Environ 29 millions de véhicules équipés de moteurs diesel circulant dans l'Union Européenne émettent beaucoup plus de gaz polluants que la limite autorisée.

C'est ce qu'affirme une étude publiée lundi, à l'occasion du premier anniversaire du scandale Volkswagen.

L'organisation non-gouvernementale Transport et Environnement (T&E) a publié les résultats de son enquête un an après que le constructeur allemand eut avoué utiliser des logiciels truqueurs pour manipuler les tests de mesures d'émissions de gaz polluants.

La tricherie du diesel sale Volkswagen a permis de constater que les normes de pollution sont systématiquement bafouées par un grand nombre de constructeurs automobiles en Europe. Photo: Reuters

Volks juste la «partie émergée de l'iceberg»

Il ne s'agit que de la «partie émergée de l'iceberg», estime toutefois (T&E), qui cherche avec cette étude à «exposer le nombre choquant de voitures diesel sales sur les routes de l'UE et la faible régulation des véhicules par les autorités nationales».

T&E a compilé les données portant sur 230 modèles, issues des enquêtes réalisées par les gouvernements français, britannique et italien dans le sillage du «Dieselgate», ainsi que certaines bases de données publiques.

Plus de quatre véhicules sur cinq aux normes «Euro 5», vendus entre 2010 et 2014, produisent plus de trois fois la norme fixée pour les émissions de NOx (oxydes d'azote) lors des tests en laboratoire, a calculé l'ONG.

Pour les véhicules censés respecter les nouvelles normes environnementales de 2015 («Euro 6»), ce sont deux tiers d'entre eux qui émettent jusqu'à plus de trois fois la limite fixée.

Ces véhicules se retrouvent principalement sur les routes de France (5,5 millions) et d'Allemagne (5,3 millions), au Royaume-Uni (4,3 millions) et en Italie (3,1 millions).

Selon le ministère de la Santé de France, la pollution de l'air urbaine tue plus de 5000 personnes par année au pays. Le principal coupable est l'automobile.  Photo: AFP

Cinq constructeurs pires que Volks

Au palmarès des pires pollueurs, T&E n'est pas tendre avec Renault-Dacia, lui attribuant le titre des moteurs diesel les plus «sales» pour la norme Euro 5, avec des émissions sur routes près de huit fois supérieures à la limite fixée pour les tests en laboratoire.

Suivent Jaguar-Land Rover, Hyundai, Opel-Vauxhall (dont Chevrolet, autre marque du groupe GM) et Nissan.

Les voitures de ces constructeurs testés émettent donc plus que les véhicules des marques Volkswagen.

Le constructeur allemand toutefois s'en sort plutôt bien pour les véhicules Euro 6, catégorie dans laquelle ses marques sont parmi les moins polluantes.

C'est l'italien Fiat qui s'en sort le moins bien avec des véhicules (y compris de marques Alfa Romeo, ainsi que Suzuki à qui il fournit des moteurs) qui émettent jusqu'à 15 fois plus de gaz polluants que la limite fixée en laboratoire. Renault-Dacia-Nissan suit (14 fois plus d'émissions), puis Opel-Vauxhall et Hyundai.

Les oxydes d'azote sont considérés comme responsables de la mort prématurée de 72 000 citoyens européens chaque année, rappelle T&E.

L'étude montre Renault du doigt. Photo: Reuters

«Connivence» des gouvernements

Greg Archer, en charge des véhicules propres pour T&E, déplore la «connivence» des gouvernements avec les constructeurs.

«L'industrie automobile a pris en otage ses régulateurs, et les Etats européens doivent maintenant résister au nom de leurs citoyens et arrêter de scandaleusement étouffer» la situation, déclare-t-il dans un communiqué.

Dans l'UE, il revient aux Etats membres d'assurer l'homologation des modèles de voiture qui, une fois accordée, est valable dans l'ensemble des 28 pays, mais aussi d'assurer la surveillance du marché et d'infliger des pénalités si nécessaire.

Mais après le scandale Volkswagen, la Commission européenne a proposé une réforme de la législation pour se donner plus de pouvoir de contrôle et de sanctions.

En réaction au scandale Volkswagen, la France a lancé le 1er septembre une batterie de tests environnementaux plus sévère. Photo: AFP