Des touristes qui débarquent au Canada et qui louent une voiture pour ces quelques jours passés chez nous, ce n'est pas nouveau. Des gens qui leur prêtent leur voiture en échange de quelques dollars, ça, c'est plus récent. Surtout si cette voiture est une Ferrari de collection!

Quand il s'est fait offrir un emploi à l'extérieur de Montréal, Éric Daoust, qui habite près du marché Jean-Talon, dans Villeray, a dû se résigner à s'acheter une automobile. Puis, après un nouveau changement de boulot qui lui permettait de faire le trajet en autobus, il s'est retrouvé avec une Toyota Prius fort économique en carburant, mais complètement inutile.

Un revenu d'appoint

Au printemps 2016, il s'est donc inscrit au service web Turo, qui propose de louer son véhicule à des particuliers, à la manière d'un Airbnb sur quatre roues. «Je me suis dit qu'au lieu de la laisser rouiller en bordure du trottoir, au moins elle servirait à quelque chose», raconte le Montréalais.

Un an plus tard, avec 5000 dollars de plus en poche, il ne regrette pas son choix. «En plus, je n'ai jamais tenu ma voiture aussi propre que depuis que son état est évalué sur le site!», rigole-t-il.

Car à la manière des Airbnb, Yelp et autres services en ligne, Turo repose sur l'effet de groupe pour assurer la qualité de son service. 

Pour les pannes et les accidents, l'entreprise de 110 employés, fondée à San Francisco en 2009, s'occupe des dommages. Turo offre quatre niveaux d'assurance, qui font varier la portion du montant de la location qu'elle s'attribue en conséquence de 10 à 35% du total.

Une formule qui semble bien fonctionner, pour Éric Daoust, à tout le moins. «Je fais confiance au service pour fixer le prix de la location. En général, les gens empruntent ma voiture pour une ou deux jours, la fin de semaine surtout, mais je l'ai déjà cédée pour une quinzaine de journées. La plupart des utilisateurs sont des touristes français ou européens.»

Un essai routier de luxe

Brett Maragno et sa femme ont toujours eu de grandes berlines américaines très confortables. Leur dernière voiture était une Lincoln MKS. Puis ils ont vu une Tesla Model S dans la rue et, curieux, ont contacté la succursale près de Toronto afin d'en faire l'essai. Mais c'était trop court à leur goût.

Après quelques recherches sur l'internet, ils sont tombés sur David, un dentiste de Toronto prêt à leur prêter sa Tesla, moyennant un peu moins de 200 $ par jour. Comme pour environ 3000 autres propriétaires, son véhicule est affiché sur le site de Turo.

En Ontario, comme au Québec et en Alberta, où Turo est en activité depuis le printemps 2016, la formule fait mouche: en un an, 140 000 personnes auraient utilisé Turo pour emprunter un véhicule, selon l'entreprise.

La plus récente tendance sur Turo: s'offrir une voiture de luxe, comme une Porsche ou une Rolls-Royce, pour quelques jours. On y trouve d'ailleurs de tout, d'une Porsche Panamera à 150 $ par jour à une Ferrari 348 Spider 1995 à 210 $ par jour.

À ce prix, il faut s'attendre à ce que tout ne soit pas toujours parfait. Pas tout à fait la bonne mécanique, l'année-modèle pas exacte, etc. Ce sont de petits détails qui font dire aux habitués que ceux qui cherchent un modèle bien précis auraient intérêt à bien s'informer avant de louer.

Acheter plus gros, payer moins cher

«Moi aussi, c'était devenu ma façon de conduire une voiture de luxe quand je le voulais», explique M. Maragno, qui a emprunté la même Tesla à différentes reprises. Le couple s'est d'ailleurs promis que son prochain véhicule serait électrique, et a ensuite fait une réservation pour une Model 3, la berline compacte que Tesla compte lancer aux États-Unis en 2018, et au Canada probablement en 2019.

Impatient, Brett Maragno a finalement changé d'idée, et opté pour une Model S un peu plus coûteuse, mais qui lui sera livrée bien plus rapidement. Pour réduire les mensualités de son nouveau jouet, il a songé à s'inscrire à Turo à son tour, afin d'offrir son véhicule en location, mais a finalement changé d'idée.

«Ce n'est tout simplement pas pour moi, dit-il. Je ne voudrais pas qu'il arrive quoi que ce soit à ma voiture.» En effet, car même si les pépins sont couverts par une assurance, rien ne dit qu'il ne faudra pas se passer de sa voiture un peu plus longtemps, le temps des réparations.

Mais vu l'effet d'Airbnb sur la location de logements partout sur la planète, il n'est pas étonnant que la même formule connaisse sa part de succès du côté de l'automobile...