C'est en apparence un paradoxe. Les usines canadiennes ont augmenté leur production de véhicules automobiles l'an dernier tout en voyant leurs parts de marché poursuivre leur déclin en Amérique du Nord. Qu'on ne s'y trompe pas, c'est de moins en moins avantageux de produire en Ontario.

La tendance est à la baisse depuis presque 10 ans et cette baisse est continuelle surtout depuis 2009. De 17,3% cette année-là, la part de la production des usines automobiles canadiennes sur le continent est passée à 14,1% l'an dernier. En 2014, presque 2,4 millions de véhicules sont pourtant sortis des usines ontariennes. Insuffisant. La part de la production automobile canadienne n'a jamais été aussi basse depuis la fin des années 80.

À qui profite cette diminution? Au Mexique surtout. Sa part de marché est aujourd'hui de 18,9% et son volume de production frise les 3,2 millions de véhicules annuels. Les 67% restants de la production nord-américaine sont évidemment concentrés aux États-Unis.

Les nouvelles usines de Mazda (pour les Mazda2 et Mazda3) et de Honda (pour la Fit et le CR-V) au sud du Rio Grande expliquent cette croissance de la production mexicaine. Mais plus fondamentalement, ce sont les coûts de production - de main-d'oeuvre essentiellement - qui attirent les constructeurs automobiles, surtout asiatiques.

«Avec les nouvelles ouvertures d'usines planifiées au Mexique d'ici la fin de cette décennie et avec l'incertitude qui plane sur l'usine d'Oshawa, les perspectives canadiennes dans la production nord-américaine sont sombres», ajoute l'analyste Dennis DesRosiers, de DesRosiers Automotive.

Alors que la fermeture d'une de ses deux lignes de production à Oshawa est programmée, General Motors a récemment affirmé qu'aucune décision d'investissement ne serait prise avant au moins 2016 concernant l'usine d'Oshawa.

La production de la Chevrolet Camaro sera transférée au Michigan cette année, celles de l'Impala et de l'Equinox cesseront l'an prochain sur l'une des deux chaînes de montage qui sera ainsi fermée. Subsisteront les productions des Buick Regal, Cadillac XTS et Chevrolet Impala sur la chaîne restante.

Les syndicats veulent un geste fort de GM en faveur des installations d'Oshawa. L'avenir de cette usine pourrait se jouer au sud de la frontière à la table des négociations entre le constructeur et ses syndicats américains. Ceux-ci préfèrent négocier le rapatriement de productions plutôt que des améliorations des conditions de travail.

La croissance de la production au Mexique a des répercussions en Ontario comme aux États-Unis.