La lutte sans merci entre les pays de l'OPEP et les États-Unis a un effet insoupçonné pour les automobilistes canadiens: leur facture d'essence pourrait diminuer durant les vacances d'été. Voici pourquoi.

Depuis janvier, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et certains de ses partenaires, comme la Russie, se sont entendus afin de limiter leur production de pétrole. Une stratégie qui a été prolongée de neuf mois la semaine dernière alors que le cartel se rencontrait à Vienne, afin de discuter de la suite des choses.

Au Canada et aux États-Unis, c'est tout le contraire qui se produit: les pétrolières pompent à fond. «Ce printemps, les raffineries nord-américaines ont fait des réserves en prévision d'une demande record anticipée, mais elle ne s'est jamais concrétisée, probablement en raison de véhicules moins énergivores sur les routes. Ça exerce une pression à la baisse sur les prix», explique John Kiemele, vice-président de la firme de consultation pétrolière En-Pro, à Oshawa.

Cette consommation réduite est provoquée par des véhicules moins gourmands, mais aussi par des automobilistes qui parcourent de moins grandes distances. Ça engendre des surplus, notamment aux États-Unis, où le président Trump a dévoilé son intention de liquider la moitié des réserves fédérales entre 2018 et 2027. Même si elle demeure somme toute mineure et qu'elle nécessite l'approbation du Congrès, une telle manoeuvre tirerait elle aussi le prix des carburants vers le bas.

Une production difficile à réduire

Du côté de l'OPEP, quelques pays se sont par ailleurs montrés incapables de respecter les quotas de production, ce qui laisse plus d'un expert sceptique quant à la suite des choses. «Reste à voir à quel point [ces limites] sont crédibles. Par exemple, l'Irak n'a pas respecté l'entente initiale cinq mois sur six», a averti Carsten Fritsch, analyste pour Commerzbank, dans une note publiée la semaine dernière.

Bref, pour que les prix repartent à la hausse, il faudrait non seulement que ces pays rentrent dans le rang de l'OPEP, mais il faudrait aussi ralentir la production en Amérique du Nord, ce qui n'est pas près de survenir, croit M. Kiemele. «Ça voudrait dire produire moins de diesel aussi, un produit plus lucratif qui s'exporte bien. Les chances sont donc minces que ça se produise au moins avant la fin de l'été», conclut-il.

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Trucs et astuces pour économiser

Savoir quand faire le plein

Existe-t-il un bon moment dans la semaine pour faire le plein? À l'époque où les chèques de paie étaient encaissés les jeudis, deux choses étaient certaines: le jeudi, il y avait foule à l'épicerie et les stations d'essence montaient leurs prix. Selon le site GasBuddy, ce n'est peut-être plus le cas, mais le début de la semaine demeure le meilleur moment pour faire le plein au meilleur prix. Ces trois dernières années, le site a compilé des statistiques récupérées à la grandeur du marché américain, et voici son constat : dans la plupart des cas, vous paierez moins cher à la pompe le lundi. GasBuddy conclut que les gens qui portent plus attention à l'évolution du prix de l'essence au courant de la semaine peuvent épargner l'équivalent de 435 $ par an.

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Comment ménager l'essence

Réduire sa consommation de carburant n'est pas toujours sorcier. Le ministère des Ressources naturelles a même quelques judicieux conseils à prodiguer. Un de ceux-là: défaire les supports de toit lorsqu'ils sont inutilisés et décharger le véhicule de tout surpoids, dans le coffre ou l'habitacle. Depuis quelques années, tous les véhicules neufs sont dotés d'un indicateur de consommation qui peut être affiché dans la console ou derrière le volant. Consultez-le régulièrement, ça pourrait aussi vous aider à réduire votre consommation. Éteindre son moteur à l'arrêt a aussi ses vertus: une voiture immobile consomme entre 9 et 10 litres d'essence l'heure même si elle ne bouge pas.

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Un téléphone vraiment intelligent

Les automobilistes qui se fient à une application de navigation capable de leur fournir des données sur la congestion routière ne font pas que gagner du temps. Ils économisent aussi du carburant. L'application Waze, par exemple, estime qu'elle permet à ses utilisateurs dans certaines grandes villes nord-américaines de réduire d'environ 18% leur temps de transport quotidien. Du temps passé au ralenti, ou à accélérer puis freiner, accélérer puis freiner, etc. Ça se traduit par une facture d'essence moins élevée à la fin du mois... mais ça ne fait pas l'affaire de tout le monde: les détours proposés par des applications comme Waze accroissent parfois la circulation dans des quartiers résidentiels qui n'aiment pas voir autant de véhicules emprunter leurs rues.