindés des différentes armées de la planète.

«Le moteur est un moteur d'avion en étoile, le Continental R 975. Le Sherman consomme 412 litres sur route et possède un réservoir de 796 litres d'essence», indique le site Internet chars-francais.net à propos de ce char américain qui fut l'un des modèles les plus populaires pendant et après la Deuxième Guerre mondiale.

 

En fait, la motorisation et le poids des chars d'assaut n'ont cessé d'augmenter au fil des décennies. Ainsi, le premier blindé de l'histoire est utilisé par les Français en 1917, lors de la Première Guerre mondiale. Beaucoup de militaires sont alors sceptiques sur l'utilité de ce type d'arme.

 

En 1917, le Renault FT roule à 7,5 km/h, est équipé d'un canon de 37 mn et il ne pèse que deux tonnes, guère plus que la plupart de nos voitures actuelles. Ce «petit char» consommait tout de même 30 litres aux 100 km et l'autonomie de cet ancêtre des chars modernes n'était que de 35 km. Comme le souligne chars-francais.net: «Moteur, engrenages, radiateur et réservoir d'essence n'étaient accessibles que de l'extérieur. On pouvait les vérifier en soulevant les trappes sur le toit du compartiment moteur. Le propulseur était un quatre cylindres en ligne équipé d'un carburateur Zénith alimenté en essence même si le char était fortement incliné grâce à une pompe à membrane. L'allumage était à magnéto et la mise en marche manuelle, au moyen d'une manivelle.»

 

Si les blindés ont évolué, leur poids a très vite atteint les 30 tonnes pendant la Deuxième Guerre mondiale et 46 tonnes pour des chars plus récents comme le T80 soviétique ou même 57 tonnes pour le M1 Abrams américain. Mais, surtout, la vitesse de ces engins a terriblement augmenté. Si le Sherman dépassait à peine les 30 km/h, les chars actuels atteignent près de 100 km/h!

 

Le char français Leclerc emporte pour sa part 1700 litres de carburant (dont 400 litres grâce à des réservoirs largables). Il peut être ravitaillé en huit minutes et il consomme la bagatelle de 300 litres aux 100 km. Moins gourmand, un blindé léger comme le Panhard VBL de 1990 ne consomme que 16 litres aux 100 km. Le char Léopard C2, un mastodonte allemand de 42,5 tonnes en service dans les Forces armées canadiennes, dispose d'un moteur polycarburant à 10 cylindres de 830 chevaux et se déplace à 65 km/h sur 600 km.

 

Outre le site Internet du ministère de la Défense, le Musée de la guerre d'Ottawa comporte une impressionnante collection de blindés et de chars d'assaut de toutes les époques (salle Lebreton, ndlr). On y trouve aussi bien des Jeep Iltis (celles qui ont trop souvent sauté en Afghanistan, ndlr) que des gros blindés. Pour les fans de technique, le Musée de la guerre vaut vraiment le détour, même si l'immense salle où sont regroupés les blindés met assez peu ces derniers en valeur et qu'elle fait un peu fourre-tout.

 

Enfin, et l'idée pourrait inspirer les Forces armées canadiennes en Afghanistan, comme le soulignent les auteurs du site chars-francais.net grâce aux témoignages de nombreux militaires, «pendant la guerre du Golfe, l'armée française a équipé un petit nombre de chars AMX 30 avec un système de saute-mines d'origine est-allemande. L'engin est téléguidé jusqu'à 2000 mètres pour éviter aux équipages le stress des explosions».