Au-delà des «strass et paillettes» propres au salon de Genève, les coulisses y bruissent de discussions cette semaine sur le futur de la voiture. L'avenir appartient-il exclusivement aux constructeurs automobiles?

L'information - non démentie jusqu'ici - selon laquelle Apple plancherait très sérieusement sur un projet de voiture électrique a, semble-t-il, quelque peu chatouillé les géants de l'automobile, pour ne pas dire ébranlé.

Mine de rien, le nombre d'acteurs extérieurs au milieu commence à s'étoffer. Après la naissance de Tesla et la mise au point d'un véhicule autonome par Google, voilà que le géant de l'informatique a envie de s'attaquer au marché automobile.

C'est essentiellement le principe de «connectivité» qui tend à rapprocher tout ce monde. De plus en plus bourrée d'électronique, la voiture est connectée: à un téléphone, à la maison, à un service d'assistance routière, à un autre véhicule...

Et ses capacités en ce domaine sont exponentielles.

C'est ainsi que des entreprises spécialisées dans la fine pointe de la technologie viennent offrir leurs services, doublant les constructeurs sur leur droite. Aujourd'hui, le cerveau de la voiture devient un enjeu, selon des analystes. Et une rivalité se dessine.

«Parmi les constructeurs automobiles, il y aura deux camps à l'avenir: ceux qui maîtrisent le cerveau de la voiture et ceux qui en donnent l'accès à des entreprises de technologie sous-traitantes. Celles-ci vont apparaître d'ici cinq ans», prédit, dans une entrevue à Reuters, Thilo Koslowski, cadre de la société d'analyses de marché Gartner.

Capacité d'innovation

S'ils peuvent être amenés à céder le contrôle de la plateforme de connexion de leurs voitures - comme c'est déjà le cas avec ce que proposent Apple et Google -, certains constructeurs craignent surtout la capacité des nouveaux acteurs à créer de nouvelles sources de revenus et à avoir des moyens financiers supérieurs à ceux de la plupart des groupes automobiles - comme la marque à la grosse pomme, par exemple.

Il est intéressant de noter d'ailleurs que le dernier classement mondial des «marques automobiles» valant le plus, réalisé par Brand Finance, comporte dorénavant des noms comme Delphi, Magna ou encore Denso. De gros fournisseurs qui pèsent chacun plus de 1 milliard de dollars.

Mais ce serait sous-estimer la capacité d'innovation des constructeurs que de penser qu'ils concéderont facilement les technologies de l'information aux Microsoft et autres de ce monde. Après tout, GM (avec OnStar) et Ford (myFordTouch) n'ont pas attendu Google et Apple pour tenter d'innover. Et Daimler (avec MercedesMe) ou encore BMW (ConnectedDrive) leur emboîtent le pas.

Ce serait également sous-estimer leurs capacités de réaction. Récemment, le PDG de Ford, Mark Fields, a exhorté ses troupes à imaginer le constructeur de demain et à s'y préparer.

Les CES pris d'assaut

Au début de l'année, les constructeurs automobiles ont débarqué en force au Consumer Electronics Show. Ils n'étaient pas moins de 10 à Las Vegas, un record pour ce salon techno.

Pour le bon «Dr» Dieter Zetsche, le grand patron de Daimler AG, la course à la voiture du futur est loin d'être terminée.

«Google et les autres veulent se faire une place, mais pas dans la construction automobile, je pense. Nous devons définir nos rôles, dans quelle mesure ils sont complémentaires, dans quelle mesure nous sommes dépendants, dans quelle mesure nous sommes concurrents», a-t-il dit à Reuters.