Cadillac a annoncé qu'elle entreprend le développement final d'une voiture de luxe motorisée comme la Chevrolet Volt et basée sur la même plateforme. Elle s'appellera la ELR et elle ressemblera beaucoup à la voiture-concept Converj montrée au Salon de l'auto de Detroit en 2009.

Cette annonce permet de comprendre mieux la stratégie commerciale de GM avec ce type de voiture, ingénieuse et efficace, mais chère.

Durant les mois précédant le lancement de la Chevrolet Volt, on savait déjà que le prix de détail suggéré du manufacturier serait de 41 000 $ US et qu'une subvention fédérale américaine de 7500 $ abaisserait le prix à 33 500 $ pour les premières 200 000 voitures.

De nombreux observateurs (dont l'auteur de ces lignes) ont observé que c'était cher payé pour une intermédiaire et que GM risquait le succès technique et l'échec commercial. Des concurrents l'ont dit tout haut aussi. Jusqu'à présent, GM a bien fait d'ignorer les oiseaux de malheur. Chevrolet est très loin de suffire à la demande et les Volt sont achetées avant même qu'elles soient sorties de l'usine.

Avec l'annonce d'une Cadillac ELR, on comprend mieux pourquoi GM ne s'est pas laissé influencer.

Le châssis et les moteurs sont déjà payés

Cette cousine de luxe de la Volt sous l'écusson Cadillac aura la même taille et le même châssis. Mais l'ELR sera dotée de tous les équipements de luxe et high tech dont Cadillac a l'habitude... et d'un prix à l'avenant (le prix et la date de lancement n'ont pas été annoncés). Une stratégie d'écrémage du marché, où on récolte la partie la plus riche.

«Au premier coup d'oeil, on sait tout de suite que c'est une Cadillac, avec son profil agressif incliné vers l'avant», a dit Ed Welburn, le patron mondial du design chez GM. Qu'à cela ne tienne si elle n'est pas très grande, ajoute-t-il: «C'est une vision moderne de la voiture personnelle 2+2 de luxe», un segment que jalouse depuis plusieurs années Cadillac à ses rivales allemandes et japonaises comme BMW et Lexus.

Quand l'ELR arrivera sur le marché, l'effet de nouveauté qui dope actuellement la demande de la Volt se sera sûrement émoussé un peu. Mais GM aura pu roder le groupe moto-propulsion de cette hybride en série. Le constructeur de Detroit aura sans-doute aussi réduit son coût unitaire de fabrication grâce aux économies d'échelle, à l'amélioration de ses procédés industriels et aux réductions attendues du prix chargé par les fournisseurs de batteries au lithium-ion.

Elle aura fait tout cela avec le soutien d'une subvention fédérale qui réduit le prix d'achat d'une Volt.

Clients habitués aux grosses factures

Plus important encore, GM enchaînera avec la mise en marché d'une voiture Cadillac, dans un segment où on ne craint pas de charger le gros prix pour une voiture. Si l'ELR sort dans deux ans, une bonne partie des premiers acheteurs de Volt pourrait aussi être parmi les premiers acquéreurs de l'électrique de luxe.

Et comme le gouvernement fédéral américain a promis de maintenir la subvention de 7500 $ pour les 200 000 premières voitures propulsées comme la Volt, il restera sûrement de l'argent puisque l'usine GM de Hamtramck-Detroit ne pourra pas produire plus que 50 000 voitures par année.

Comme dans le cas des voitures Tesla, l'État fédéral subventionnerait donc les voitures de luxe accessibles aux gens plus à l'aise.

Rappelons que la Cadillac ELR et la Volt ont deux moteurs, un électrique, l'autre à essence. Le moteur électrique fait tourner les roues et est alimenté par un pack-batteries lithium-ion en forme de T. Quand la charge de la batterie baisse, le moteur quatre-cylindres à essence démarre et fait tourner une génératrice qui prend le relais des batteries.

Pour des raisons de marketing, GM appelle la Volt et la future ELR «voiture électrique à autonomie prolongée», mais en réalité, ce sont essentiellement des hybrides en série. L'autre type d'hybride le plus fréquent est l'hybride en parallèle (comme la Toyota Prius et la Ford Fusion hybride), où les deux moteurs exercent de la force sur les roues motrices.

En fait, la Volt défie un peu ces définitions, puisque son moteur à essence met aussi l'épaule à la roue, littéralement, dans de rares exceptions (comme quand on écrase violemment l'accélérateur pour dépasser ou accélérer vite).