Audi, longtemps fournisseur de voitures pour les officiels chinois, pourrait bientôt connaître la concurrence d'un modèle local, le mythique «Drapeau rouge» de Mao Zedong, une perspective qui n'inquiète pas outre mesure le constructeur allemand.

Pendant longtemps, le modèle le plus couru dans l'administration chinoise a été l'Audi A6 dans une version spécialement rallongée pour le marché chinois et de couleur noire.

Mais l'annonce faite par le constructeur chinois FAW de relancer le «Drapeau rouge» («Hongqi» en chinois) de Mao Zedong et la volonté du gouvernement chinois actuel de privilégier des marques locales pourraient changer la donne.

FAW compte produire 30 000 unités par an de ce modèle, selon des médias chinois. Et le gouvernement veut pousser les officiels à rouler chinois, toujours selon la presse locale.

Le «Drapeau rouge» avait été lancé en 1958 à la demande de Mao Zedong et était devenu au fil des ans la voiture officielle des dirigeants. Mais à partir des années 1980, elle a commencé à subir la concurrence des véhicules haut de gamme étrangers, beaucoup plus économes en carburant, jusqu'à ne plus être produite pendant plusieurs années.

Elle a encore connu son heure de gloire en 2009 quand le président Hu Jintao avait paradé sur la place Tiananmen à bord d'une version décapotable pour célébrer le 60e anniversaire de l'instauration de la République populaire de Chine.

Aujourd'hui, ce sont des Audi AL noires aux vitres fumées qui roulent aux abords de la place de la place la plus célèbre de Pékin.

La marque haut de gamme allemande a en effet été la première à lancer une version plus longue de sa berline A6 pour offrir plus de place aux passagers à l'arrière. Un argument qui a séduit les officiels dont les voitures sont conduites par des chauffeurs.

«Cela a clairement été un facteur de succès» pour Audi dans le pays, explique Dietmar Voggenreiter, président de la marque pour la Chine, dans un entretien à l'AFP. Fournir les flottes des officiels chinois a permis «d'atteindre très vite une masse critique», poursuit-il.

Petit à petit, la part des véhicules vendus au gouvernement a baissé et la clientèle privée a pris le relais, explique Audi, qui refuse de donner des chiffres détaillés. L'an dernier, 90% des ventes ont ainsi été réalisées auprès d'automobilistes et les 10% restant auprès de flottes d'entreprises et du gouvernement.

«Ceci a profité à leur image de marque et leur a permis de séduire la clientèle privée», commente Yann Lacroix, analyste spécialisé dans l'automobile chez Euler Hermes, basé à Paris.

«Ils n'auront plus les taux de croissance qu'ils ont connus par le passé, mais Audi reste la marque numéro un du haut de gamme en Chine, nettement devant BMW et Mercedes», deux autres allemands, ajoute-t-il.

De plus, Audi a diversifié ses ventes et dépend moins de ce modèle, fait savoir M. Voggenreiter. Un tiers des ventes de la marque est constitué à présent de petits 4x4 (VUS), de coupés, de cabriolets et de roadster (décapotables).

Audi n'est «pas une marque gouvernementale», a martelé M. Voggenreiter.

Il n'a pas fait de commentaire sur les chances qu'à FAW de mener à bien son projet. Difficile en effet de critiquer le groupe chinois qui est le partenaire de Volkswagen, maison mère d'Audi...