Selon l'Agence internationale de l'énergie, de 7 à 10 % du parc automobile sera électrifié en 2030. Au Québec, ça se traduirait par moins d'un demi-million de voitures, deux fois moins que la cible souhaitée pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) comme promis. Que faire ? D'autres régions dans le monde ont mis en place des mesures allant au-delà de la simple électrification. En voici cinq.

OREGON  Une taxe sur le kilométrage 

L'État de la côte ouest américaine a été applaudi le mois dernier par le président Trump pour son projet-pilote visant à taxer les automobilistes selon leur kilométrage parcouru sur la voie publique. Le programme accorde par ailleurs un rabais sur la taxe sur l'essence les incitant à consommer moins de carburant.

En moyenne, le département du Transport de l'Oregon estime à 25 % la hausse de taxes imposée aux automobilistes qui ne réduisent pas leur utilisation de l'automobile. La somme collectée aide à financer l'entretien des routes de l'État, ce qui attire tout particulièrement le gouvernement fédéral, qui fait face à un sérieux problème de sous-financement de son infrastructure autoroutière.

BELGIQUE : taxer la cylindrée

La Belgique impose aux automobilistes une taxe à la circulation qui varie, cette année, de 80 à 2000 euros (de 125 à 3200 $), selon le volume de la cylindrée du véhicule. Pour une voiture à quatre ou six cylindres, cette taxe graduée selon des cotes d'émissions polluantes calculées en situation contrôlée se situe entre 300 et 1000 euros (480 et 1600 $), ce qui peut sembler élevé, mais qui serait insuffisant pour compenser les émissions « réelles » de CO2, selon une étude publiée au début mars par l'organisme Green Budget Europe. En ajustant la taxe selon les données réelles, l'étude estime que la Belgique, ainsi que 10 autres pays de l'Union européenne qui ont une taxe similaire, aurait pu récolter 10 milliards d'euros (16 milliards CAN) supplémentaires, des sommes qui auraient aidé à mieux financer des infrastructures de transport moins polluantes, entre autres. Les automobilistes européens peuvent donc s'attendre à ce que cette taxe augmente encore dans les années à venir...

COPENHAGUE : accès en voiture interdit

Plusieurs villes européennes interdisent les automobiles dans certains quartiers ou durant certaines périodes du jour ou de la semaine. Un des meilleurs exemples est Copenhague, qui privilégie depuis de nombreuses années le vélo. Son calcul : cinq kilomètres à vélo représentent un gain de 1,18 $ pour la société, tandis que la même distance en voiture lui « coûte » 0,81 $. À ce jour, environ la moitié des résidants de la capitale danoise enfourchent leur bécane pour se déplacer en ville, une habitude que la ville scandinave de 1,2 million d'habitants compte favoriser afin d'atteindre son objectif d'être carboneutre au plus tard en 2025.

FRIBOURG-EN-BRISGAU : « louer » le stationnement en banlieue

La ville allemande de Fribourg compte sur un solide réseau d'autobus et de pistes cyclables. Pour inciter leur utilisation, Vauban, en banlieue, a pris des mesures afin de réduire l'omniprésence des automobiles dans ses rues. Les résidants désirant garer leur voiture près de leur demeure doivent ainsi payer 28 000 $ pour « louer » un espace en marge de leur quartier, puisque le stationnement dans les rues y est interdit. Ceux qui décident ainsi de délaisser l'utilisation d'un véhicule ont en échange droit à un accès gratuit aux transports en commun, en plus de payer moins cher pour se loger. La limite de vitesse a également été réduite à 30 km/h dans toutes les rues, incluant les artères principales.

HELSINKI : Mobilité sur demande

La capitale de la Finlande a amorcé l'an dernier un plan s'étirant sur 10 ans afin de mettre en place un réseau de transport multimodal si efficace qu'il découragera complètement l'utilisation de l'automobile. Ça commence par une hausse substantielle du prix du stationnement des autos en ville, en vue de l'éliminer complètement, au profit de voitures partagées à la demande éventuellement sans conducteur, de navettes autonomes faisant le pont d'un quartier à l'autre, de vélos en libre-service et d'un réseau d'autobus et de tramways dernier cri. Ces mesures sont à peu près toutes à l'étude ailleurs dans le monde, mais Helsinki souhaite aller plus loin, harmonisant la gestion de tous ces services afin de les rendre accessibles à partir d'une seule et même application pour téléphones intelligents.