Un journaliste de l'hebdomadaire français Auto Plus a été inculpé jeudi pour avoir divulgué des photos inédites de modèles du constructeur automobile Renault, qui avait porté plainte en 2007 pour espionnage industriel, a indiqué une source judiciaire.

Bruno Thomas, 45 ans, a été inculpé notamment pour «recel d'abus de confiance» et «révélation du secret de fabrique», ce qui peut lui valoir jusqu'à cinq ans de prison. Après 48 heures de garde à vue, il a été libéré et placé sous contrôle judiciaire.

L'information judiciaire avait été ouverte à la demande de Renault le 24 août 2007 après le dépôt d'une plainte contre X pour «espionnage industriel».

Elle avait été provoquée par la publication dans Auto Plus d'informations et de photos inédites de la prochaine Mégane, modèle de milieu de gamme très important pour le constructeur français, ne devant être commercialisé que trois ans plus tard.

Dans cette affaire, un salarié de Renault, soupçonné d'avoir divulgué les informations confidentielles, a été inculpé la semaine dernière et placé sous contrôle judiciaire.

«Toute cette affaire nous paraît complètement démesurée, déconnectée de la réalité du métier de journaliste», a déclaré à l'AFP le directeur de la rédaction d'Auto Plus, Laurent Chiapello.

«Il n'a fait que son travail, c'est-à-dire trouver des informations inédites pour mieux informer le lecteur», a-t-il ajouté.

Mardi toute la journée, la rédaction d'Auto Plus à Paris a été l'objet d'une perquisition dans le cadre de ce dossier, avec saisie de photos et copies de disques durs d'ordinateurs.

La ministre de la Culture Christine Albanel s'était dite mercredi «mal à l'aise» face à la garde à vue d'un journaliste. Elle a estimé «urgent» que le projet de loi sur la protection des sources soit discuté au Sénat.

Des syndicats de journalistes et des patrons de presse ont vivement protesté contre la perquisition et la garde à vue.

«Qu'on aille fouiller les tiroirs, les disques durs et les poubelles de ce journal et que l'on prive un journaliste de liberté pour lui faire avouer ses sources d'information, cela tient de l'inquisition», a estimé le président de l'Association française de la presse automobile, Denis Astagneau, dans un communiqué.

Les gardes à vue de journalistes, pour des affaires en lien avec leurs fonctions, sont rares en France.