En l'an 2000, on n'a pas seulement changé de siècle, on est entré également dans une nouvelle ère en matière de propulsion automobile. Cette année-là, Toyota a emboîté le pas à Honda avec son Insight en lançant sur le marché canadien sa fameuse Prius. Cette toute première génération d'hybride a trouvé quelques preneurs à ce moment. Rares sont ceux au Québec qui ont conservé depuis ce modèle 2001. Quel bilan peut-on faire alors? Positif? Plutôt négatif?

En 2001, l'Agence de l'efficacité énergétique a acquis un des premiers modèles de Prius. Neuf ans et 250 000 km plus tard, la voiture est toujours à la disposition d'une centaine d'employés. «Beaucoup de gens l'apprécient, c'est une voiture bien faite, agréable à conduire et plus moderne qu'une voiture économique de construction comparable», commente Douglas Labelle, chargé de programme dans le domaine du transport à l'agence.

 

Le CAA-Québec a acheté sa toute première hybride en 2002. Depuis sa sortie d'usine, le modèle 2001 a parcouru 197 000 km. «Vous auriez l'impression aujourd'hui de conduire une voiture neuve. Elle se compare avantageusement à tous les autres véhicules que l'on a», affirme Pierre Beaudoin, directeur principal du service technique du club. Le seul utilisateur de ce premier modèle, Michel Hamel, conseiller en développement, estime que «ce n'est pas une voiture contraignante à conduire, elle est très comparable à n'importe quelle autre en matière de fiabilité alors qu'on ne l'a pas ménagée».

 

Le Centre de gestion de l'équipement roulant du MTQ n'a jamais essuyé de reproches majeurs de la part des utilisateurs des quatre Prius 2001 achetées à l'automne 2000. «Pour la fiabilité, cette voiture est dans la bonne moyenne», indique Marc-André Bois, ingénieur.

Motorisation

 

Mais au-delà des commentaires, il y a surtout les faits et les chiffres. Depuis le lancement de la Prius, au Japon, ses moteurs électrique et à essence ont été très fiables. Les sceptiques ont par contre toujours montré du doigt les éventuelles réparations et le coût de remplacement de la batterie à haute tension qui approvisionne le moteur électrique. Que ce soit après 140 000 km ou 250 000 km, aucun des propriétaires de Prius 2001 interrogés ici n'a eu le moindre problème avec cette batterie. Ils possèdent toujours la batterie d'origine. Qu'en sera-t-il plus tard? Selon Toyota Canada, «les tests démontrent que la batterie demeure efficace pendant près de 300 000 km sans aucune détérioration». Pour le vérifier, il faudra donc pousser plus loin l'utilisation d'une de ces voitures.

 

En matière de fiabilité mécanique, on sait que l'automobile a fait d'énormes progrès. Les trois organismes interrogés rapportent que tous les principaux composants de leurs Prius 2001 sont encore d'origine: radiateur, système d'échappement, amortisseurs, etc. Au CAA-Québec, «on n'a jamais touché au moteur, pas même aux bougies qui sont d'origine», dit Michel Hamel. On a aussi observé que les freins sont très robustes. «On a battu des records de longévité», affirme Pierre Beaudoin. À bientôt 200 000 km, on remplacera prochainement les plaquettes de la Prius 2001 pour la troisième fois, alors que les disques le seront sans doute pour la première fois.

 

«En matière de performance, Toyota avait fait des choix prudents. La partie hybride est plus faible qu'aujourd'hui. Il y a donc moins de potentiel de problèmes», juge Douglas Labelle, de l'Agence de l'efficacité énergétique.

Consommation

 

Avec le temps, a-t-on observé une hausse, même légère, de sa consommation d'essence? Apparemment non. «Sa consommation est de moyenne à faible, dit M. Labelle. Sur l'autoroute, où on l'utilise plus, sa consommation à 100 km/h en conduite écoénergétique est de 5,1 L/100 km; à 110 km/h avec une conduite plus normale, elle est de 6 L/100 km. Sa consommation sur autoroute, par tous nos employés, sur l'ensemble de sa vie, est de 5,5 L/100 km.»

 

Au CAA-Québec, on a calculé que la consommation combinée de cette première génération de Prius est aujourd'hui de 6,2 L/100 km en hiver et de 5,7 L/100 km en été. «En hiver, on gagne à la brancher trois heures avant le démarrage pour réchauffer le moteur», précise Michel Hamel. Selon les tests du CAA, ce geste permet de réaliser 15% d'économie d'essence sur les 18 premiers kilomètres d'un parcours mixte, par une température moyenne de -10oC.

Problèmes

 

En hiver justement, la Prius 2001 ne semble pas présenter de problèmes au démarrage par grand froid. Pas plus qu'elle n'est ensuite attaquée par la corrosion après presque 10 ans de route. Néanmoins, les trois organismes ont relevé une faiblesse relative de la petite batterie auxiliaire de 12 volts qui alimente l'équipement électrique. Un problème survenu chaque fois dans les premiers temps d'utilisation de la voiture.

 

L'Agence de l'efficacité énergétique est la seule à avoir dû faire appel à Toyota, à deux reprises, pour un problème de câbles d'alimentation. Certaines fonctions et voyants électriques défaillants lui ont mis la puce à l'oreille. Le problème a été réglé aux frais du constructeur chaque fois. «Toyota ne nous a pas dit quelle était la nature du problème», précise cependant Douglas Labelle.

 

«Si problèmes individuels il y a, ils sont traités au cas par cas. On n'a recensé aucun problème généralisé depuis le lancement de la Prius», répond Jean-Paul Farag, ingénieur consultant technologie et groupes propulseurs de pointe chez Toyota Canada.

 

Seul le Centre de gestion de l'équipement roulant du MTQ a pu nous fournir les factures totales des coûts d'entretien et de réparation de deux Prius 2001 depuis leur achat en fin d'année 2000. Elles représentaient 8500$ dans le cas de l'une, vendue à l'encan en mai 2007 après 138 000 km; dans l'autre cas, celui d'une voiture vendue aussi à l'encan en mai 2008 à 168 000 km, elles totalisaient 11 500$.

 

Ce rapport d'étape de la Prius de première génération se caractérise par des commentaires louangeux des organismes qui y sont restés fidèles. Néanmoins, l'exercice méritera d'être répété ultérieurement. «La première génération a prouvé que l'hybride peut s'intégrer dans le quotidien des gens», dit Jean-Paul Farag.

 

LA PRIUS EN QUELQUES DATES

1993

 

Toyota mandate une équipe d'ingénieurs pour concevoir une voiture hybride destinée à la production en série.

1997

 

La Prius est lancée sur le marché japonais. Elle est la première voiture hybride au monde à être construite en série. Elle est considérée comme une berline compacte quatre portes. Son moteur électrique développe alors 44 CV. Raillée, elle connaît un succès très mitigé.

2000

 

À l'automne de cette année-là, la première génération de la Prius fait son entrée sur le marché canadien. La Prius année modèle 2001 commencera réellement à se vendre au cours de l'année suivante. Elle consomme 4,6 L/100 km.

2003

 

Toyota lance la deuxième génération. La Prius 2004 devient une intermédiaire cinq portes à hayon. Elle consomme 4,1 L/100 km.

2006

 

La Prius accapare la plus grande part du marché des véhicules hybrides: 186 000 Prius sont écoulées dans le monde sur un total de 313 000 hybrides.

2009

La troisième génération de la Prius est née, la voiture arrive au Canada au printemps. Toyota certifie que sa consommation n'est que de 3,8 L/100 km.