Renault a promis un «plan technique» pour rapprocher des normes d'homologation les émissions polluantes de ses voitures en conditions réelles et a été reçu lundi par la commission indépendante qui a révélé ces écarts.

Des représentants du groupe automobile français, dont son numéro deux, le directeur délégué à la compétitivité Thierry Bolloré, se sont expliqués dans l'après-midi au ministère de l'Écologie où était réunie cette commission technique, a indiqué à la presse l'un des participants.

Selon ce dernier, le délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes Pierre Chasseray, «tout le monde a écouté les explications de Renault, tout le monde a écouté les quelques mots de la ministre» Ségolène Royal.

De même source, Mme Royal a «confirmé qu'il n'y avait eu aucune fraude de la part de Renault», ce qui correspond à la position défendue par le groupe automobile.

La commission avait été mise en place par le gouvernement après le scandale Volkswagen. Or, des tests menés sur des véhicules ont relevé, notamment pour des Renault, un dépassement de normes pour le CO2 et les oxydes d'azote (NOx).

Les tests menés pour la commission par le laboratoire Utac-Ceram visent à mettre au jour la présence de logiciels fraudeurs tels que ceux utilisés par Volkswagen, capables de détecter une situation de tests et de s'adapter. Les premiers résultats n'en ont toutefois pas relevé, hormis chez le groupe allemand.

Ni le ministère, ni Renault n'avaient a priori prévu de communiquer lundi soir après la réunion. Des journalistes de l'AFP ont vu trois automobiles Renault de haut de gamme aux vitres arrière opaques sortir du bâtiment du ministère.

Plus tôt lundi, le directeur commercial du groupe Renault, Thierry Koskas, avait révélé que le groupe travaillait «sur un plan technique qui doit permettre de réduire les émissions» par rapport aux niveaux constatés, et qui sera «présenté dans les semaines qui viennent».

Le titre Renault clôture en baisse

Interrogé à ce sujet lors d'une conférence de presse de présentation des ventes mondiales de Renault, M. Koskas a souligné que «dans les conditions des tests d'homologation, leurs véhicules respectaient les normes d'émission». Mais il a aussi concédé qu'hors «des conditions des tests, il y a effectivement des écarts entre les émissions dans des conditions réelles et les conditions normalisées».

Pour dépolluer ses moteurs diesel, Renault a actuellement recours à la technologie du «piège à NOx», plus simple et moins coûteuse, mais aussi moins efficace, en conditions réelles, que celle de la réduction catalytique sélective (connue sous son acronyme anglais SCR).

L'association allemande de protection de l'environnement Umwelthilfe avait dénoncé fin novembre des niveaux «effrayants» d'émissions de NOx du Renault Espace, bien supérieurs aux normes homologuées lorsque les mesures étaient effectuées à chaud et non à froid.

Renault avait annoncé en décembre un plan d'investissements de 50 millions d'euros pour réduire l'écart entre ces valeurs.

Cette annonce intervenait dans la foulée du scandale Volkswagen, une tricherie aux émissions des diesel pour franchir les normes d'homologation américaines. En Europe, cette affaire a aussi contribué à mettre en lumière les disparités entre les normes d'homologation actuelles et les émissions en conditions réelles d'utilisation.

Dès avant l'affaire VW, de nouvelles normes étaient en cours de définition. Leur mise en oeuvre est attendue en 2017.

«Vivement 2017 pour arriver avec des systèmes d'homologation qui seront plus fiables, plus représentatifs, car plus fidèles aux conditions de circulation», a commenté M. Chasseray.

Jeudi, la CGT avait, dans un tract, révélé que des perquisitions avaient eu lieu sur plusieurs sites du groupe au losange, dans des «secteurs» («homologation et mise au point des contrôles moteur») qui laissaient «fortement penser» qu'elles étaient «liées aux conséquences de l'affaire des "moteurs truqués" de Volkswagen».

Dans la foulée, le titre s'était effondré en Bourse. Cette chute avait alors fait perdre au groupe jusqu'à plus de 4 milliards d'euros de capitalisation.

Lundi, le titre Renault a clôturé en baisse de 1,28 % à 74,17 euros dans un marché en repli de 0,49 %. Avant l'affaire actuelle, la semaine dernière, il valait quelque 88 euros.