Un groupe d'aventuriers et de super-bricoleurs prépare une expédition au pôle Sud à bord de deux Hummer H1 agrandis et modifiés pour fonctionner au grand froid sur des terrains extrêmes et sans carburant fossile.

L'expédition Zero South veut débarquer en novembre 2015 sur la côte de la mer de Weddell, en Antarctique, puis atteindre le pôle Sud dans les semaines suivantes grâce à ces Hummer hybrides électricité-biodiésel. C'est un aller-retour de 1900 km à des températures de -50oC (ce sera l'été là-bas) et l'équipe pense avoir besoin d'entre 14 et 22 jours, dont deux jours et deux nuits au pôle Sud.

Il est censé y avoir des expériences scientifiques dans les grandes cabines cubiques à l'arrière des Hummer à chenilles, mais honnêtement, les organisateurs ont l'air pas mal plus préoccupés par leur contrat de télésérie de 10 émissions avec Sony Pictures, qui va montrer la modification des Hummer et l'expédition. Une équipe de tournage et le matériel, ça prend de la place, un des deux Hummer à chenilles va tirer une roulotte Airstream jusqu'au pôle Sud (peut-être aussi parce que c'est un placement de produit payant dans la série télé?).

Toujours dans des endroits impossibles

Le dirigeant du projet, Nick Baggarly, a l'air d'un type incapable de rester en place une minute, il multiplie les raids et les expéditions au volant dans des places pas possibles, des voyages épiques et sportifs, mais surtout photogéniques. D'abord, ce périple routier de 70 000 km un peu décousu, entre San Francisco et la Terre de Feu, puis par bateau jusqu'à l'Australie, puis encore le bateau jusqu'à la Russie, puis encore le bateau vers l'Alaska et le long de la côte Ouest jusqu'à la Californie. Il s'est aussi tapé un tour du monde est-ouest de San Francisco à San Francisco, 28 000 km au volant et encore plus en bateau à travers le Pacifique et l'Atlantique. Il aime conduire, c'est clair. Qui pourrait le blâmer?

Le prétexte du voyage en Antarctique est assez mince: réussir la première expédition motorisée vers le pôle Sud sans brûler de combustible fossile. Les deux Hummer vont donc brûler du biodiésel.

Pas si verts que ça, les deux Hummer

Ce n'est pas comme si le biodiésel était un carburant 100% propre. Une fois dans le moteur, ça brûle et ça pollue. L'électricité qui fait tourner le moteur électrique (qui font tourner les chenilles de chaque Hummer) vient d'un six-cylindres diésel de 3,2 litres Steyr, qui fait tourner une génératrice. D'ailleurs, on ne comprend pas tellement pourquoi ils ont absolument tenu à faire des hybrides enfichables pouvant être rechargés dans une prise électrique. Une fois les batteries au lithium-ion à plat, après 30 km, on ne voit pas où ils vont trouver de bornes de recharge dans les deux chaînes de montagnes et le plateau polaire qu'ils devront traverser à l'aller et au retour.

Cela étant, ces gros véhicules convertis en hybrides (rechargeables ou pas) sont des machines impressionnantes qui sont loin d'être sans mérite technique.

Baggarly affirme que son choix du Hummer H1 a été dicté par la robustesse de la machine et de son châssis sur lequel on peut construire des habitacles vastes et fonctionnels.

Le choix du Hummer: une «ironie intentionnelle»

Mais aussi parce que l'idée d'un gros Hummer roulant dans la pureté blanche du pôle Sud, mais sans combustible fossile, est une «ironie intentionnelle»: il a fait exprès de choisir ce véhicule très polarisant, dans le public, qui est perçu soit comme le symbole des pires excès des années 2000 en termes de consommation de carburant et de pollution, soit comme un des 4X4 les plus puissants, polyvalents et indestructibles jamais produits.

On n'est pas vraiment sûr que l'expédition de Baggarly ait un but scientifique clair et substantiel. Mais il aime voyager dans des places pas possibles, et il aime conduire sur des milliers de kilomètres; c'est un vrai aventurier. En plus, ses véhicules, avec leurs carrosseries surdimensionnées et leurs grosses chenilles à neige, ont un sacré look.