Le rôle central de la production automobile dans la stratégie politique de Donald Trump et la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) laissent planer l'incertitude concernant l'industrie automobile du Canada, du Mexique et des États-Unis. Les experts se perdent en conjectures, mais semblent pencher vers un ou l'autre des deux scénarios suivants.

Scénario 1 : Avec l'effet Trump

Votre prochaine voiture coûtera plus cher

Avec le Brexit européen, Honda a déjà prévu que ses coûts de production là-bas allaient augmenter de 4 %. Peu importe la forme d'un « ALENA 2.0 », tout changement risque d'entraîner des coûts, et donc des prix de détail plus élevés, avertit Dennis DesRosiers, analyste canadien de l'industrie automobile. « Ici, il n'est pas rare qu'une pièce traverse les frontières plusieurs fois avant l'assemblage final. » Une hausse des taxes aurait un effet multiplicateur...

Votre prochaine voiture consommera davantage

On compte plusieurs dizaines de normes forçant les constructeurs à respecter certains critères sur la sécurité, la pollution et la consommation de carburant. Trump a promis que pour chaque nouvelle norme mise en place, il en éliminerait deux plus anciennes. Voulant plaire à l'industrie en favorisant le développement de voitures autonomes, il pourrait laisser tomber les normes limitant la consommation et les émissions polluantes, qui embêtent tant les constructeurs.

Votre prochaine voiture sera assemblée aux États-Unis

Au Canada, on a pris l'habitude de parler de GM, Ford et Chrysler comme de constructeurs « intérieurs », mais le plus gros constructeur canadien, en 2017, se nomme Toyota. Aux États-Unis aussi, l'investissement et l'emploi provenant des constructeurs étrangers comptent pour beaucoup. Des usines hautement robotisées établies aux États-Unis pourraient faire baisser les coûts de production suffisamment pour absorber d'éventuelles nouvelles taxes sur les échanges internationaux...

Scénario 2 : Sans l'effet Trump

Votre prochaine voiture coûtera moins cher

« Il y a beaucoup de potentiel pour que les négociations aient un effet positif sur l'industrie », note Stephen Beatty, vice-président de Toyota Canada. À condition qu'on regarde vers l'avenir, ce qui, dit-il, demeure incertain. Créer un cadre réglementaire qui faciliterait l'intégration des services d'autopartage et d'autres technologies à venir, comme le sans-fil de prochaine génération et les mégadonnées, aiderait à produire des véhicules qui pourraient coûter moins cher.

Votre prochaine voiture sera plus sûre

Pas seulement sur la route, mais sur l'internet également. « L'industrie gagnerait à créer une plateforme pour gérer les données des futures voitures connectées », ajoute M. Beatty. Celle-ci pourrait harmoniser la façon dont ces données sur la vie privée des automobilistes sont collectées puis gérées. Harmoniser les normes de sécurité routière entre le Mexique, le Canada et les États-Unis serait également un atout.