Avril est le mois (non officiel) des nids-de-poule partout au Canada. Même si ça semble toujours pire au Québec qu'ailleurs, c'est un problème d'un océan à l'autre.

Aussi bien s'y faire, en découvrant quelques facettes méconnues de ces ennemis des suspensions automobiles.

Quelle est la Ville championne des nids-de poule ?

Non, ce n'est pas Montréal. Si l'on se fie aux statistiques publiées à ce propos par chacune des grandes villes au pays, c'est le réseau routier de Toronto qui représente le plus important gruyère au pays. 

Ainsi, de la fin de l'hiver au printemps 2017, les cols bleus de la Ville Reine disent avoir bouché pas moins de 110 595 nids-de-poule, ce qui représente un record. 

Montréal arrive tout juste après, avec 99 800 colmatages durant la même période. Ottawa, Vancouver et Edmonton sont aussi aux prises avec un nombre croissant de nids-de-poule.

Le problème n'est pas l'asphalte...

En fait, c'est l'eau qui pénètre sous la surface et qui gèle qui est à la source de la formation des nids-de-poule. En gelant, elle provoquerait une expansion des fissures de 9 % en moyenne, un phénomène accéléré par une grande variation des températures quotidiennes.

Cette expansion déforme la chaussée, qui est ensuite effritée par le passage de lourdes charges à sa surface.

Plus le véhicule est lourd, plus le risque de voir apparaître des nids-de-poule est grand, indique la chercheuse Simita Biswas, de l'Université de l'Alberta, qui s'est penchée sur la question.

... c'est peut-être la méthode

Le Québec et l'Ontario se distinguent du reste du pays par leur façon de régler le problème des nids-de-poule, nous apprend Mme Biswas. Dans les deux cas, plus de 40 % des réparations ont lieu durant les six mois les plus froids de l'année, une proportion qui baisse à 10 % dans le reste du pays.

Or, le mélange d'asphalte utilisé pour des réparations « à froid » est reconnu pour être beaucoup moins durable qu'un mélange pour des réparations « à chaud », ce qui explique pourquoi les trous colmatés réapparaissent souvent à peine quelques mois plus tard...

Il existe trois sortes de nids-de-poule

En 2003, John S. Miller et William Yeadon Bellinger, deux chercheurs de l'Université du Colorado, ont voulu définir clairement les termes utilisés pour parler des différents dommages que subissent les routes asphaltées. Nid-de-poule, fissure, ornière, effritement, etc.

Dans la foulée, ils ont séparé les nids-de-poule en trois catégories : ceux faisant moins de 2,5 cm de profondeur sont qualifiés de peu importants, ceux entre 2,5 et 5 cm sont d'importance modérée, et ceux de 5 cm ou plus sont hautement importants (et sont évidemment ceux qu'on remarque le plus).

Combien ça coûte ?

On ne connaît pas le coût total des dommages provoqués par les nids-de-poule au Canada. Il y a quelques années, la Ville de Toronto a estimé à 17 $ le coût de réparation moyen d'un seul nid-de-poule.

Du côté des automobilistes, le CAA estime qu'il en coûte généralement entre 200 et 500 $ pour faire disparaître les dommages causés par la rencontre avec un de ces fâcheux aléas de la route.

Mieux vaut prévenir que guérir, ce qui peut se faire simplement : en ne conduisant pas trop vite et en gardant une distance suffisante devant soi pour pouvoir éviter les trous et les crevasses en toute sécurité.