Le constructeur automobile Fiat Chrysler Automobiles (FCA) a dévoilé mercredi sa dernière-née, une Alfa Romeo baptisée «Giulia», appelée à devenir l'une des clés de voûte de sa conquête du marché haut de gamme, alors que le groupe reste en quête d'un partenaire.

Conçue pour rivaliser avec les bolides du haut de gamme allemand, la Giulia est le premier de huit nouveaux modèles annoncés il y a un an dans le cadre de la relance de cette marque italienne plus que centenaire, qui a bénéficié pour ce faire d'une enveloppe de 5 milliards d'euros.

La voiture a été présentée en grande pompe à la presse au musée Alfa Romeo à Arese, en banlieue de Milan, rénové pour l'occasion. Invité surprise, le ténor italien Andrea Bocelli y a interprété une aria de «Turandot» de Giacomo Puccini.

La Giulia est dotée d'un moteur de 6 cylindres à 510 chevaux et peut passer de zéro à 100 km/h en 3,9 secondes. Son design est présenté comme «distinctement italien» avec une attention toute particulière portée à ses proportions et à sa «peau», autrement dit sa surface. L'objectif de FCA est de quasiment sextupler les ventes d'Alfa Romeo d'ici à 2018 à 400 000 unités (contre 68 000 en 2014).

Elle a été conçue par un groupe de designers, experts et techniciens baptisés en interne «skunks» en référence à un épisode de la Seconde Guerre Mondiale. Les «Skunk Works» étaient un groupe d'ingénieurs de la Lockheed Aircraft Corporation qui avaient reçu carte blanche pour créer en un temps record un avion de chasse performant, enfermés dans un bunker. La même «intensité» a présidé à la naissance de Giulia, ont assuré les responsables de FCA.

La vengeance de l'Alfa 

Alfa Romeo, née il y a 105 ans était dans les années 1960 une marque de modèles sportifs très prisée, à l'instar de BMW aujourd'hui, mais a traversé depuis une période difficile.

«Ces 30 dernières années, Alfa portait avec elle un sens d'inachèvement qui criait vengeance», a souligné lors de la présentation le directeur général de FCA, Sergio Marchionne.

Selon lui, c'est la récente fusion de Fiat avec Chrysler, qui a donné naissance l'an dernier à FCA, aujourd'hui septième constructeur mondial, qui a permis la relance d'Alfa Romeo. Fiat seule n'aurait pas eu les ressources financières ni techniques, ni le réseau de distribution nécessaires, a-t-il expliqué.

«La journée d'aujourd'hui représente la conclusion d'un long processus de développement auquel nous avons consacré ces dernières années les meilleures énergies de l'entreprise», a indiqué le dirigeant canado-italien.

La naissance de Giulia intervient cependant dans une période d'incertitudes pour FCA, dont les avances à son rival General Motors ont été rejetées une nouvelle fois début juin par la patronne de ce dernier, Mary Barra et se heurteraient aussi à l'hostilité d'influents actionnaires du groupe américain, a rapporté cette semaine le Financial Times.

Quant à son principal actionnaire, la famille Agnelli, il est pour sa part engagé via sa holding financière Exor dans une dure bataille pour la conquête du réassureur américain PartnerRe.

Exor soutient mordicus que son offre, rivale de celle du groupe Axis Capital Holdings est «meilleure» à tous les points de vue et accuse les dirigeants de PartnerRe de mener une «campagne irresponsable» pour pousser ses actionnaires à pencher en faveur de Axis Capital Holdings. Une assemblée générale de PartnerRe est prévue le 24 juillet et s'annonce tendue.