Le patron de Formula One Management (FOM), Bernie Ecclestone, reconnaît qu'il est incapable de comprendre les critiques qui lui sont adressées par des groupes de défense des droits de l'Homme à propos de la présentation d'une épreuve en Azerbaïdjan.

Le Grand Prix d'Europe de Formule Un doit être couru dimanche prochain sur un circuit routier à Bakou.

Corruption, censure et incarcérations

Or, les défenseurs des droits humains ont été nombreux à exprimer dans le passé de vives inquiétudes à propos des allégations persistantes de corruption et de censure de l'opposition par le régime du président Ilham Aliyev qui est en poste depuis près de 13 ans. 

L'organisme Human Rights Watch a dressé un portrait incriminant de la situation des droits de la personne en Azerbaïdjan dans son plus récent rapport annuel (voir ci-bas).

Note de la direction : à l'aide de la photo de gauche, vous pouvez visualiser où se trouve le circuit routier de Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan. C'est un circuit urbain (comme à Monaco). Puis, en cliquant sur la carte interactive ci-bas, vous pouvez zoomer sur Bakou et identifier la quinzaine de prisons et de cités carcérales (settlement prisons) qui se trouvent dans un rayon d'action de 30 km d'où le Grand Prix sera disputé le dimanche 19 juin. D'ailleurs, les détenues et enfants de la Prison No 4, pourront entendre le vrombissement des voitures de F1, puisque l'établissement pour femmes et enfants est situé à 1 km du circuit, sur la rue Callilov.

Critiques envers la F1

Certains militants critiquent Formula One Management de présenter une course en Azerbaïdjan alors que d'autres croient que l'organisation devrait profiter de sa présence à Bakou pour soulever publiquement les questions des droits de l'Homme.

Jeudi, Bernie Ecclestone a dit que lorsqu'on lui donnerait une définition des droits humains, il pourrait en débattre et vérifier où les critiques peuvent s'appliquer.

M.Ecclestone a ajouté qu'un refus de présenter des épreuves de Formule Un dans des nations corrompues équivaudrait à disqualifier la plupart des pays de la planète.

En avril 2015, quand Formula One Management a annoncé qu'elle accordait un Grand Prix à l'Azerbaïdjan, M. Ecclestone s'est fait demander si sa compagnie allait faire une vérification de l'état des droits de la personne dans ce pays.

«C'est fait», a répondu M. Ecclestone.

Répression acrue en Azerbaïdjan

Depuis, Human Rights Watch a publié son rapport annuel 2015, dans lequel on dresse un tableau peu flatteur de cette ancienne république soviétique : «Le gouvernement de l'Azerbaïdjan a escaladé la répression contre ses critiques, marquant une détérioration dramatique d'une situation des droits de la personne déjà mauvaise. Depuis quelques années, des douzaines de défenseurs des droits humains, activistes civiques et politiques, journalistes et blogueurs ont été arrêtés ou emprisonnés en raison d'accusations fondées sur des considérations politiques. Cela a incité d'autres personnes à fuir le pays ou à entrer dans la clandestinité. Les comptes bancaires de groupes civiques indépendants et de leurs dirigeants ont été gelés, nuisant à leur travail ou dans certains cas, les forçant à cesser leurs activités. Les groupes indépendants ont été frappés par des restrictions nouvelles qui rendent presque impossible l'accès aux financement étranger. Les partenaires internationaux de l'Azerbaïdjan ont critiqué cette répression accrue, mais sans réussir à susciter une amélioration de la situation des droits de la personne.»

La F1 et les droits de la personne

Dans son récent énoncé de principe sur le respect des droits de la personne, Formula One Management exprime la position suivante : «Le Groupe Formula One s'engage a respecter dans ses opérations mondiales les droits humains internationalement reconnus. (...) Tout en respectant les droits humains dans toutes nos activités, nous focalisons nos efforts sur les domaines à l'intérieur de notre sphère d'influence directe.»