L'administration Obama veut accélérer l'introduction des voitures sans chauffeur sur les routes américaines, avec l'annonce jeudi d'un plan d'investissements de près de quatre milliards de dollars sur dix ans.

Cela s'accompagnera de lignes directrices pour tenter d'harmoniser les règles applicables à ces véhicules autonomes à l'échelle nationale, a détaillé le département des Transports (DOT) depuis le salon automobile de Detroit.

Les fonds, qui feront l'objet d'une proposition pour le budget 2017, serviront notamment à financer des programmes pilotes destinés à tester des systèmes de véhicules connectés dans des corridors dédiés à travers le pays, précise un communiqué du DOT. Ils pourraient aussi servir à développer les infrastructures nécessaires pour des communications de véhicule à véhicule, en vue de donner au conducteur des informations en temps réel sur les conditions de circulation, ou de faire s'arrêter automatiquement la voiture quand un accident est imminent.

« Il y a beaucoup à faire pour créer le système de transport du XXIe siècle », a commenté le secrétaire aux Transports, Anthony Foxx, lors d'une conférence de presse à Detroit, à laquelle participaient aussi des représentants du géant internet Google, qui travaille sur un projet avancé de voiture sans chauffeur, et de plusieurs grands constructeurs (GM, Ford, Volvo, Fiat Chrysler, Honda).

Le DOT met en avant la contribution potentielle des voitures automatisées et connectées pour réduire le nombre de morts sur les routes et fluidifier la circulation.

« Nous nous dirigeons vers un avenir où les embouteillages ne feront qu'empirer », a en effet prévenu Anthony Foxx, rappelant que la population américaine devrait augmenter de 30 % sur les trois prochaines décennies et que les trois quarts d'entre elle seraient concentrés dans 11 « méga-régions ».

Alors que la grande majorité des accidents mortels sont provoqués par une erreur humaine, les voitures sans chauffeur pourraient aussi accroître la sécurité sur les routes : Anthony Foxx a ainsi évalué qu'elles auraient probablement pu « sauver 25 000 vies l'an dernier ».

Réduire les barrières réglementaires

Le DOT compte aussi proposer des changements des régulations dans les six prochains mois afin de rendre plus facile pour les constructeurs d'installer des fonctionnalités de conduite autonomes sur leurs véhicules, selon M. Foxx. Il a notamment relevé que l'autorité de sécurité routière (NHTSA) avait approuvé un système de BMW permettant à une voiture de se garer toute seule et qui était bloqué par les réglementation actuelles.

Il veut aussi tenter d'harmoniser les règles en constituant des modèles de réglementation type qui pourraient être utilisés par les différents États américains.

Ces initiatives ont globalement été saluées par les acteurs travaillant sur les véhicules sans chauffeur. « Nous avons besoin d'une direction claire et de garde-fou, et le DOT propose de fournir cela », a notamment commenté John Krafcik, à la tête du projet de voiture autonome Google Car.

Les règles sont actuellement décidées État par État. La Californie avait notamment dévoilé en décembre un projet critiqué entre autre par Google, car il fixait selon lui trop de limites risquant de brider l'utilisation des voitures autonomes : il empêchait en particulier qu'elles soient vraiment « sans chauffeur », en imposant qu'une personne puisse en permanence reprendre le volant.

C'est déjà le cas pour les tests menés actuellement. Google a d'ailleurs indiqué cette semaine que ses conducteurs avaient repris le contrôle de ses voitures autonomes à 272 reprises après le signalement d'« anomalies » du système lors des tests réalisés en Californie sur les 14 mois achevés fin décembre. Dans 69 cas supplémentaires, le conducteur avait pris cette décision de son propre chef, parce que le véhicule ne semblait pas apprécier correctement la situation.

Outre Google, les voitures sans chauffeur intéressent aussi d'autres acteurs de la Silicon Valley comme Uber ou Apple, de même que la plupart des groupes automobiles qui commencent à dévoiler des fonctionnalités partiellement automatisées.

Jim Lentz, le patron de Toyota pour l'Amérique du Nord, a toutefois réaffirmé cette semaine une conviction partagée par beaucoup de constructeurs traditionnels en pronostiquant une mise en place graduelle : il envisage une conduite automatisée dans certaines conditions d'ici 2020, mais les voitures totalement sans chauffeur attendront probablement au moins jusque 2025.