Le président Donald Trump affirme que les biens américains --notamment les automobiles-- sont frappés de droits de douane européens inéquitables. Pour autant, les produits en provenance des États-Unis à destination des 28 membres de l'Union européenne sont-ils véritablement lésés?

Le constat

L'Union européenne et les États-Unis sont «globalement ouverts» aux échanges commerciaux réciproques, estiment des sources de la Commission européenne.

«En moyenne, les droits de douanes appliqués par l'UE s'élèvent à 3%. Un niveau très semblable à la moyenne des droits de douanes appliqués par les États-Unis qui sont de 2,4%», ont réagi auprès de l'AFP ces mêmes sources.

Pour 2016, l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) fait état, de son côté, d'un droit de douane américain minimum de 3,48% en moyenne contre 5,16% pour l'Union européenne.

Secteur automobile

Donald Trump a cité l'exemple des voitures dont les exportations américaines vers l'UE sont davantage taxées que les exportations de l'UE vers les États-Unis.

Les taxes européennes sur les importations de voitures en provenance des États-Unis et des pays hors UE s'élèvent en effet à 10% quand les droits de douanes américains sur celles en provenance de l'Union européenne ne s'élèvent qu'à 2,5%.

Toutefois, au sein du secteur automobile, les États-Unis taxent les importations de camions et de pick-up (camionnettes à plateau) à hauteur de 25% alors que les importations de ces mêmes produits au sein de l'Union européenne sont taxés dans une bien moindre mesure, à 14% en moyenne.

Par ailleurs, si Donald Trump a dans son collimateur les constructeurs allemands, ceux-ci jouent un rôle non négligeable dans les exportations américaines à l'instar de BMW.

En juin 2017, BMW estimait que 37,1% de ses voitures vendues aux États-Unis étaient fabriquées dans son usine américaine de Spartanburg (Caroline du sud). Les exportations, vers plus de 140 pays, depuis cette usine, représentaient en outre 10 milliards de dollars en 2016 et près de 288 000 voitures. BMW assure être le plus grand exportateur automobile des États-Unis depuis 2011 sur la base de la valeur des exportations.

Son compatriote Mercedes-Benz a produit en 2017 dans son usine américaine de Tuscaloosa (Alabama) 286 000 véhicules, exportés vers plus de 135 marchés.

De son côté, le PDG du constructeur sino-suédois Volvo, Hakan Samuelsson, a récemment mis en garde: «si notre usine de Caroline du Sud (à Charleston ndlr.) ne pouvait plus exporter, nous réduirions sa taille de moitié. Elle n'emploierait plus 4000 personnes mais seulement 2000».

Tarifs prohibitifs

Environ la moitié des produits échangés ne sont pas taxés de part et d'autre. À l'inverse, quelques produits sont frappés de tarifs très élevés voire prohibitifs.

L'administration Trump n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP. Mais sur la base de données de la Commission européenne, il apparaît que les paquets de cigarettes (n'excédant pas 500 g soit en gros le poids d'une cartouche) en provenance des États-Unis sont taxées à hauteur de 74,90%. D'autres produits notamment du secteur agricole sont soumis à des taxes élevées comme les carottes  (13,60%).

Par le passé, le représentant américain du Commerce (USTR) avait déploré une taxe de 1680 dollars par tonne sur le transport de l'huile d'olives américaine vers l'UE contre 34 dollars par tonne pour l'huile d'olives européenne transportée vers les États-Unis.

Du côté européen, on cite l'exemple des cacahuètes européennes taxées à 164% contre seulement 1,8% en moyenne du côté européen (un maximum de 5,6%); les droits de douanes de 48% sur les chaussures contre 9,7% en moyenne (17% au maximum), de 12% sur les textiles en moyenne contre 7,2% en moyenne (un seul pic à 12%).

«Sélectionner des tarifs particuliers dans une catégorie de produits (comme c'est le cas dans le secteur automobile) sans prendre en compte les niveaux plus faibles de certains autres produits, ne donne pas un tableau précis des droits de douanes en général», ont commenté les sources de la Commission européenne.

Barrières réglementaires

Outre les tarifs douaniers, le président américain a dénoncé dans un tweet les «barrières» européennes, allusion aux barrières non-tarifaires mais réglementaires telles que les restrictions sanitaires et phytosanitaires.

Ces restrictions étaient précisément au coeur de la négociation du traité de libre-échange transatlantique (TTIP) entre les États-Unis et l'UE, entamée en 2013 sous l'ère Obama et qui s'est enlisée avant de s'interrompre avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche.

À l'époque, Washington visait particulièrement l'élimination ou la réduction de ces barrières qui empêchent actuellement l'exportation vers l'Union européenne de produits agricoles américains très contestés tels que les OGM, le boeuf aux hormones ou encore le poulet lavé au chlore.