Le scandale Volkswagen semble avoir fait d'importants dégâts dans l'opinion publique : deux tiers d'automobilistes français estiment que «tous les constructeurs trichent» sur les émissions polluantes de leurs voitures diesel, selon un sondage publié juste avant le Mondial de l'automobile de Paris, qui doit s'ouvrir jeudi. Mais le même sondage montre aussi que les gens continuent d'acheter des autos diesel.

Un an après les révélations sur le logiciel tricheur Volkswagen, le magazine automobile L'Argus a demandé aux automobilistes français s'ils font «encore confiance aux marques du groupe Volkswagen» : 52% des personnes interrogées pour ce sondage ont répondu «non».

Mais les personnes interrogées semblent sans illusion quant aux pratiques des constructeurs, après que des enquêtes menées dans plusieurs pays européens dans la foulée du scandale aient mis en évidence le décalage entre les émissions polluantes des véhicules en conditions réelles par rapport aux normes d'homologation.

Les constructeurs trichent, les gouvernements ne les surveillent pas assez et c'est un carburant dangereux pour la santé, croient les Français. Pourtant, le diesel conserve sa cote d'amour. Photo: Reuters

L'État, encore plus suspect que les constructeurs

Les répondants au sondage semblent encore plus sceptiques vis-à-vis des efforts des pouvoirs publics en la matière.

Pour 67% d'entre eux en effet, «tous les constructeurs trichent», selon ce sondage.  

Quant à savoir si «les pouvoirs publics font le nécessaire pour changer les choses», une écrasante majorité (93%) dit penser que ce n'est pas le cas.

Pour autant, le diesel conserve sa cote auprès des Français. Selon le sondage de l'Argus, 61% des personnes interrogées affirment qu'elles sont encore prêtes à acheter une voiture fonctionnant au diesel, 39% étant d'un avis contraire.

Cette proportion de 61% correspond peu ou prou à la fraction du parc automobile français équipée de moteurs fonctionnant au diesel. Précisons à ce sujet que la part part des voitures diesel dans les ventes de véhicules neufs ne cesse de décroître et atteint aussi peu que 53% depuis le début de l'année 2016.

Un 4-cyl. diesel Volkswagen muni d'un logiciel tricheur. Photo: Reuters

Acheter avec son portefeuille, pas avec ses poumons

En outre, 77% des répondants estiment que ce n'est pas «la fin du diesel».

Pour autant, une courte majorité --54%-- dit penser que «le diesel est dangereux pour la santé», selon ce sondage effectué par internet auprès de 2266 automobilistes du 17 au 22 septembre.

Un paradoxe que l'Argus explique en estimant que «les avantages du diesel (faible consommation, prix du carburant inférieur, etc.) prennent le dessus sur la question de la santé publique».

Le sondage a été publié à l'occasion du Mondial de l'automobile de Paris, qui ouvrira ses portes jeudi aux professionnels, avant d'accueillir le grand public à partir de samedi.

La Fiat 500 L diesel est une des voitures soupçonnées de dépasser les normes d'émissions polluantes européennes. Photo: Fiat-Chrysler