Trumpchi. On dirait le pire nom imaginable pour une auto. En français, il combine le nom d'un président controversé souvent décrit comme vulgaire; et la conjugaison accidentelle et bien malheureuse d'un verbe pas très chic non plus.

Même si la prononciation anglaise de Trumpchi n'a pas le même inconvénient, le constructeur automobile chinois GAC Motors hésite à utiliser ce nom en Amérique du Nord.

Son problème est devenu pressant vendredi dernier, quand GAC a annoncé officiellement son intention d'exporter aux États-Unis plusieurs modèles Trumpchi dès l'automne 2019.

Bonne réputation en Chine

En Chine, la marque Trumpchi a acquis une bonne réputation depuis son lancement il y a sept ans et obtient des scores de fiabilité J.D. Power supérieurs à ceux des autres marques chinoises; et son VUS GS8 et sa fourgonnette GM8 se défendraient peut-être en Amérique du Nord, note le New York Times dans un article récent.

Pour les Chinois, Trumpchi a une sonorité plaisante, qui ressemble à un verbe mandarin signifiant à peu près «transmettre de bons voeux», selon l'agence Bloomberg.

Le fait que «Trump» soit la première syllabe de Trumpchi est une pure coïncidence, dit la compagnie.

Quand Donald Trump a été élu président, la direction de GAC --un compagnie appartenant à l'État chinois-- pensait que c'était plutôt bien d'avoir une marque au son présidentiel quand on veut se lancer aux États-Unis. Après tout, dans une super-dictature comme la Chine, lancer un coupé sport Mao-Mobile ou un campeur Xi Jingping doit être une excellente idée.

Mais quelqu'un a dû s'abonner à un journal au siège social de GAC Motors : déjà, en avril dernier, CNN rapportait que les cadres commençaient à avoir de gros doutes.

Le VUS Trumpchi GS4 au Salon de l'auto de Pékin 2016. Photo: AFP

Pas d'Obama-Mobile aux États

Depuis ce temps, la direction de GAC a compris que Donald Trump ne fait pas l'unanimité chez lui et a engagé un ancien cadre de Lexus comme consultant, qui a trouvé une façon habile de déconseiller Trumpchi sans choquer les Trumpistes : «Il n'y a pas d'Obama-mobile ici, pas de Clinton Car, c'est une question de culture. Le nom de marque Trumpchi serait confondant pour le public américain», a dit Robert Maling Jr, cité par le New York Times.

Imaginez pour le public de partout ailleurs...

GAC doit présenter des modèles aux Salons de l'auto de Los Angeles la semaine prochaine ou de Détroit, en janvier, et parions sur une annonce que les Trumpchi auront un autre nom de ce côté-ci du Pacifique.

C'est presque dommage : avec la sonorité doublement problématique de Trumpchi, il aurait été amusant d'assister à l'accueil de cette marque dans les pays francophones. 

Les noms Buick Lacrosse, en 2009, puis Audi E-tron, puis Bugatti Chiron, ont tous fait sourire ici en raison de deuxièmes sens imprévus dans la langue d'origne.

Dans le cas de la marque Trumpchi, par ailleurs, tout le monde n'aurait pas été d'accord pour dire laquelle des deux syllabes était la plus mal avisée. Ou la plus vulgaire.

Le président Donald Trump. Photo: AFP