Même s'ils sont obligatoirement inclus dans les prix de vente des véhicules neufs depuis cinq ans au Québec, les frais de transport et de préparation suscitent toujours la méfiance des consommateurs. Ces frais sont-ils cachés, exagérés ou tout simplement justifiés?

ILS SONT INCLUS

Il y a cinq ans, la Loi sur la protection du consommateur a été modifiée afin de contraindre les commerçants à afficher un prix de vente qui doit comprendre «le total des sommes que le consommateur devra débourser pour l'obtention d'un bien ou d'un service», exception faite de la TPS, la TVQ et les droits sur les pneus neufs. Autrement dit, le prix affiché sur le pare-brise d'une voiture du concessionnaire du coin doit comprendre les fameux frais de transport et de préparation, les frais pour la taxe d'accise sur les climatiseurs et les frais administratifs, comme l'inscription au RDPRM. Le Québec est la seule province à ce jour qui oblige les commerçants à afficher un prix «tout inclus».

ILS SONT INÉVITABLES

Comme pour tout produit de consommation courante, les frais de transport et de préparation ont toujours existé. Comme le rappelle l'Office de la protection du consommateur, on ne peut pas éviter de payer ces frais. La raison pour laquelle l'industrie automobile ne les a jamais inclus dans ses prix affichés est toute simple: c'est pour mieux faire passer la pilule de la facture au consommateur. En procédant ainsi, «le prix de départ est moins élevé aux yeux du client», confirme Marco (qui préfère taire son nom), un ancien vendeur chez Ford, Chrysler et Toyota.

ILS SONT JUSTIFIÉS

Les frais de transport sont déboursés par le concessionnaire, qui refile indirectement la facture à l'automobiliste. «Ces frais de transport sont déterminés par les constructeurs, on n'a aucun contrôle là-dessus. Chaque constructeur détermine les frais», dit Jacques Béchard, président de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec. «Il s'agit d'un même prix fixe pour tous les concessionnaires d'une même marque», ajoute Jean-Claude Gravel, président de Groupe Gravel.

Depuis des décennies, les constructeurs automobiles établissent une norme des coûts de transport pour l'ensemble d'un marché. Historiquement, aux États-Unis par exemple, ces coûts étaient basés sur un transport des véhicules au départ de Detroit. Une moyenne était établie pour les quatre coins du pays. C'est toujours le même principe aujourd'hui. «Lorsqu'il y avait l'usine GM à Boisbriand, le concessionnaire du coin payait les mêmes frais de transport qu'un concessionnaire de Vancouver», illustre Jean-Claude Gravel.

ILS SONT ÉLEVÉS

«Aujourd'hui, ces coûts de transport facturés sont beaucoup plus élevés que les frais réels de transport du bien. C'est évident qu'il y a un profit là-dedans», estime George Iny, président de l'Association pour la protection des automobilistes (APA).

L'APA a constaté que chez les grandes marques automobiles américaines, les frais de transport facturés indirectement au consommateur correspondent à ceux facturés par les constructeurs aux concessionnaires. Ce qui n'est pas le cas chez les marques asiatiques. «Il y a une marge supplémentaire normalement, qu'encaissent les concessionnaires», dit M. Iny.

«Les gens n'ont pas de raisons de penser que c'est une arnaque car il n'y a pas 1000 $ de profit du concessionnaire», nuance notre ancien vendeur, Marco.

ILS SONT «EXAGÉRÉS»

Là où par contre il semble y avoir un net profit du concessionnaire, c'est pour les frais de préparation. À quoi correspondent-ils? Lorsqu'une voiture arrive chez un concessionnaire en provenance de son lieu d'assemblage, le commerçant doit la lustrer, vérifier tous les niveaux, retirer les protections des vitres et des tapis et effectuer une inspection générale. «Il n'y a pas tous les fusibles. À ce stade-ci, les systèmes audio et de climatisation ne fonctionnent jamais dans la plupart des cas», précise Marco.

Autant de gestes posés qui ne justifient pas des montants en centaines de dollars. «C'est exagéré! Ça ne tient pas, cela revient à 10 heures de travail pour préparer une voiture neuve», fait remarquer M. Iny.

Son réseau représentant sept marques, Jean-Claude Gravel précise que la politique des constructeurs varie de l'un à l'autre. «Un constructeur va t'envoyer un chèque de 300 $ pour ces frais de préparation et un autre va te dire d'assumer toi-même la préparation. Celle-ci prend à peu près cinq heures d'habitude.»

Si ces frais constituent moins un enjeu aujourd'hui au Québec parce qu'ils sont inclus dans le prix de base, il n'en reste pas moins qu'il y a lieu de s'interroger sur leur valeur réelle.