Mise au point utile. Le conservatisme qui préside au renouvellement de l'A6 ne procède pas d'une réticence au changement, mais de la nécessité de le distiller avec tact et modération pour que les quatre anneaux conservent tout leur éclat. Voilà pour le discours officiel. Dans les faits, cette berline de luxe vise à satisfaire, voire rassurer une clientèle plutôt traditionaliste qui refuse de reconnaître aujourd'hui que l'A6 n'est plus la pierre angulaire de la marque. Seulement les VUS le sont.

Le tracé des lignes est épuré, les formes sont découpées avec une fine précision, la qualité d'assemblage des éléments de carrosserie s'impose comme un modèle du genre et l'auto fait la part belle aux matériaux légers, comme en fait foi son poids légèrement inférieur à 1800 kg. Une belle performance, étant donné la quantité d'accessoires intégrés à cette berline qui se targue d'être l'un des précurseurs de l'ère numérique.

Classique Audi

Commercialisée à l'automne, cette nouvelle génération de l'A6 s'applique à faire fructifier son héritage sans que jamais l'idée de l'amender paraisse l'effleurer. La silhouette s'est à peine étirée, la découpe des surfaces est encore plus incisive, mais l'invariable style Audi --strict, puissant mais fluide --s'impose ici dans tout son classicisme.

Sans doute cette retenue est-elle dictée par les exigences du marché allemand, américain et chinois dont on connaît l'attrait pour les grandes berlines et qui devrait absorber à lui seul près de la moitié des ventes d'A6.

L'A6 affiche discrètement la réussite de son propriétaire et reflète son penchant pour les belles voitures. Dans la rue, ce n'est pas elle que l'on remarque le plus, mais - là réside l'essentiel - son passage n'échappe pas au regard du connaisseur.

Quatre roues motrices et directrices

L'A6 est désormais dotée d'un rouage intégral à prise temporaire (inauguré sur l'A4 Allroad) capable de répartir la motricité entre les quatre roues et une boîte automatique à double embrayage sept rapports avec de petites palettes installées derrière le volant.

Cette transmission, qui associe l'agrément d'une boîte automatique à celui d'une boîte manuelle à commande séquentielle, joue le rôle du gant de velours.

La mécanique est à l'avenant. Sous le capot se dévoile fièrement un V6 de 3 L suralimenté de 340 ch. Celui-ci, comme sur les futures A8 et A7 Sportback, se marie à un moteur électrique, alimenté par une batterie sous une tension de 48 V. Une forme d'hybridation légère --la voiture ne se recharge pas au moyen d'une borne et ne bénéficie pas d'une subvention gouvernementale --qui consiste à apaiser le moteur à essence lors des phases d'accélération, mais surtout à réduire de 10 % à 15 % la consommation de carburant, principalement en milieu urbain. Une technologie qui, hélas, ne sera pas reprise par le quatre-cylindres 2 L qu'Audi ajoutera au catalogue canadien de ce modèle quelques mois après sa sortie.

Assez légère et parfaitement équilibrée, l'A6 est propulsée par un moteur solide, mais de nature un peu apathique comparativement à ceux de ses concurrents (BMW et Mercedes, pour ne pas les nommer).

Six cylindres et silence de cathédrale

L'A6 plante son accélération et ses reprises dans un silence de cathédrale, et il faut presque tendre l'oreille pour capter le chant du six-cylindres et de ses turbos. La suspension pneumatique proposée en option permet de sélectionner la loi d'amortissement de son choix et de faire varier la hauteur de caisse. Ce n'est peut-être pas la plus brillante des berlines de luxe, mais elle paraît plus vive que ses concurrentes grâce à son dispositif à quatre roues directrices. Celui-ci améliore non seulement le diamètre de braquage de cette auto, mais lui assure aussi une stabilité et une agilité impressionnantes. 

Sur les routes entortillées de la vallée du Douro où cette première prise en main a eu lieu, l'A6 ainsi équipée est apparue particulièrement alerte, en dépit d'une direction plutôt vague en son point milieu. La version de base, dépourvue de la suspension réglable et de roues antérieures directrices, offrait un ressenti au centre plus ferme, mais peinait toutefois dans les enchaînements, ce qui imposait au conducteur de donner une impulsion beaucoup plus forte en entrée de virage. Les automobilistes qui auront les moyens de goûter à l'A6 sont priés de cocher cette option.

Dans l'habitacle, chaque détail compte

L'habitacle de l'A6 rappelle à ceux et celles qui l'auraient oublié qu'Audi demeure LA référence de l'industrie dans ce domaine. 

Harmonies douces des couleurs et textures, fins placages de bois, discrets parements d'aluminium, cuir souple, doux et légèrement odorant. 

Exempt de la moindre faute de goût. Rien de superflu et une ergonomie presque parfaite. Les sièges sont généreux, tout comme l'espace dévolu aux quatre occupants (le tunnel de transmission est trop protubérant pour songer à en installer un cinquième) et à leurs bagages. Les dimensions du coffre sont demeurées sensiblement les mêmes, mais l'échancrure du couvercle a été accrue pour faciliter l'embarquement d'objets plus volumineux.

L'élégant mais massif tableau de bord forme l'horizon de ce boudoir Bauhaus conçu avec un méticuleux souci du détail. Qu'il s'agisse du superbe dessin du volant à quatre branches, des commandes qui tombent naturellement sous la main ou de la mise en scène technologique de deux écrans où sont consignés plus de 400 éléments de personnalisation. À prévoir, de nombreuses heures d'apprentissage...

Note de la rédaction : les frais d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Audi Canada.

Trois fleurs, trois tomates

On aime



Agilité étonnante (quatre roues directrices)

Présentation avant-gardiste

Confort et silence de roulement

On aime moins



Direction manque de ressenti

Habitabilité pour quatre personnes

Complexité et options

La facture

Marque/modèle : Audi A6

Fourchette de prix : de 66 000 $ à 74 000 $ (estimation)

Frais de transport et de préparation : 2095 $

Garantie de base : 48 mois/80 000 km

Consommation réelle : 10,1 L/100 km

Chez les concessionnaires : automne 2018

Concurrentes : Acura RLX, BMW Série 5, Volvo S90

Pour en savoir plus : www.audi.ca

Fiche technique

Moteur : V6 DACT 3 L suralimenté

Puissance : 340 ch entre 5000 et 6400 tr/min

Couple :  369 lb-pi entre 1370 et 4500 tr/min

Poids : 1760 kg

Rapport poids/puissance : 5,17 kg/ch

Mode : intégral

Transmission de série : automatique sept rapports (double embrayage)

Transmission optionnelle : aucune

Diamètre de braquage : 11,1 m (avec quatre roues directrices)

Freins (av.-arr.) : disque-disque

Pneus (av.-arr.) : 255/35R21

Capacité du réservoir : 73 L

Essence recommandée : super