Voici une histoire que doivent lire les touristes canadiens qui passent par la Géorgie en faisant l'aller-retour saisonnier Québec-Floride-Québec. Le 27 avril dernier, l'Ontarienne Emily Nield roulait sur l'autoroute I-75 quand elle s'est fait interpeler par la police du comté de Cook pour avoir roulé à 87 mph dans une zone de 70 mph.

L'I-75 --utilisée par les snowbirds ontariens-- est plus à l'intérieur des terres que la l'I-95, voie de prédilection des Québécois en quête de soleil. Mais les deux sont sur le territoire géorgien. Et tous les Canadiens qui sentent leur pied s'appensantir là-bas devraient se remémorer l'histoire que Emily Nield a raconté à la CBC (le pendant anglais de Radio-Canada).

Quand la policière lui a demandé ses papiers, la jeune femme lui a donné son permis de conduire ontarien. Les permis étrangers ne sont pas valides en Géorgie, a rétorqué  la policière qui a exigé d'autres documents prouvant que la jeune conductrice était bel et bien la Canadienne Emily Nield.

Pas de souci, la jeune femme avait une copie numérique de son passeport sur son téléphone cellulaire. Non, ça prend l'original, a dit la policière. «Elle répétait sans cesse : ''Non, les permis canadiens ne sont pas acceptés''», a raconté Mlle Nield à la CBC. «J'étais renversée. Je lui disais que ça ne se pouvait pas, un permis canadien est toujours valide».

La policière a ordonné à Emily de sortir de la voiture, l'a arrêtée, l'a menottée et l'a enfermée sur la banquette arrière de l'auto-patrouille, en attendant que la remorqueuse arrive et emmène son auto à la fourrière.

Mlle Nields a eu le temps d'envoyer une vidéo Snapchat d'elle dans l'auto-patrouille, informant ses amis en pleurant à chaudes larmes de ce qui lui arrivait et les implorant de l'aider.

En tenue orange, derrière les barreaux

La policière a conduit Emily au poste de police où l'identité judiciaire l'a photographiée et pris ses empreintes digitales. Puis, on l'a vêtue d'une tenue de prisonnière orange et on l'a enfermée dans une cellule après l'avoir accusée d'excès de vitesse et d'avoir conduit sans permis. On lui a aussi dit qu'elle devait payer une caution de 880 $ plus des frais de 127 $ sans quoi elle restait en prison jusqu'au 12 juin, date à laquelle elle aurait présumément eu des amendes, en plus, après le procès. Elle a aussi dû payer 200 $ pour extraire sa voiture de la fourrière, a-t-elle dit à la CBC. 

Pourtant, le site du Bureau des véhicules automobiles de la Géorgie indique bien que «Les non-Américains détenant un permis de conduire étranger valide sont autorisés à conduire en Géorgie à des fins touristiques et d'affaires», ajoutant que le policier «peut consulter le passeport (...) si disponible», à des fins de vérification.

L'histoire se termine bien. Le comté de Cook a abandonné les accusations quand la CBC a appelé et surtout, quand la vidéo d'Emily menottée et pleurant dans l'auto-patrouille est devenue virale sur internet, le comté de Cook ayant l'air d'un misérable piège à touristes ciblant les Canadiens pressés pour financer son budget.

Voici ce qu'Emily en pense : «(...) je pense que sur cette section de l'autoroute, ils ciblent les Canadiens, parce qu'ils savent qu'ils ne reviendront pas contester les frais». 

D'ailleurs, le quotidien Atlanta Journal-Constitution a récemment fait un reportage sur les villes de la Géorgie pratiquant la «speed-trap» pour financer leurs budgets. La plupart sont le long de l'I-75, mais attention, automobilistes québécois, il y en a peut-être le long de l'I-95 aussi.