Finis les bénéfices record: le géant japonais de l'automobile Toyota s'attend à une chute de ses résultats cette année, sous le coup d'un net regain du yen.

Pour la première fois en cinq ans, le groupe va voir ses profits reculer. Le bénéfice net devrait tomber à 1500 milliards de yens (17,8 milliards de dollars CAN) en 2016-17, soit un recul de 35 %, après s'être hissé à de nouveaux sommets sur la période d'avril 2015 à mars 2016, à 2312,6 milliards de yens (+6,4 %, 25,7 milliards de dollars CAN au taux de change retenu par le constructeur).

De même, le bénéfice d'exploitation, qui a lui aussi atteint des niveaux inédits (+3,8 % à 2853,97 milliards de yens - 33,85 milliards de dollars CAN), risque de dégringoler de 40,4 % à 1700 milliards de yens (environ 20,2 milliards de dollars CAN).

«Ces dernières années, nos résultats ont été dopés par les taux de change. Mais ce vent favorable a tourné et nous nous voyons désormais tels que nous sommes», a commenté le PDG Akio Toyoda lors d'une conférence de presse. «La donne a significativement changé».

Toyota, qui bénéficiait depuis trois ans de l'affaiblissement du yen, souffre à l'image des autres groupes exportateurs japonais de la hausse de la devise nippone. Elle a gagné plus de 10 % face au dollar depuis le début de l'année, ce qui va fortement peser sur ses résultats.

Le constructeur prévoit un taux de change à 105 yens pour un dollar, contre 120 yens en 2015-16. Or un yen de moins par dollar sur une durée d'un an se traduit par une diminution des profits de l'ordre de 40 milliards de yens (470 millions de dollars CAN).

Toyota invoque aussi des dépenses accrues dans divers domaines tels que la main-d'oeuvre ou la recherche et développement, alors que le groupe multiplie les investissements dans le domaine de l'intelligence artificielle et la robotique dans l'optique de la commercialisation des premières voitures autonomes.

Les recettes devraient quant à elles fléchir à 26 500 milliards de yens (-6,7 %, environ 314 milliards de dollars CAN) au cours de l'exercice actuel, débuté en avril, toujours du fait de l'évolution des monnaies.

Son titre de numéro un mondial menacé

La firme de la région de Nagoya (centre) a écoulé en 2015-16 un peu moins de véhicules qu'un an plus tôt sur fond de difficultés au Japon et de ralentissement dans les marchés émergents, pour un chiffre d'affaires de 28 403,1 milliards de yens (+4,3 %, 336,9 milliards de dollars CAN).

Il espère un léger mieux en 2016-17, à 10,15 millions d'unités (Toyota, Lexus, mini-véhicules Daihatsu, poids lourds Hino), grâce à un redressement au Japon et en Asie, mais le contexte économique mondial reste difficile et un ralentissement se profile aux États-Unis, traditionnellement son point fort.

Par ailleurs, Toyota n'a pas encore évalué l'effet sur ses comptes de l'interruption temporaire récente d'une grande partie de l'assemblage de voitures au Japon, en raison d'une pénurie de pièces après les tremblements de terre qui ont frappé mi-avril l'île de Kyushu.

Déjà contraint courant février de cesser toute fabrication dans l'archipel à la suite d'un incident chez un fournisseur, le géant japonais a connu de récents mois mouvementés.

Sur l'année calendaire 2015, Toyota avait dominé le secteur automobile mondial, avec 10,15 millions de véhicules.

Il pourrait cependant avoir du mal à garder son titre en 2016 du fait de cette malencontreuse série d'arrêts de la production. Au premier trimestre, le groupe a ainsi vu ses ventes reculer de 2,3 % à 2,46 millions d'unités, tandis que son rival allemand Volkswagen en livrait dans le même temps 2,5 millions.

Si les actionnaires de Toyota risquent de mal accueillir jeudi, à l'ouverture de la Bourse de Tokyo, ces sombres perspectives, ils peuvent en revanche se satisfaire de l'annonce d'un important programme de rachat d'actions, d'un montant maximum de 500 milliards de yens (près de 6 milliards de dollars CAN), d'ici à mars 2017.