L'action de l'équipementier japonais Takata tombait en vrille (- 8%) mardi matin à la Bourse de Tokyo après une nouvelle explosion d'airbag dans un accident mortel en Malaisie. Mais elle a soudainement rebondi dans l'après-midi : l'action est repartie en hausse quand le patron a promis de s'en aller.

Shigehisa Takada, héritier de la famille fondatrice, a évoqué son avenir au cours de l'assemblée générale du groupe : «Une fois convaincu que la compagnie est remise sur pied, je passerai le relais (à une nouvelle équipe), voilà mon rôle», a-t-il déclaré, selon une porte-parole du groupe qui n'a pas donné de détails sur le calendrier.

La presse n'était pas autorisée à assister à la réunion, au cours de laquelle certains petits actionnaires ont réclamé la démission du PDG, ont rapporté des actionnaires à l'AFP.

Des fragments peuvent voler vers le visage et le thorax du conducteur dans certains cas. Les airbags du côté passager sont aussi considérés comme à risque.

Takada quittera Takata

Critiqué pour sa gestion de la crise, Shigehisa Takada avait déjà été envoyé à la retraite par la rumeur en début d'année.

«Pour le moment, il n'a pas l'intention de renoncer à ses fonctions», avait alors démenti l'équipementier.

Entretemps, Takata a mandaté la banque d'affaires Lazard pour l'aider à trouver des soutiens afin d'orchestrer un programme de restructuration. Plusieurs fonds d'investissement - KKR, Bain Capital ou encore PAG Asia Capital -, seraient notamment sur les rangs pour entrer au capital, ont rapporté les médias.

Une autre mauvaise journée au bureau pour Shigehisa Takada. Photo: Reuters

Une conductrice meurt dans une Honda 2005

Après l'assemblée des actionnaires, l'action de Takata bondissait de plus de 10%, à 405 yens, alors qu'il était tombé à 337 yens dans la matinée (-8,17%) après le signalement d'un probable nouveau décès lié à un airbag Takata. Le titre a fini la séance sur un gain de 2,17% (dans un marché quasi stable).

Le constructeur nippon Honda a confirmé que le coussin gonflable d'une Honda City 2005 a explosé lors d'une collision mineure survenue dimanche. «La cause officielle du décès de la conductrice n'a pas encore été déterminée», a cependant précisé le groupe. Quand la conductrice de 44 ans a été trouvée par les secouristes, elle avait des blessures à la poitrine causées par un objet protubérant au centre du volant, après le déploiement du coussin gonflable, a rapporté le quotidien anglais de Malaysie The Star. Elle est décédée peu de temps après sur la scène de l'accident.

Trois avis de rappel avaient été envoyés, en vain, au propriétaire de la voiture.

Une Honda City 2005 semblable à celle dans laquelle la conductrice malaise a été tuée.

Bilan de 13 morts

Deux décès causés par l'explosion d'un airbag Takata ont été signalés en Malaisie un peu plus tôt cette année, après la mort d'une femme enceinte en juillet 2014. Dix autres cas mortels ont par ailleurs été recensés aux Etats-Unis.

Au total, au moins 13 personnes ont donc été tuées par les explosions de ces pièces défectueuses, et le bilan pourrait s'alourdir avec ce nouvel accident si le lien était confirmé.

Le fabricant est empêtré depuis plus de deux ans dans une affaire d'airbags viciés, avec au total quelque 100 millions d'exemplaires concernés par des rappels dans le monde. Compte tenu du poids important de Takata dans le secteur (20% du marché des ceintures et coussins de sécurité), les constructeurs japonais (Toyota, Honda et Nissan notamment) veulent toutefois éviter une faillite.

Au cours des récentes années, certains airbags ont éclaté après une collision parfois mineure, projetant des fragments sur le conducteur ou le passager.

La cause première des dysfonctionnements des gonfleurs n'a pas été identifiée, mais une combinaison de trois facteurs est considérée comme probablement responsable: un agent chimique incapable d'absorber l'humidité (nitrate d'ammonium), des conditions climatiques extrêmes et une conception inadéquate.

L'action Takata s'est effondrée de près de 90% depuis que le scandale a éclaté en 2014.