Le patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a fait remarquer mardi que dans le monde automobile, le talent «se paie». M. Ghosn a fait cette observation lors d'une rencontre avec des étudiants, mais a refusé l'invitation de commenter son propre cas.

«Le talent, l'expérience acquise, l'unicité, (cela) se paie», a indiqué M. Ghosn, qui participait à une conférence sur le thème de la mondialisation à l'école de management Essec à Cergy (Val-d'Oise).

«Violence symbolique» des écarts salariaux

Le PDG était interrogé par une étudiante sur la «violence symbolique» de son salaire par rapport à celui des ouvriers de ses usines: «Est-ce que vous pensez que gagner trois millions d'euros par an est une clé pour comprendre et changer le monde ?»

Carlos Ghosn, lors de l'inauguration d'une nouvelle usine Renault à Sandouville, dans le Nord de la France. L'écart entre les salaires des haut-cadres et le salaire moyen de leurs employés fait débat en France. M. Ghosn a la réputation d'être un des présidents les plus exigeants et les plus performants de l'industrie automobile mondiale. Photo: AFP

M. Ghosn, dont le salaire au titre de Renault a été rejeté --fait rare-- en assemblée générale des actionnaires le 29 avril, a d'emblée précisé qu'il ne s'exprimerait pas sur sa propre rémunération, se bornant à dire que cette question revenait au conseil d'administration.

«Ce n'est pas une question de dire: il faut être fair (NDLR: équitable). Dans un monde d'exigence et de mondialisation, il faut d'abord être performant. Et pour être performant, ça commence d'abord par le talent humain», a indiqué M. Ghosn, répétant à deux reprises: «je ne parle pas de moi».

Fin juillet, trois mois après le rejet du salaire de M. Ghosn pour 2015 --7,25 millions d'euros (10,8 millions de dollars CAN) au total, dont 1,737 million au comptant-- par les actionnaires de Renault, le groupe a annoncé une réduction de 20% de la part variable du salaire de son PDG pour 2016.

Les critiques du salaire de M. Ghosn notaient que celui-ci touche également des émoluments au titre de PDG de Nissan. Cette somme a atteint 9 millions d'euros (13,4 millions de dollars CAN) pour l'exercice décalé 2015-2016.

Le conseil d'administration de Renault avait initialement maintenu la rémunération de M. Ghosn dans la foulée du vote d'avril. Le gouvernement français, qui est actionnaire de Renault, avait ensuite menacé de légiférer pour rendre contraignant les avis des actionnaires sur ce sujet, et une telle disposition a été adoptée par l'Assemblée en première lecture le 14 juin.

«Pour être performant, ça commence d'abord par le talent humain», a indiqué M. Ghosn, répétant à deux reprises: «je ne parle pas de moi». Cette photo a été prise le 12 mai dernier à Tokyo. Photo: Reuters