Le scandale Volkswagen a non seulement fait du mal au constructeur allemand, mais aussi ébranlé la confiance des consommateurs envers les motorisations diesels. La filiale Audi espère renverser la tendance avec le luxueux et puissant SQ7.

Un modèle diesel vendu à près de 100 000 $ et capable de faire la nique à un avion de chasse au décollage ? Il n'y a pas si longtemps, on aurait cru à une plaisanterie, crié au fou. Eh bien. Mû par un athlétique huit-cylindres en V de 4 L de cylindrée, le SQ7 d'Audi réalise ce tour de force et bien d'autres encore. Les rétroviseurs argentés reflètent son appartenance à une caste à part.

La vignette épinglée à l'aile avant, sur laquelle on peut lire « V8 T », vient renforcer cette conviction. Celle-ci sera bientôt ébranlée lorsqu'on consultera le compte-tours dont la zone rouge débute à 5000 tr/min... Et plus encore en soulevant le capot. Le « V8 T » est en fait un V8 TDI... Ça se conçoit - sous cet amas de plastique moulé, on ne voit rien -, mais ça ne s'entend pas, même lorsque le moteur tourne au ralenti. Mais c'est un diesel tout de même. Un type de motorisation qui se trouve aujourd'hui au coeur d'un scandale - un autre - qui entame encore davantage le lien de confiance entre les constructeurs d'automobiles et leurs clients. C'est dit. 

Or cette pensée irrévérencieuse se dissipe à peine effleurée la pédale d'accélérateur. Le moteur réagit très fort en émettant un grondement féroce, méchant.

Ce moteur émet un grondement méchant. Toutes les photos : Audi

Poigne de fer

Moins brutales, plus linéaires, les accélérations ne sont pas moins impressionnantes que celles d'un V8 de même puissance et vous collent pareillement contre le dossier du siège. Associé à une boîte automatique pouvant être commandée manuellement, ce huit-cylindres monte tranquillement dans les tours, mais avec une poigne de fer, sans le moindre à-coup.

Immédiates, les réactions de cette mécanique turbocompressée gomment toute impression de lourdeur et le châssis s'accorde sans difficulté avec les performances de la voiture, dont le freinage, assuré par d'impressionnants disques qui se dévoilent à travers les roues, témoigne d'une bonne efficacité, mais sans plus.

Malgré une direction qui manque encore de ressenti, ce SQ7 se prend en main aisément, il faut quand même prendre garde aux accélérations trop brutales en sortie de virage - et la batterie d'assistances électroniques (contrôle de trajectoire, antipatinage...) facilite la maîtrise des 664 lb-pi de couple qui se manifestent dès 1000 tr/min. Un tel brio impose quelques contreparties, à commencer par la suspension, qu'il a bien fallu durcir pour que les SQ7 tiennent le pavé.

Secoués comme des pommiers

Dès que la chaussée se dégrade, les occupants sont secoués sans ménagement et l'adoption de pneus taille basse ne contribue pas à élever le degré de confort, quel que soit le style de conduite.

L'heureux privilégié qui tient le volant s'accommode allègrement de ces inconvénients.

Les passagers, pourtant installés dans des sièges confortables, se montrent généralement moins enthousiastes.

Conduire un véhicule aussi puissant a quelque chose d'un peu décalé. Hormis la brève envolée que l'on peut s'autoriser à la sortie de la bretelle menant à l'autoroute, il faut surtout se préoccuper de surveiller son allure, car l'on a tôt fait d'atteindre des vitesses prohibées. Heureusement, la souplesse du 4 L turbodiesel permet aussi d'apprécier cette voiture à des vitesses raisonnables, et le niveau de consommation est remarquablement bas (moins de 10 L/100 km durant notre essai) étant donné la puissance et le gabarit de cet utilitaire.

Système électrique 48 V

Hormis le moteur, on retient de ce SQ7 une innovation qui fera école : le passage à 48 V de son réseau électrique interne. Ce dernier est, depuis des lunes, fixé à 12 V. Cette innovation est rendue nécessaire pour répondre aux normes antipollution de plus en plus contraignantes, mais également pour alimenter des équipements électriques de plus en plus nombreux. Pour le SQ7, par exemple, les turbos et les barres stabilisatrices fonctionnent à l'électricité. D'où cette nécessité d'adopter un réseau d'une tension de 48 V.

Physique banal

Physiquement, le SQ7 conserve, malgré son caractère volcanique, une présentation assez discrète.

Il se distingue des Q7 par ses jantes spéciales, sa double sortie d'échappement, ses jupes avant enveloppantes et ses bas de caisse surlignés, mais sans trop d'ostentation.

On oublie rapidement le faux pas des stylistes une fois installé à bord, où tout est remarquablement coordonné. Plutôt ramassé, le SQ7 offre un volume intérieur compétitif, quoique l'accès à la troisième rangée de sièges demeure acrobatique. De plus, ces places « du fond » se révèlent destinées à l'usage de personnes de petite taille. Quant au coffre, il demeure ténu lorsque toutes les places sont occupées. Mais en rabattant les sièges des rangées arrière et médiane, le SQ7 offre un volume supérieur à 2000 litres.

Distribution rare

Audi n'espère pas diffuser au Canada des centaines d'unités de ce modèle, destiné à une clientèle très aisée. Le constructeur aux anneaux compte en revanche sur cet utilitaire pour revigorer l'image du diesel, que plusieurs observateurs estiment aujourd'hui condamné à disparaître.

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Audi.

Fiche technique

L'ESSENTIEL

Marque/Modèle : Audi SQ7 2017

Fourchette de prix : De 80 000 à 90 000 $ (estimation)

Garantie de base : 4 ans / 80 000 km

Consommation réelle : 9,8 L/100 km

TECHNIQUE (version européenne) 

Moteur : V8 DACT 4 L turbo-diesel

Puissance : 435 ch entre 3750 et 5000 tr/min 

Couple : 664 lb-pi entre 1000 et 3250 tr/min

Poids : 2270 kg

Rapport poids/puissance : 5,21 kg/ch

Mode : Intégral

Transmission de série : Automatique huit rapports

Transmission optionnelle : Aucune

Direction / Diamètre de braquage : Crémaillère / 12,4 m

Freins av.-arr. : Disque / Disque 

Pneus av.-arr. : 285/45R20

Capacité du réservoir / Essence recommandée : 85 L / Diesel

Capacité de remorquage (maximale) : 3500 kg

ON AIME 

Couple titanesque 

Comportement solide et sportif 

Finition cinq étoiles 

ON AIME MOINS 

Physique banal 

Maniabilité dans les espaces restreints 

Image du diesel à restaurer