Le fabricant japonais de ceintures et coussins de sécurité Takata a affiché jeudi des comptes semestriels plutôt positifs, et même un certain optimisme pour le reste de l'année, en dépit de frais exceptionnels liés à d'embarrassants déboires aux États-Unis à cause de millions de coussins gonflables défectueux.

Pour les six premiers mois de son exercice 2014-2015, Takata a certes affiché une perte nette de 35,24 milliards de yens (351 millions de dollars) contre un gain net de 7,7 milliards un an plus tôt, mais elle est inférieure à celle du seul premier trimestre au cours duquel le groupe avait enregistré une charge extraordinaire découlant de ces avaries de coussins gonflables.

Sur le plan purement opérationnel, ses affaires vont plutôt bien et son image ne semble pas pour le moment souffrir outre mesure de cette crise, qui lui vaut pourtant des coups de semonce répétés de l'agence américaine de la sécurité routière (NHTSA) et même une plainte en nom collectif aux États-Unis.

Selon les autorités américaines, des coussins gonflables Takata sont susceptibles d'exploser à cause d'un problème dont la cause première n'a toujours pas été identifiée.

«Ces produits défectueux sont installés sur des automobiles fabriquées entre 2001 et 2011, et créent un risque d'accident mortel, de blessures graves et de pertes économiques concernant en gros 11 millions de voitures rien qu'aux États-Unis», selon le cabinet d'avocats Weitz & Luxenberg.

«Les médias rapportent le cas de quatre morts à cause de ces problèmes de coussins gonflables, mais pour le moment nous n'en avons confirmé que deux», a expliqué jeudi un directeur général adjoint de Takata, Yoichiro Nomura, lors d'un point de presse.

«Nous sommes toujours en train de vérifier le nombre de blessés», a-t-il ajouté.

Sont affectés des véhicules Honda en grande majorité, ainsi que Toyota, Nissan, Mazda, BMW, General Motors, Chrysler, Ford, Mitsubishi et Subaru.

Dans la grande tradition japonaise de contrition publique et par la voix de M. Nomura ce jeudi, la direction de Takata s'est une fois de plus excusée pour ces problèmes touchant des pièces produites à l'étranger et «qui causent de gros soucis aux automobilistes, constructeurs, actionnaires et autres parties concernées».

M. Nomura, visiblement mal à l'aise face aux journalistes, s'est toutefois surtout appliqué à détailler les résultats du groupe.

Durant la première moitié de l'année (avril-septembre), Takata a constaté une hausse de 15% de son chiffre d'affaires à 302 milliards de yens (2,2 milliards d'euros), et un bond de 12% de son bénéfice d'exploitation à 14,7 milliards de yens.

Aidé par les fluctuations des monnaies, il s'est félicité de ses bonnes performances aux États-Unis et en Asie.

Mieux, cette entreprise nippone de plus de 80 ans, qui emploie quelque 43 500 personnes dans le monde, estime que cette tendance positive va perdurer dans la deuxième partie de l'exercice et a même relevé ses estimations annuelles de chiffre d'affaires à 600 milliards de yens (contre 575), et de bénéfice d'exploitation à 28 milliards (contre 27).

Il restera néanmoins dans le rouge avec une perte nette évaluée à 25 milliards de yens (contre 24 milliards envisagés à l'issue du premier trimestre).

«Nous n'avons pas provisionné davantage (à cause de la crise des coussins gonflables) pour la deuxième moitié de l'année», a précisé M. Nomura.