Le gouvernement allemand a minimisé mercredi la portée de sa propre proposition de gratuité des transports en commun afin de réduire la pollution.

Cette proposition avait été à l'origine formulée en réponse à une menace de poursuites de l'Union Européenne pour non-respect des normes anti-pollution dans les grandes villes allemandes.

Rien de concret, aucun financement prévu

Les porte-paroles de la chancellerie et du ministère de l'Environnement ont souligné qu'il n'y avait ni projet concret, ni ville volontaire à l'heure actuelle, après la diffusion mardi dans la presse de cette proposition et d'autres, formulées dans un courrier à l'EU du 11 février.

«Nous n'avons nommé aucune commune (NDLR : agglomération urbaine) qui veut introduire une telle offre gratuite. C'est aux communes elles-mêmes de décider si elles veulent essayer», a expliqué le porte-parole du ministère de l'Environnement, Stephan Gabriel Haufe.

Pourtant, dans une lettre à la Commission européenne, dont l'AFP a eu copie mardi, la gratuité des transports en commun nommait cinq villes du pays, dont l'ancienne capitale Bonn (300 000 habitants environ) et Essen, métropole industrielle de la Ruhr qui compte près de 600 000 habitants.

«Si les communes veulent la gratuité des transports en commun urbains, elles viendront nous voir et nous verrons si c'est faisable», a nuancé mercredi le porte-parole gouvernemental.

De son côté, Steffen Seibert, le porte-parole d'Angela Merkel, a souligné que le gouvernement n'avait à l'heure actuelle pas à proposer de mesures qui devront concrètement être mises en oeuvre.

Les automobilistes roulant sur l'Autobahn peuvent encore rouler à des vitesses élevées bien que l'UÉ ait demandé dès 2007 de réduire les vitesses autorisées pour combattre le réchauffement climatique. Photo: AP

Proposition sans aucune intention

Selon lui, Berlin n'avait que l'obligation d'adresser une liste de propositions à la Commission européenne pour tenter de la convaincre de ne pas saisir la Cour européenne de justice en représailles du trop fort niveau de pollution dans de nombreuses villes allemandes.

«Dans cette phase il ne doit pas et ne peut y avoir un tel degré de précision. Nous sommes dans un processus de dialogue avec la Commission européenne, la Commission voulait de nous une liste de mesures et c'est ce qu'on a fait», a relevé M. Seibert lors de la même conférence de presse, «avant tout nous voulons maintenant entendre ce que la Commission européenne pense de ces mesures».

Aucun modèle de financement n'est par ailleurs prévu dans l'immédiat.

Par ailleurs, si dans le courrier adressé à Bruxelles, cinq villes pilotes sont nommées, aucune d'entre elles n'a pour le moment prévu d'essayer un système de transports gratuits.

Elles pourraient aussi bien choisir «une autre série de mesures», selon le porte-parole du ministère de l'environnement.

Les «propositions» de Berlin interviennent à un moment où les autorités sont sous pression au sujet du diesel, avec le risque de voir certaines villes interdire les véhicules roulant au diesel pour réduire les émissions polluantes. Le gouvernement et la puissante industrie automobile s'objectent à cette mesure.