Au risque de détruire bien des illusions, il faut se montrer réaliste : la voiture électrique est une utopie dont la probabilité d'aboutir à un moyen de transport équivalent à l'automobile actuelle est encore très loin de nous.

Entretenue en grande partie par les médias, l'idée que nous pourrons rouler sans nous faire rouler par les grandes pétrolières est certes alléchante, mais hautement spéculative dans un avenir rapproché. Il existe encore trop d'impondérables et de promesses superficielles pour qu'il en soit autrement.

L'échec du siècle

Il faut d'abord savoir que le plus grand échec de la science au cours du dernier siècle a été son incapacité à mettre au point des batteries miniaturisées suffisamment performantes pour permettre à un moteur électrique de propulser une voiture sur une distance acceptable jour après jour sans le moindre pépin.

C'est à peu de choses près ce que nous propose l'automobile d'aujourd'hui. Pourtant, on en a fait des choses en cent ans, la plus frappante étant l'exploration spatiale et ces navettes qui font l'aller-retour entre la terre et la lune comme s'il s'agissait d'un déplacement anodin. Quant aux piles, je n'ai rien vu de renversant depuis les Everready que j'achetais, enfant, pour faire fonctionner mes...petites voitures électriques. Or, en raison même de ces cent ans d'immobilisme, l'automobile électrique fait face aux mêmes contraintes que son ancêtre d'il y a 50 ans : poids extrême, faible autonomie et coût élevé. Un exemple? General Motors a voulu acheter la technologie du petit constructeur californien Tesla qui a mis au point une voiture de sport biplace rapide et dotée d'une autonomie appréciable. L'affaire s'est éteinte lorsque l'on a appris que le prix de cette Tesla (près de 100 000 $) était en grande partie attribuable à un système électrique dont le coût par véhicule se situait à 60 000 $.

Oui, mais à quel prix?

Les batteries lithium-ion semblent avoir permis de faire une percée importante dans la mise au point d'une voiture électrique plus autonome. Sauf que l'on n'a encore rien vu de tangible, à l'exception de prototypes prometteurs, mais à quel coût? La Volt de Chevrolet coûtera plus de 40 000 $ une fois passée la frontière, ce qui n'est pas de nature à lui assurer une grande popularité.

On parle aussi des Chinois qui comptent être les premiers à proposer une voiture électrique en Amérique. Ce modèle, la Byd, roule déjà là-bas et le grand financier américain Warren Buffet a mis la main sur 10% du capital-actions de ce constructeur qui est d'abord un spécialiste de tout ce qui est piles, batteries et accumulateurs. Si l'on se fie au reportage présenté par Michel Cormier, le correspondant en Chine de Radio-Canada, à l'émission de Jean-François Lépine « Une heure sur terre », la Byd électrique est une voiture assez rudimentaire de la taille d'une Toyota Corolla dont le prix annoncé est de 27 000 $ Cd, ce qui encore là risque de faire fuir bien des acheteurs. D'autant plus que l'on ne sait rien de sa fiabilité, de son autonomie et de son comportement routier.

Une solution partielle

De toute évidence, la voiture électrique sera appelée à jouer un rôle mineur au sein du parc automobile et, à moins d'une découverte formidable, elle ne sera qu'une solution très partielle au problème de la pollution et de la déprédation des ressources naturelles.

À l'entrave du prix, il faudra aussi ajouter celle du climat qui, chez nous, n'est pas le plus indulgent pour ce type de motorisation. Hydro Québec ne nous demandera-t-elle pas de nous abstenir de faire l'appoint des batteries par grand froid afin de ne pas surcharger le réseau ? Et ne risque-t-on pas de voir le prix de l'électricité faire des bonds en avant en raison d'une demande accrue?

Malgré l'apathie que semble susciter la Zenn électrique produite au Québec, on peut penser que la voiture sans essence aura sa place dans un environnement urbain pour des tâches bien précises. Par contre, on est encore très loin de la voiture électrique de monsieur tout le monde. Des hybrides avec un moteur Diesel de petite cylindrée sont, selon plusieurs, la solution idéale à la raréfaction des carburants fossiles et à une économie de conduite surprenante.

Photo Reuters

La Chevrolet Volt est pourvue d'une batterie qui se recharge en six heures lorsqu'on la branche à une prise électrique ordinaire de 110 volt. Son autonomie serait d'environ 60 km. Cependant, le véhicule se distingue d'une voiture électrique traditionnelle par son moteur trois cylindres turbo de 1 litre. Quand la batterie est à plat, il se met en marche à un régime constant (en tours/minute) pour fournir de l'électricité et recharger la batterie.