La refonte, même partielle, d'un modèle à succès est une opération plus délicate qu'il y paraît. Souvent, l'affaire tient du casse-tête. Après quatre ou cinq ans de carrière, il faut en faire suffisamment pour donner d'évidents gages de rajeunissement, mais prendre garde de ne pas désorienter la clientèle. À Ingolstadt, siège d'Audi, le remodelage du Q5 n'a probablement donné la migraine à personne.

Initialement lancée en 2008 - un an plus tard en Amérique - et commercialisé depuis à près d'un demi-million d'unités, le Q5 a décroché le titre de « meilleur vendeur « de la catégorie l'année dernière, devançant de peu les Mercedes GLK et BMW X3, ses cibles avouées. Pour la maintenir au plus fort de la lutte, ce coup de plumeau arrive à point nommé.

Mis côte à côte, l'ancien et le « nouveau « modèle seraient parfaits pour un jeu des 7 erreurs. Injectées à faible dose, les transformations apportées au physique de ce modèle seront à peine perceptibles à l'oeil du commun des automobilistes. On finit par relever les phares auxquels a été intégrée la récente signature lumineuse de la marque, la calandre est un peu plus biseautée que de coutume et les jantes, nouvelles.

Il faut toutefois être très fort pour observer les retouches effectuées au galbe du carénage avant ou percevoir le dessin modernisé des embouts d'échappement. « Il s'agit de subtiles modifications de détail «, commente-t-on chez Audi. C'est bien ce que l'on avait cru voir.

À l'intérieur, pour repérer le passage des stylistes de la marque, il faut une loupe. Et encore. Quelques commandes s'enjolivent d'une mince tige de nickel alors que l'ordinateur central (MIME) se pilote désormais à l'aide de quatre boutons. Que de subtilité, n'est-ce pas ?

Parmi la clientèle de la Q5, seule la plus fortunée sera à même de voir la différence. C'est pour elle, en effet, qu'Audi réserve ses plus belles présentations comme ces appliqués bois noir ou brun qui tapissent la console et le tableau de bord. Celles-ci sont réalisées à l'aide de tranches de bois, toutes séparées par une mince plaque en aluminium. On colle le tout pour en faire un bloc, on tranche finement et puis on applique ensuite sur les surfaces désirées. C'est bien joli, mais à bord d'une Q5, cet habillage apparaît un peu surfait. Question de goût, sans doute.

Naturellement, ce chapelet de modifications ne change rien. Les points forts demeurent, les défauts aussi. D'un point de vue plus fonctionnel, le Q5 offre à ses occupants une habitabilité moyenne, comme ses concurrentes, d'ailleurs. Les places arrière ne dégagent pas un espace extraordinaire pour les jambes. Pour améliorer leur sort, les occupants peuvent faire coulisser la banquette sur 10 centimètres et permet d'incliner ses dossiers. Pour goûter pleinement au confort, un conseil : assurez-vous d'une place à l'avant.

Quant à la modularité, le Q5 demeure somme toute assez classique. Outre ses dossiers qui se rabattent complètement ou en partie, la seule particularité est la possibilité de plier le siège avant droit pour faciliter le transport de longs objets.

Maintenant, on ouvre les yeux

Jusqu'ici, le conservatisme qui a présidé au renouvellement du Q5 semble procéder d'une réticence au changement. Erreur.

Fidèle à son leitmotiv Vorsprung durech Technik - avancement par la technologie -, le constructeur allemand consacre ses énergies sous le capot. Tout change, y compris le 4-cylindres 2 litres suralimenté par turbocompresseur. La cylindrée demeure la même, mais plusieurs pièces changent le collecteur d'échappement, le dispositif de calage variable des soupapes et le système d'injection. Rien de tout de cela ne se voit ni ne se ressent. La puissance bondit de 14 chevaux, mais la force de couple, elle, demeure la même. Les habitués noteront seulement une plus grande élasticité du moteur. En d'autres termes, sa plage d'utilisation est plus linéaire et plus longue.

Les grands changements, Audi les réserve encore pour les mieux nantis. Le V6 3,2 litres tire sa révérence au profit d'un 3 litres suralimenté par compresseur. Malgré l'ajout de cet accessoire, le gain de puissance n'est que de 2 chevaux... Rien à voir avec le gain de 52 livres-pied de couple. D'autant plus que celui-ci se manifeste dès 2150 tours/minute, contre 3000 pour l'ancien 3,2. Ce dernier représente jusqu'ici le tiers des ventes de Q5 au Québec et parions que cette version 3,0 T ne fera pas mieux. Pas plus que la version hybride qu'Audi nous proposera à l'automne.

Dommage, celle-ci apporte une valeur ajoutée à la gamme. Le moteur électrique est alimenté par un bloc de batteries lithium-ion de 1,3 kWh, amputant le volume du coffre de 80 litres et entraînant la disparition de la roue de secours. La puissance combinée ressort à 245 chevaux.

Au-delà des performances largement supérieures au 2-litres, l'intérêt de la version hybride réside dans sa consommation de 6,9 L/100 km. Pour atteindre cette valeur record, cette version bénéficie, outre un dispositif de coupure automatique à l'arrêt, du mode EV permettant de parcourir 3 km jusqu'à 60 km/h sur la seule puissance de ses batteries. De même, ce Q5 est capable de pousser une pointe à 100 km/h en silence et sans faire fumer ses échappements. La question demeure de savoir à quel prix.

Enfin, l'amateur, le vrai, attendra plutôt la décision d'Audi Canada de procéder ou non à l'homologation de la SQ5, un modèle réservé jusqu'ici au seul marché européen. Voilà la Q5 avec laquelle il faut prendre rendez-vous : châssis abaissé de 30 millimètres, pneus de 20 pouces et V6 turbo-diesel (311 chevaux) délivrant 479 livres-pied de couple.

De la pure dynamite et un comportement franchement transformé.

Les frais liés à ce reportage ont été payés par Audi Canada.

ON AIME

> Version hybride convaincante

> Finition exemplaire

> Boîte 8 rapports

ON AIME MOINS

> Le 3 litres qui en fait un peu trop

> Suspensions fermes

> Dégagement à l'arrière

CE QU'IL FAUT RETENIR

> Fourchette de prix : 41 200 $ à 49 900 $

> Frais de transport : 1995 $

> Garantie de base (mois/km) : 48 mois/80 000 km

> Consommation obtenue dans le cadre de l'essai : 9,3 L/100 km

> Pour en savoir plus : www.audi.ca

> Moteur : L4 DACT 2 litres - Turbo

> Puissance (incluant motorisation électrique) : 225 ch entre 4500 et 6250 tr/mn

> Couple (incluant motorisation électrique) 258 lb-pi entre 2150 et 4780 tr/mn

> Poids : 1855 kg

> Rapport poids-puissance : 8,24 kg/ch

> Mode : Intégral (4 roues motrices)

> Transmission de série : Semi-automatique 8 rapports

> Transmission optionnelle : Aucune

> Direction/Diamètre de braquage : Crémaillère/11,6 mètres

> Freins : Disque/Disque

> Pneus : 235/60R18

> Capacité du réservoir (L)/essence recommandée : 75 litres/Super