Ce n'est pas facile d'en passer une p'tite vite à son assureur. L'Insurance Institute for Highway Safety (IIHS), le grand laboratoire privé qui évalue la sécurité des véhicules, va resserrer ses critères d'évaluation de la protection structurelle des passagers assis du côté droit.

La raison? Quand l'IIHS a introduit un nouveau test d'impact frontal en 2012, certains constructeurs ont renforcé seulement le côté du conducteur pour obtenir une cote acceptable dans cette épreuve où seul le côté gauche était testé.

Cette situation illustre l'influence énorme qu'a l'IIHS sur la sécurité automobile et montre que certains constructeurs sont prêts à des expédients pour éviter une mauvaise cote de sécurité du redouté Institut de sécurité routière des assureurs.

Tout le côté gauche arraché

Les «collisions frontales partielles» décrivent les accidents où l'impact est concentré sur la partie gauche de la calandre et du capot (25% de la largeur de l'auto). Dans ce test, les véhicules sont lancés à 65 km/h vers une structure rigide qui reproduit les collisions face à face où deux voitures roulant en sens inverse sur une route se percutent. L'impact est concentré sur la partie de l'auto directement en face des deux conducteurs. Dans certains cas, sur la route et lors des tests de l'IIHS, il arrive que tout le côté gauche et la portière soient arrachés.

L'IIHS a introduit ce test en 2012 et les vidéos des tests, pour certains modèles, ont été effrayants (voir la vidéo ci-bas). Le test était fait seulement du côté conducteur. L'industrie automobile a réagi en planifiant des changements de structure majeurs, qui prennent des années à intégrer, mais a aussi pris des mesures pour parer au plus pressant, c'est-à-dire... ne pas mal paraître au test des années suivantes.

En examinant les véhicules lors des tests 2013, 2014, les ingénieurs de l'IIHS ont fait des trouvailles intéressantes, qui ont eu le résultat suivant: «Nous avons lancé un programme de recherche sur la protection du côté passager lors des collisions frontales partielles, a indiqué à La Presse Russ Rader, de l'IIHS. Nous ne savons pas ce que nous allons trouver. Nous avons remarqué que lorsque des constructeurs ont renforcé la structure avant de leurs véhicules [pour améliorer leur performance lors des tests de collision frontale partielle], la modification semble avoir été faite seulement du côté gauche.»

Différences structurelles

Ces modifications n'ont pas nécessairement été faites pour tromper l'IIHS ni au détriment des passagers.

«Ça ne veut pas nécessairement dire que ça s'est fait au détriment de la sécurité du passager, souligne M. Rader. Au départ, la structure avant des véhicules est asymétrique. Par exemple, un moteur transversal [la plupart des moteurs quatre cylindres en I] implique que certaines masses de métal sont placées différemment, à gauche et à droite. De plus, la protection du conducteur est par définition différente de la protection du passager: par exemple, comme le passager n'a pas de volant devant lui, son coussin gonflable peut être plus gros.»

Par ailleurs, d'une façon un peu perverse, cette situation montre que la démarche de l'Institut des assureurs marche: l'industrie automobile réagit à chaque nouveau test introduit par l'IIHS en améliorant divers éléments spécifiques de sécurité.

On peut s'attendre à ce que l'IIHS fasse des tests d'impact des deux côtés à partir de l'an prochain.

«Si nos recherches montrent que c'est nécessaire, nous pourrions changer la procédure de nos tests de collision frontale partielle, a indiqué Russ Rader à La Presse. Nous pourrions faire des tests à droite comme à gauche, de façon aléatoire, c'est ce que nous avons fait quand nous avons introduit les tests d'impact sur les toits: pour nous assurer que les constructeurs renforcent les deux côtés du toit, et pas seulement le côté conducteur, nous avons commencé à choisir, au hasard, des modèles qu'on testait du côté passager.»