Rafale de technologies, course à la performance, grosses cylindrées et retour des acheteurs: la grand-messe de l'automobile à Detroit s'ouvre la semaine prochaine sous de bons auspices pour un secteur en pleine renaissance.

Le premier salon automobile de l'année accueillera les journalistes lundi et mardi, ensuite les professionnels. Il espère attirer près d'un million de visiteurs entre le 17 et le 25 janvier dans cette ville considérée comme le berceau de l'automobile américaine.

Pour cette édition, une vingtaine de marques vont rivaliser pour présenter leurs nouveaux modèles, revigorés par l'amélioration de la conjoncture et le retour de la confiance chez les ménages.

Les ventes sont revenues au niveau de leurs meilleures années aux États-Unis et le souvenir de la faillite de deux membres du «Big Three» (General Motors et Chrysler, rebaptisé FCA US) s'estompe. Seul Ford n'avait pas déposé le bilan en 2009.

«Nous avons le cocktail parfait: un, il y a des consommateurs qui veulent acheter un véhicule. Deux, il y a la baisse des prix de l'essence à la pompe. Trois, les taux d'intérêt sont faibles, facilitant le financement d'achat de véhicules à des taux bas qu'on paie au comptant ou à crédit», résume Joe Vitale, analyste au cabinet Deloitte.

Des premières mondiales

«Motor City», qui abrite les trois grands constructeurs américains (General Motors, Ford et FCA US), sera encore cette année à la hauteur de sa réputation, théâtre d'importants lancements.

La cuvée 2015 prévoit l'introduction d'au moins une quarantaine de nouveaux produits, et entre cinq et dix premières mondiales.

Le groupe japonais Nissan promet de dévoiler un modèle qui va «redéfinir» la marque. Il pourrait aussi présenter une batterie qui changerait, assure-t-il, la donne pour les voitures électriques.

BMW, qui veut marcher sur les platebandes de Toyota dans la voiture à hydrogène, joue à cache-cache. Son nouveau concept de véhicule à pile à combustible - rival de la Toyota Mirai nouvellement lancée - pourrait être dévoilé.

Le constructeur chinois Guangzhou, qui fait son retour Detroit, veut écrire l'histoire en devenant le premier groupe automobile de son pays à introduire un véhicule dans la capitale américaine de l'automobile.

La célèbre marque sportive italienne Alfa Romeo fait, elle, son baptême de feu à Detroit. Remis au centre de la stratégie de sa maison mère Fiat Chrysler, ce symbole de la «Dolce Vita» devrait jeter les bases de sa conquête de l'Amérique.

Signe de la résurgence du marché américain, Maserati, qui appartient également à FCA, fait son retour à Detroit. Les rumeurs évoquent le lancement d'une voiture de luxe «accessible», à l'image de la berline sportive Ghibli.

VUS et camionnettes

La grande tendance de cette édition est la course aux VUS, aux multisegments et aux camionnettes, prisés par les conducteurs nord-américains, renforcée par la baisse des prix de l'essence à la pompe.

Toyota dévoilera une nouvelle camionnette Tacoma qui vient concurrencer les Chevrolet Colorado et GMC Canyon de GM. Nissan introduira une nouvelle camionnette Titan avec un moteur diesel en option. Honda lancera, lui, le multisegments HR-V et Fiat Chrysler le VUS Jeep Renegade.

Les groupes automobiles vont aussi s'affronter sur les véhicules à hautes performances.

Honda va enfin mettre fin à la longue attente autour de la mythique sportive Acura NSX, annoncée comme la vedette du salon. La construction du premier modèle, apparu en 1989, avait été supervisée par le pilote brésilien de Formule 1 décédé Ayrton Senna.

Kia, avec l'introduction de la sportive GT Singer, Ford et la sportive GT, la berline Infiniti Q60 ou encore la Cadillac CTS-V pourraient lui faire de l'ombre.

Côté voiture «verte», GM va dévoiler une nouvelle version de la Chevrolet Volt tandis que Toyota lancerait la nouvelle Prius.

Cette effervescence traduit la bonne santé du marché américain devenu, avec la Chine, l'une des rares terres de croissance de l'automobile au moment où les pays émergents flanchent et que l'Europe tarde à repartir.

Dans les travées du salon se posera la question des exigences de la législation sur la réduction des émissions de CO2, alors que la demande pour les voitures «propres» faiblit aux États-Unis avec la baisse des prix de l'essence.

«Nul doute que l'industrie automobile demandera des délais supplémentaires pour atteindre ces objectifs», confie Martin Zimmerman, de l'Université du Michigan.