Les catastrophes météorologiques des dernières semaines ont provoqué d'énormes dégâts matériels et financiers aux États-Unis, et leur impact pourrait bien se faire sentir jusqu'au Québec. Dans l'industrie automobile, du moins.

Maintenant que Harvey et Irma sont choses du passé, l'industrie automobile, comme d'autres d'ailleurs, dépêchera des cargaisons de nouveaux produits au Texas et en Floride, notamment, où les dommages se comptent en dizaines de milliards de dollars. Outre les nombreux logements détruits et les autres biens personnels perdus, de nombreux véhicules submergés ou endommagés font rapidement monter la valeur des dommages.

Ça se poursuivra pour quelques mois encore. Déjà, les assureurs disent avoir reçu plus d'une centaine de milliers de réclamations, sur un parc automobile de 20 millions de véhicules enregistrés au Texas seulement. Le quart de tous ces véhicules orbite autour de Houston, où les inondations ont été les plus fortes.

Plus de 100 000 réclamations automobiles ont été reçues par les assureurs, jusqu'à présent. Ce chiffre devrait atteindre 500 000, selon l'Insurance Council of Texas. Photo: AP

Beaucoup de pick-ups au Texas

En ajoutant les réclamations qui prendront un peu plus de temps à être remplies dans cet État, puis les autres qui seront effectuées en Floride, les analystes estiment que l'industrie automobile aura du pain sur la planche au fil des prochains mois.

Ce n'est rien de bien nouveau : historiquement, les ventes de véhicules neufs connaissent un regain prononcé immédiatement après un désastre naturel comme les ouragans Harvey et Irma

« Beaucoup de gens vont devoir remplacer leur véhicule en raison des tempêtes et inondations », explique Luc Arbour, expert en marketing automobile pour l'agence Bleublancrouge, à Montréal.

Selon lui, certains types de véhicules seront plus touchés que d'autres. Les camionnettes, notamment, seront en forte demande, puisque c'est le modèle de prédilection d'une majorité d'automobilistes texans et floridiens. « Il y aura donc une demande accrue au cours des prochains mois pour ce type de véhicules », prévient-il.

Sept hommes poussent un pick-up en panne dans une rue inondée de Houston le 27 août 2017. Photo: AP

Un effet sur les prix au Québec ?

Les ventes d'automobiles tournent au ralenti en Amérique du Nord depuis quelques mois. L'industrie profitera sans doute d'un sursaut soudain de la demande pour liquider son excès de stock, ce qui pourrait se traduire par une moins grande disponibilité de certains modèles de véhicules plus prisés chez nos voisins du sud.

Si ces derniers achètent de nouveaux véhicules en masse, ça pourrait inciter les constructeurs à lever le pied et à mettre fin aux promotions et autres rabais offerts ces derniers temps pour attirer les acheteurs. En d'autres mots, même les acheteurs canadiens et québécois espérant mettre la main sur un véhicule neuf pourraient sentir l'effet de Harvey et d'Irma, au cours des prochains mois.

« Si certains manufacturiers n'ont pas de flexibilité ou la capacité d'augmenter leur production, il y aura vraisemblablement une pénurie quelque part. Il semble certain que les commerçants ne mettront pas en place des programmes de vente ou de financement agressifs s'ils n'ont pas les véhicules pour suffire à la demande. Il se pourrait donc que leurs programmes de financement soient moins intéressants pour les consommateurs », explique M. Arbour.

Contrairement à ce qu'on a vu dès les premiers jours de tempête du côté du prix du carburant, l'expert montréalais ne voit pas d'effet direct de hausse dans les prix des véhicules neufs. En fait, vu que les automobilistes du sud des États-Unis ont des goûts aux antipodes de leurs homologues québécois, l'effet pourrait être moindre, nuance-t-il.

Les petits VUS et les berlines compactes qui connaissent beaucoup de succès chez nous sont très peu populaires chez l'Oncle Sam, où, au-delà des camionnettes, ce sont les VUS de plus grand format et les grosses berlines qui ont la cote. « Rien qui indique que le Québec soit plus affecté qu'ailleurs » par une possible hausse des prix. « Nous ne sommes pas les plus gros acheteurs de camionnettes », conclut M. Arbour.

Voitures et commerces étaient inondés près du réservoir Addicks, le 29 août dernier. Photo: AP