Le Conseil américain de la sécurité des transports veut faire interdire l'usage par les automobilistes des téléphones portables, même avec un casque d'écoute ou tout autre dispositif mains-libres.

C'est l'annonce qu'a faite mardi le U.S. National Transportation Safety Board (NTSB) dans une recommandation officielle adressée aux 50 États américains ainsi qu'au disctrict fédéral de la capitale, Washington.

Selon une porte-parole du NTSB questionnée après l'audience par l'agence Bloomberg, l'interdiction recommandée viserait aussi l'envoi et la réception de messages-textes, mais ne s'appliquerait pas aux instruments qui sont des aides à la conduite, comme les GPS et les systèmes de communications intégrés à la voiture (par exemple, Sync, de Ford, Entune, de Toyota et OnStar, de GM). L'usage du téléphone cellulaire au volant «en cas d'urgence» serait toléré.

Au Québec et dans d'autres provinces canadiennes, l'usage du téléphone cellulaire est interdit lorsque tenu à l'oreille avec la main, mais permis lorsque utilisé avec un dispositif mains-libres.

«Trop de gens font à la fois texter, téléphoner et conduire», a déclaré la présidente du NTSB Deborah Hersman lors d'une audience publique de régie à Washington. «Le temps est venu d'arrêter les distractions: aucun appel, message-texte ou mise à jour ne vaut une vie humaine», a-t-elle ajouté au terme des audiences, dont les recommandations ont été aussitôt mises en ligne.

Une juridiction d'État

Le NTSB n'a pas de pouvoirs exécutifs et ne peut pas interdire quoi que ce soit. Il ne peut que recommander aux instances appropriées ce qu'il considère comme des améliorations aux normes de sécurité, dans tous les modes de transports, soit aérien, maritime, ferroviaire et routier. Aux États-Unis, la sécurité des routes est une juridiction d'État, et chacun des 50 États américains peut à sa guise mettre en application les recommandations du NTSB, les modifier ou les ignorer.

Une trentaine d'États ont déjà promulgué certaines restrictions à l'usage du cellulaire au volant.

Le NTSB fait généralement ses recommandations à la suite d'enquêtes sur des accidents précis, quand il estime que ses conclusions ont une portée nationale. Dans ce cas-ci, la recommandation d'interdire tout usage du cellulaire au volant émane d'une enquête sur un carambolage ayant fait deux morts et 38 blessés près du village de Grey Summit, au Missouri en août 2010, peut-on lire dans le rapport. Les collisions impliquaient un pick-up, un camion-remorque 18-roues et deux autobus scolaires.

L'enquête a établi que l'homme de 19 ans conduisant le pick-up avait envoyé ou reçu 11 messages-textes durant les 13 minutes précédant le moment où son véhicule s'est écrasé sur l'arrière du camion-remorque. Deux autobus scolaires ont ensuite percuté les deux véhicules accidentés. Le jeune homme au volant du pick-up et un des deux chauffeurs d'autobus ont été tués.

 

Un décès sur 10

Les autorités routières américaines estiment que 9,5% (3092) des décès dus à des accidents de la route en 2010 ont eu de la distraction parmi leurs causes.

La présidente du NTSB, Deborah Hersman, avait déjà souhaité publiquement l'interdiction des téléphones portables soit interdite au volant. Mais les recommandations officielles adoptées hier par l'organisme ont plus de poids.

Lors de l'audience, hier, elle a noté que l'usage du téléphone portable est tellement répandu que l'examen des relevés téléphoniques des conducteurs impliqués fait désormais partie de la routine d'enquête.

Le ministère fédéral américain des Transports, Ray LaHood, a maintes fois indiqué qu'il s'inquiète aussi de la distraction causée par les systèmes intégrés comme OnStar, Sync et Entune.

Source: Bloomberg; U.S. National Transportation Safety Board.

Archives

Une trentaine d'États américains ont déjà promulgué certaines restrictions à l'usage du cellulaire au volant.