Le constructeur automobile haut de gamme Jaguar Land Rover, propriété de l'indien Tata Motors, s'est allié à l'écurie de Formule 1 Williams pour produire une version commerciale de son prototype de supervoiture hybride C-X75, ont annoncé vendredi les dirigeants des deux groupes.

«Nous allons construire, lancer et vendre une version commerciale de la C-X75», un prototype qui avait été dévoilé en septembre au Mondial de l'automobile de Paris, a annoncé Adrian Hallmark, responsable mondial de la marque Jaguar, au cours d'une conférence de presse à Londres.

Ce véhicule, vendu entre 700 000 et 900 000 livres (soit entre 1,1 et 1,4 million de dollars) sera la voiture la plus chère et la plus prestigieuse de la gamme Jaguar, a-t-il précisé: il sera en effet produit uniquement à 250 exemplaires, durant deux ans seulement, entre 2013 et 2015.

Grâce à une collaboration inédite avec l'écurie Williams F1, ce nouveau modèle se targue d'allier des performances héritées de l'univers des sports mécaniques, avec une vitesse maximale dépassant 320 km/h, et des émissions de CO2 réduites (moins de 99 g/km), dues à un moteur à combustion assorti de deux moteurs électriques, et à un châssis ultraléger, entièrement en fibre de carbone.

La mise en production de la C-X75 s'inscrit dans une stratégie d'investissement ambitieuse du constructeur basé au Royaume-Uni, filiale depuis 2008 du constructeur automobile indien Tata Motors, qui veut se lancer à l'assaut des marques allemandes (Audi, BMW et Daimler) dominant actuellement le secteur des voitures de luxe, à coup de lancement de nouveaux modèles.

La C-X75 représente la première incursion de Jaguar dans le segment des supervoitures depuis la XJ220, produite au début des années 1990.

Le patron de Jaguar Land Rover (JLR), Ralf Speth, a rappelé à cette occasion le programme ambitieux d'investissement (près de 8 milliards de dollars sur cinq ans) annoncé en mars par le constructeur au salon automobile de Genève.

«Nous allons investir comme jamais et avons les projets les plus ambitieux pour l'avenir de Jaguar et Land Rover. Nous allons lancer 40 nouveaux modèles sur les cinq prochaines années, et investir chaque année un milliard de livres dans le lancement de nouveaux produits», a-t-il souligné, ajoutant que Jaguar Land Rover allait embaucher «un millier» d'ingénieurs pour remplir ses ambitions.

Ces projets montrent aussi la confiance renouvelée de Tata Motors dans les perspectives de JLR. Le constructeur, numéro un indien de l'automobile par le chiffre d'affaires, et connu surtout pour la Nano, la «voiture la moins chère du monde», avait acquis Jaguar et Land Rover auprès de l'américain Ford Motors en 2008 pour 2,3 milliards de dollars.

Mais les ventes des deux marques avaient chuté durant la crise, posant à Tata Motors des problèmes de financement, qu'il a depuis surmontées.

JLR avait annoncé dès l'automne dernier qu'il allait pouvoir investir des milliards de livres et créer des milliers d'emplois dans les dix ans qui viennent au Royaume-Uni, grâce à la conclusion d'un accord-cadre avec les syndicats britanniques, prévoyant notamment l'embauche de nouveaux employés à des conditions moins avantageuses que les anciens ouvriers.

Jaguar Land Rover devrait par ailleurs ouvrir ce mois-ci sa première usine d'assemblage en Inde. Cette usine, située à Pune, dans l'ouest du pays, doit lui permettre de réduire nettement ses coûts de production par rapport à ses rivaux.