Renault a dévoilé mercredi la Kwid, sa citadine économique à moins de 5000 euros (6800 dollars CAN) qui doit lui permettre de gagner rapidement 5% du concurrentiel marché automobile indien avant de conquérir d'autres grands pays émergents en cas de succès.

Ce modèle compact commencera à être vendu en Inde, à partir de 300 000 roupies (5700 dollars CAN), entre septembre et novembre, a annoncé le PDG de Renault Carlos Ghosn à Chennai.

Le constructeur français veut élargir sa présence en Inde où il peine encore à percer avec une part de marché de 1,5%, obtenue pratiquement uniquement grâce aux ventes de son VUS compact, le Duster.

«La première étape est d'atteindre 5% du marché», grâce à la Kwid et au Lodgy, modèle familial récemment introduit en Inde, a dit mercredi M. Ghosn.

Avec la Kwid, Renault s'attaque au marché des véhicules compacts (segment A) qui représentent un quart des ventes en Inde et est dominé par Suzuki-Maruti (45% du marché) et le coréen Hyundai.

La nouvelle citadine «est un véhicule de conquête qui va entrer sur un segment représentant 25% du marché indien. Il s'agit d'un véhicule destiné à se vendre à de gros volumes», a dit M. Ghosn.

«C'est une voiture innovante, attractive vendue à un prix accessible», a-t-il ajouté.

La Kwid se distingue cependant des véhicules «ultra low-cost» comme la Nano qui a échoué en ne misant que sur le prix et dont le constructeur Tata vient de lancer une nouvelle gamme mieux équipée à un prix plus élevé.

Les analystes soulignent la nécessité pour Renault de ne pas jouer la seule carte du prix pour tirer son épingle du jeu en Inde.

«Il ne sera pas facile de se faire une place sur ce segment en raison des réseaux de vente bien installés et de la large gamme de produits de Maruti et Hyundai», souligne Anil Sharma, analyste du cabinet IHS Automotive, auprès de l'AFP.

«La différenciation, en termes de design et de caractéristiques du modèle est cruciale», dit-il.

Inde «pays test»

Sur ce segment des voitures compactes, «deux constructeurs avec deux produits vendent 750 000 voitures, aussi nous pensons que l'offre n'est pas suffisante», a expliqué à l'AFP le patron de Renault.

Le constructeur français a consacré d'importants efforts pour développer le véhicule en Inde afin de minimiser les coûts de développement.

«Cette voiture a été développée au plus près du marché. Les fournisseurs sont à 98% en Inde. Nous ne pouvons pas être compétitifs si nous n'utilisons pas les ressources de l'Inde», a dit Carlos Ghosn.

La Kwid est le premier modèle développé sur la nouvelle plateforme, la CMF-A, commune à Renault et Nissan et qui est destinée aux véhicules de petite taille (moins de 4 mètres) des deux constructeurs.

Nissan, qui vise également une part de marché de 5%, doit lancer son nouveau modèle l'an prochain.

Selon les dirigeants de Renault, le développement de la Kwid, en incluant les coûts de la nouvelle plateforme, d'un moteur et d'une nouvelle boite de vitesse, revient à 50% de moins qu'un autre modèle.

Le véhicule est destiné dans un premier temps à l'Inde puis aux pays voisins d'Asie du sud avant d'être proposé, en cas de succès, à d'autres grands marchés émergents.

L'Inde est le seul marché, avec la Chine, à pouvoir connaître une croissance de plus de 6% par an, relève M. Ghosn.

«L'Inde peut devenir d'ici quatre à cinq ans le quatrième marché mondial» derrière les États-Unis, la Chine et le Japon, a poursuivi le patron de Renault-Nissan.

«Cette voiture a une vocation mondiale, si nous réussissons en Inde, elle sera certainement compétitive dans de nombreux autres marchés du reste du monde. l'Inde sera un test», a-t-il ajouté.

En revanche, elle n'est pas destinée à être vendue en Europe.

Le marché automobile indien a progressé de près de 5% en 2014-2015 à 2,6 millions de voitures vendues. Renault y a vendu près de 45 000 unités.