Le portail internet russe Mail.ru a lancé lundi un service de covoiturage, BeepCar.

Disponible en Russie via une application pour mobiles et un site internet, BeepCar met en relation des automobilistes et des voyageurs souhaitant réaliser des trajets similaires et partager les coûts.

Il ressemble au service de covoiturage québécois AmigoExpress. Le service BeepCar, qui vise les trajets entre villes, propose un prix que le chauffeur peut modifier.

Contrôlé par le milliardaire Alicher Ousmanov, Mail.ru, à l'origine un système de courrier électronique, ne cesse de se diversifier, contrôlant le premier réseau social russe VKontakte et multipliant les initiatives dans le mobile et les jeux video.

Photo : SHERP, via saisie d'écran YouTube.

Peut-être que des propriétaires de véhicules tout-terrain russes SHERP accepteront des covoiturages vraiment extrême.

Énorme potentiel

«Il existe un énorme potentiel en Russie pour développer l'économie de partage. Étant donné la taille de notre pays et l'état de notre système de transport, le covoiturage est le segment le plus nécessaire et le plus important de ce modèle économique», a expliqué Anna Artamonova, vice-présidente de Mail.ru, citée dans un communiqué.

Selon elle, BeepCar a «toutes le chances de se tailler une bonne part du gâteau» du marché des transports entre les villes, évalué à 300 milliards de roubles par an, soit 4,7 milliards d'euros au taux actuel.

Mail.ru estime que son service BeepCar peut concurrencer les trains et les autocars car l'automobile constitue selon ses recherches le moyen de transport considéré comme le plus confortable par les Russes. La société souligne aussi que le covoiturage peut résoudre les problèmes liés à la difficulté d'accéder à certaines villes russes par les transports en commun.

«Mail.ru a des chances de gagner une part du gâteau de ce jeune marché en plein développement» avec BeepCar, ont estimé les analystes de la banque VTB Capital. «Le principal concurrent de BeepCar sera Blablacar», ont-ils ajouté.

Les Russes considèrent que l'automobile est plus confortable que les transports en commun. Photo: Wikipédia

Pour concurrencer les français

Blablacar, un service français implanté en Russie depuis 2014, a obtenu une forte croissance malgré la crise économique frappant le pays depuis deux ans.

«Depuis notre lancement en Russie, nous y connaissons une activité phénoménale, au-delà de nos attentes. Le concept plaît, il existait une attente, il y avait peu de concurrence», assurait en novembre le directeur général de Blablacar Nicolas Brusson, dans un entretien au quotidien français Les Échos.

Il prévoyait alors que la Russie dépasserait en 2017 la France comme premier marché de la société.

Les ménages russes restent sous-équipés en automobile par rapport aux autres pays européens et se serrent la ceinture à cause de la crise économique qui a plombé leur pouvoir d'achat.

Peut-être qu'il embarque des passagers en covoiturage dans cette Lada Vesta. Photo: AFP

Mme Artamonova a indiqué au journal Izvestia que BeepCar resterait gratuit pour l'instant mais que Mail.ru réfléchirait à l'avenir «aux moyens de monétiser» le service BeepCar, soit par la publicité, soit par des commissions.

En Russie, Blablacar a introduit l'an dernier des frais pour les passagers atteignant 20% du prix du trajet, le service restant gratuit pour les chauffeurs. 

Au Québec, AmigoExpress charge un frais fixe de 5 $ par réservation.

Une Lada Niva. Photo: Wikipédia