Il ne sera pas seulement interdit de parler au téléphone cellulaire en conduisant, au Québec, dès mardi prochain. Même muni d'un dispositif mains libres, tout conducteur contreviendra à la loi en «pitonnant» sur un clavier, et même en tenant simplement un appareil dans ses mains.

Les mesures du projet de loi 42 qui entrent en vigueur mardi prévoient notamment que «le conducteur qui tient en main un appareil muni d'une fonction téléphonique est présumé en faire usage».

Les téléphones cellulaires et les terminaux mobiles de poche sont évidemment visés par cette mesure, puisqu'ils sont peuvent utiliser un réseau téléphonique, tandis que les appareils radio de type CB ne sont pas visés par la nouvelle réglementation. Une période de grâce de trois mois est accordée aux contrevenants, qui recevront simplement un avertissement plutôt que l'amende et les points d'inaptitude qui seront imposés à compter du 1er juillet.

Si certains téléphones permettent la composition à partir d'une directive vocale, d'autres n'offrent pas cette fonction, de sorte que même avec un dispositif mains libres, seule la réception d'appels sera possible.

Il sera également interdit de s'immobiliser sur l'accotement pour faire un appel. «Pour utiliser un téléphone sans dispositif mains libres, il faut s'immobiliser à un endroit où le stationnement est autorisé», explique l'agente Mélanie Larouche, porte-parole régionale de la Sûreté du Québec (SQ).

Alors que les conducteurs de véhicules d'urgence ne sont pas soumis, dans l'exercice de leurs fonctions, à l'interdiction de parler au téléphone cellulaire au volant, certaines exceptions pourront s'appliquer pour les automobilistes se retrouvant en situation d'urgence.

Un conducteur témoin ou impliqué dans un accident, par exemple, pourrait ne pas recevoir de contravention pour avoir utilisé son téléphone cellulaire afin de contacter les autorités. L'agente Larouche souligne que les policiers se serviront de leur pouvoir discrétionnaire pour juger de la nécessité d'effectuer un appel tout en conduisant.

Malgré l'utilité apparente des dispositifs mains libres, l'agente Larouche rappelle que toute conversation téléphonique au volant devrait être évitée. «Le simple fait de tenir une conversation téléphonique constitue une distraction», soutient-elle.

La Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ) appuie ces propos en soulignant que «l'utilisation d'un téléphone de type mains libres représente tout autant un danger, contrairement à la croyance populaire». La SAAQ parle aussi d'études ayant démontré que le sujet de conversation peut avoir une incidence sur le risque d'accident.

Risques plus élevés de 38 %

Une étude menée par le Centre de recherche sur les transports de l'Université de Montréal a par ailleurs révélé, en 2001, que les risques d'accident sont de 38 % plus élevés chez les automobilistes qui parlent au téléphone en conduite par rapport à ceux qui évitent de le faire.

Si certains automobilistes pestent contre l'entrée en vigueur de cette nouvelle réglementation, les manufacturiers et vendeurs de dispositifs mains libres y trouvent évidemment leur compte.

Au kiosque Vidéotron des Galeries de Hull, Yanick Myre a indiqué ne pas avoir observé une hausse fulgurante des ventes, mais plutôt une augmentation du nombre de questions posées sur la nouvelle loi. «Les gens demandent si le dispositif vient avec le téléphone, et demandent aussi beaucoup à quelle date la loi entre en vigueur», a-t-il mentionné.

Un employé de la boutique Espace Bell située tout près a pour sa part indiqué que les ventes de dispositifs mains libres «sont très bonnes» par les temps qui courent.

Chez Bell, les prix varient entre 49 $ et 259 $. Chez Vidéotron, c'est entre 50 $ et 90 $. Ce sont principalement la portée du signal et la qualité du son qui vont déterminer la valeur de l'appareil.