La SAAQ a proposé 15 thèmes de discussion lors des consultations publiques sur la sécurité routière. Voici un bref état de la situation et des pistes de réflexion proposées pour certains des thèmes le plus souvent abordés en audiences depuis le 3 février.

Aménagement, signalisation et entretien des infrastructures routières

Une analyse des accidents de la route causant des blessures et des pertes de vie révèle que 53 % de ceux-ci, entre 2011 et 2015, se sont produits à une intersection ou près d'une intersection, et que 26 % surviennent la nuit. Dans 21 % des cas, le véhicule en cause a quitté la chaussée. Les accidents sur chaussées enneigées représentent 17 % des accidents mortels ou avec blessés. Une proportion importante de ces deux types d'accidents survient sur une autoroute ou en milieu rural. Enfin, 4 % des accidents mortels ou avec blessés sont le résultat d'une collision frontale. Dans deux cas sur trois, ces collisions se produisent sur une route rurale.

PISTES DE RÉFLEXION

La conduite automobile est une tâche plus complexe qu'il n'y paraît. Les erreurs de conduite sont nombreuses, et la négligence n'est pas en cause la plupart du temps. Des recherches menées ailleurs dans le monde démontrent que l'aménagement des routes peut prévenir des accidents graves. Un peu partout, les autorités tendent à dégager les abords des routes pour prévenir les collisions avec des arbres et des lampadaires. Au Québec, l'aménagement des carrefours giratoires est favorisé à certaines intersections jugées à risque. Devrait-on en construire plus ? Comment informer les automobilistes des conditions de circulation pour qu'ils adaptent leur conduite en fonction de la météo, de la présence de chantiers, etc. ?

Vitesse au volant

La vitesse est une des principales causes d'accidents au Québec. Entre 2011 et 2015, elle a été mise en cause dans des accidents ayant causé 138 morts (plus du tiers du bilan annuel), 515 blessures graves et près de 7000 blessés légers, et ce, chaque année. Plus de 600 000 infractions pour excès de vitesse avec points d'inaptitude sont signifiées chaque année au Québec, dont 44 000 pour de grands excès de vitesse - en plus des dizaines de milliers de constats par radars photo.

PISTES DE RÉFLEXION

Des études ont démontré que si chaque conducteur réduisait sa vitesse de 5 km/h, on pourrait compter jusqu'à 15 % moins d'accidents avec morts et blessés. De plus en plus de villes réduisent les limites de vitesse dans leurs quartiers. Des expériences européennes de « rues partagées » avec les piétons et cyclistes, où les automobilistes circulent à un maximum de 20 km/h, inspirent certains groupes à explorer cette avenue. Depuis leur introduction au Québec, les radars photo ont permis de réduire la vitesse et d'améliorer le bilan routier aux endroits où ils sont implantés. Faut-il étendre encore leur utilisation, comme en France, où on en compte 4000 sur le réseau routier ?

Distractions au volant, téléphone cellulaire

La distraction au volant est l'une des principales causes d'accidents de la route au Québec. En moyenne, chaque année, elle est mise en cause dans les accidents causant 124 morts et 686 blessés graves, en plus de 18 732 blessés légers. Une des principales sources de distraction est l'utilisation du téléphone cellulaire, pour parler ou texter. Depuis 2008, l'utilisation des cellulaires au volant au Québec est passible d'une amende de 80 à 100 $ et vaut quatre points d'inaptitude aux conducteurs. En huit ans, plus de 419 000 constats d'infraction ont été remis relativement à cette offense.

PISTES DE RÉFLEXION

L'interdiction de tenir un cellulaire en main ou de texter quand on est au volant est de mise partout au Canada, mais les lois peuvent varier d'une province à l'autre quant à l'utilisation de dispositifs mains libres. En Nouvelle-Écosse, les amendes augmentent avec les récidives. Il en coûte 234 $ pour une première infraction, 349 $ pour une deuxième et 579 $ pour une troisième ou plus. Récemment, un coroner québécois a recommandé de hausser la pénalité à 9 points d'inaptitude pour usage du cellulaire au volant. Faut-il aller dans cette direction ?

Alcool au volant

L'alcool au volant est toujours une des principales causes de mort sur les routes au Québec. Entre 2010 et 2014, l'alcool a été mis en cause dans les cas de 140 morts et 340 blessés graves, soit un tiers des pertes de vie et 18 % des blessés graves. C'est une amélioration par rapport aux années 80, où on déplorait jusqu'à 800 morts par année liées à l'alcool. Chaque année, on signale tout de même encore entre 12 000 et 14 000 infractions au Québec pour la conduite avec facultés affaiblies. Dans quatre cas sur cinq (81 %) en moyenne, les personnes arrêtées en sont à une première offense.

PISTES DE RÉFLEXION

La plupart des pays européens prévoient des sanctions à partir d'un taux d'alcoolémie de 0,05. Toutes les provinces canadiennes, à l'exception du Québec, prévoient maintenant des sanctions administratives immédiates (saisie du véhicule, suspension sans délai du permis de conduire) aux chauffeurs qui enregistrent un taux d'alcool entre 0,05 et 0,08, qui est la limite établie par le Code criminel. Le Québec devrait-il les imiter ?

Véhicules lourds

Les camions représentent seulement 3,6 % des véhicules du parc automobile au Québec. Au moins un camion était toutefois impliqué dans 21,6 % des morts sur la route survenues entre 2010 et 2015. Une analyse des accidents mortels impliquant les véhicules lourds démontre, par ailleurs, que les conducteurs des camions sont responsables des accidents dans à peine plus d'un cas sur trois (33,8 %). Dans les cas où ils sont responsables, les principales causes des accidents sont la méthode de travail, l'inattention, le fait de ne pas céder le passage, une conduite imprudente inadaptée aux conditions de la route ou la fatigue.

PISTES DE RÉFLEXION

En raison de leur longueur et de leur hauteur, les véhicules lourds comportent de nombreux angles morts qui empêchent les conducteurs de bien voir les autres usagers de la route. Selon la SAAQ, la situation est plus préoccupante aux intersections en milieu urbain. Des accidents récents ont amené des organismes à exiger que tous les camions soient équipés de jupettes latérales afin d'éviter que des vélos ne soient « aspirés » sous les roues. À Polytechnique Montréal, des chercheurs ont suggéré que des camions soient munis de rétroviseurs semblables à ceux des autobus scolaires, installés au bout du capot, pour réduire les angles morts.

Autres thèmes abordés

• Fatigue au volant

• Drogues au volant

• Ceinture de sécurité et sièges d'auto pour enfants

• Santé des conducteurs

• Sécurité des véhicules

• Contributions d'assurance

• Jeunes conducteurs

• Motocyclistes