Certaines villes réussissent mieux que d'autres à freiner la multiplication des bouchons. En voici quatre, toutes en Europe.

Stockholm

La capitale de la Suède a pris un pari risqué en 2006 en mettant à l'essai un péage urbain autour de son centre-ville. Risqué, parce que seulement 15 % des automobilistes appuyaient la mesure au départ.

 

Il s'agit d'un cordon ceinturant le coeur de la ville. Chaque passage coûte entre 10 et 20 couronnes suédoises (1,50 $ à 3 $) selon l'heure de la journée. Pas besoin d'arrêter à un poste de péage : un appareil photographie la plaque des voitures, puis une facture mensuelle est envoyée. 

Testée pendant quelques mois sur les routes de Stockholm, la mesure a ensuite été soumise à un référendum... Pas moins des deux tiers de la population ont appuyé le péage urbain, qui est devenu permanent depuis. Il faut dire que la mesure avait eu un effet important, en réduisant de 20 % la congestion. Même les automobilistes qui utilisent les routes aujourd'hui tarifées sur une base quotidienne appuient le péage.

Signe encourageant, l'effet positif du cordon sur la congestion s'est maintenu dans le temps. En 2013, le volume de voitures était de 22 % inférieur à celui d'avant l'introduction du péage.

Stockholm est l'une des rares villes à avoir amélioré son résultat de façon durable dans le TomTom Traffic Index, qui mesure le temps perdu dans la congestion partout dans le monde.

Et parmi les bienfaits marginaux de la réduction de la congestion, une récente étude a démontré une diminution des problèmes respiratoires chez les enfants.

Grâce au péage, en 2013, le volume de voitures à Stockholm avait baissé de 22 % par rapport à 2006. Photo : NYT

Lyon

Principal mode de transport à Lyon il y a 20 ans, la voiture fait de plus en plus place aux autres modes de transport. Pour y arriver, la ville s'est dotée en 1997 d'un plan de déplacements urbains.

 

Tous les cinq ans, un bilan est réalisé pour mesurer l'avancement des chantiers... et leur efficacité. À l'époque, on souhaitait freiner la croissance des déplacements en voiture. Mission accomplie.

La baisse de la part de l'automobile s'explique en grande partie par la baisse des déplacements en voiture vers le centre de l'agglomération. À peine le quart des déplacements vers le coeur de Lyon se fait aujourd'hui en voiture. Et encore, la moitié de ces déplacements sont effectués par des résidants du centre.

Malgré ces améliorations, les routes de Lyon demeurent grandement congestionnées. L'agglomération entend donc pousser plus loin et réduire davantage encore la place de l'automobile, pour qu'elle ne représente plus que le tiers des déplacements. Pour y arriver, une révision du plan de déplacements est en cours.

Part des déplacements à Lyon*

Automobile :

en 2015 : 43,9 %

cible 2030 : 35 %

Transport en commun :

en 2015 : 19,8 %

cible 2030 : 22 %

Marche :

en 2015 : 34,1 %

cible 2030 : 35 %

Vélo : 

en 2015 : 2,2 %

cible 2030 : 8 %

*Objectifs du plan de déplacements urbains 2017-2030

Malgré la baisse de la part de l'automobile dans les déplacements urbains, les routes de Lyon demeurent grandement congestionnées. Photo: AFP

Londres

La capitale britannique a été l'une des premières villes à implanter un péage urbain. Et celui-ci demeure l'un des plus étendus à ce jour. Les automobilistes doivent payer 11,50 £ par jour (19 $) pour accéder au centre-ville entre 7 h et 18 h, du lundi au vendredi.

 

Mais après une baisse de la congestion pendant plusieurs années, le volume de voitures en ville a toutefois recommencé à augmenter. En quelques années à peine, il est même devenu pire qu'avant la mise en place du péage urbain.

Un groupe d'élus de tous les horizons politiques a d'ailleurs lancé un pavé dans la mare en début de 2017 en réclamant une refonte complète du péage urbain. Plutôt qu'un prix unique pour entrer au centre de Londres, ces parlementaires ont suggéré de moduler la tarification en fonction de l'heure, mais aussi du temps passé dans la zone. Les élus ont aussi réclamé que les automobilistes paient pour circuler dans l'ensemble des routes de la ville et non pas dans le centre uniquement. 

En réponse, le maire Sadiq Khan a proposé une modernisation du plan de transport. L'objectif annoncé est de faire en sorte que 80 % des déplacements se fassent à pied, en vélo ou en transports en commun d'ici 2041. Pour y arriver, son administration compte améliorer la fréquence et la ponctualité des autobus afin de les rendre plus attirants. Londres envisage d'étendre à l'ensemble de son territoire son péage urbain. Il est aussi question de réduire l'espace consacré au stationnement des voitures.

Le plan de transport modernisé de Londres, proposé par la présente administration, a pour objectif de faire en sorte que 80 % des déplacements se fassent à pied, en vélo ou en transports en commun d'ici 2041. Photo: Reuters

Barcelone

Connue comme étant la ville la plus congestionnée d'Espagne, Barcelone a décidé en 2016 de prendre un virage radical pour réduire la congestion : diminuer le nombre de rues ouvertes aux voitures.

 

La ville a entrepris de créer des « super-quadrilatères » à l'intérieur desquels la circulation des véhicules à moteur est sévèrement limitée. Les voitures doivent rouler à 10 km/h et ne peuvent traverser le quadrilatère, des obstacles les forçant à retourner sur les artères principales. Le plan ressemble en quelque sorte à ce qu'a fait l'arrondissement du Plateau, mais en plus musclé. À terme, le plan prévoit que 60 % des rues de Barcelone seront partagées et permettront l'aménagement d'espaces citoyens. Les voitures devront se contenter de circuler sur des axes principaux, où d'importantes pistes cyclables seront aussi aménagées et les transports en commun améliorés. Barcelone prévoit au passage une baisse de 21 % de la congestion.

À terme, la stratégie de transport de Barcelone prévoit que les automobilistes devront se contenter de circuler sur des axes principaux. D'importantes pistes cyclables seront aménagées et les transports en commun seront améliorés. Photo : AFP

Comparez Montréal aux autres grandes villes

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