Audi a mis au point de nouveaux phares et reproche à la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) américaine de s'accrocher à un règlement (adopté en 1968) qui oblige les constructeurs à installer des phares avec un faisceau de route et un faisceau de croisement (des «hautes» et des «basses», comme on dit couramment).

Or, les phares DEL Matrix d'Audi fonctionnent différemment (pas de hautes, pas de basses) et sont interdits aux États-Unis à cause de ce règlement, qu'Audi considère comme désuet. Avec des phares Matrix, des caméras et des capteurs scrutent la route devant, et ajustent la direction et l'intensité du faisceau en fonction de ce qui s'en vient. Ainsi, à l'approche d'une courbe, le faisceau s'agrandit pour illuminer le virage.

Jusque-là, ça va. Le problème, c'est que les phares Matrix ne réduisent pas le faisceau quand l'Audi croise une autre voiture. Quand le système détecte la lumière émise par une voiture qui arrive en sens inverse, l'ordinateur de bord tamise automatiquement les diodes électroluminescentes (DEL) individuelles braquées sur l'autre conducteur. Le système ajuste ainsi les DEL au fur et à mesure que les deux voitures se croisent, laissant toujours l'autre conducteur dans un mince cône tamisé.

Audi offrira donc les phares Matrix sur la nouvelle A8 en Europe, mais pas aux États-Unis (ici non plus, a dit à La Presse Cort Neilsen, d'Audi Canada). La vieille réglementation de la NHTSA freine le progrès, affirme Audi.

Pas du tout, rétorque la NHTSA. L'organisme se dit ouvert à l'innovation, mais il n'est pas convaincu que les DEL rendent les routes plus sûres - pas plus en phares qu'en feux arrière, d'ailleurs. Des études ont montré que la majorité des modèles dotés de feux arrière DEL se font emboutir plus souvent que ceux qui sont pourvus de feux ordinaires. Par conséquent, en ce qui concerne les phares, la NHTSA est sceptique, et elle en discutera avec un panel de la Society of Automotive Engineers.