Personne n'a besoin d'une RS 5 et de ses 444 ch. Le même raisonnement s'applique bien sûr aussi à la RC F (Lexus), à la M4 (BMW) ou encore à la C 63 AMG, ses principales rivales. Pourtant, la clientèle - plus nombreuse qu'on le croit - en redemande. La RS 5 instille non seulement un réel supplément d'âme à un coupé qui ne souffre pourtant pas d'un déficit de charisme, mais permet avant tout de satisfaire le besoin de différenciation exprimé par l'acheteur qui cherche à échapper à une certaine banalisation de l'automobile.

Les 444 ch suffisent amplement à satisfaire l'amateur d'accélérations énergiques. La sophistication du rouage à quatre roues motrices, point fort traditionnel de la marque aux anneaux, permet de négocier sans arrière-pensée les grandes courbes ou d'enchaîner les virages en série ; son freinage est au diapason de ses performances dynamiques, pour peu qu'on ait eu l'idée de choisir l'option « céramique » -, un supplément de 6000 $.

Mais la singularité de cette auto tient surtout à la remarquable souplesse de son moteur à la vibrante voix de basse - hélas synthétique ! - qui répond « présent » à chaque variation d'inclinaison de la pédale d'accélérateur. Si on y met la pression nécessaire, l'accélération est redoutable, mais la RS 5 accepte aussi de se laisser sagement guider dans la circulation, le couple moteur autorisant des reprises énergiques à très bas régime.

Coup de pied aux fesses

D'une cylindrée de 2,9 L, ce six-cylindres en V suralimenté par deux turbocompresseurs prend le relais du lourd (44 kg supplémentaires) V8 de 4,2 L atmosphérique qui siégeait autrefois dans cette antichambre si rarement visitée de nos jours, tant le spectacle est misérable pour l'amateur de belles mécaniques. Pour exciter l'oeil sans doute, Audi propose un couvercle en carbone (600 $) pour « masquer » proprement les tubulures et couvercles de soupapes de ce V6 à angle aigu.

Au bout du compte, même puissance, mais un formidable coup de pied aux fesses en matière de couple (443 lb-pi contre 317 pour le V8). Cela se traduit par une plus grande élasticité, une plage d'utilisation accrue (notamment à bas régimes) et une réduction appréciable de la consommation de carburant (environ 2 L aux 100 km par rapport au V8 d'autrefois), à condition que l'on bloque volontairement l'articulation de sa cheville droite.

Vitesse de pointe : 250 km/h (280 m/h en option)

Et cela vaut mieux non seulement pour éviter les points d'inaptitude à votre permis de conduire, mais aussi pour limiter autant que possible la fréquence des ravitaillements, l'autonomie étant particulièrement limitée avec un si petit réservoir.

Soulignons que ce moteur, si «racé» soit-il, atteint rapidement la zone rouge du compte-tours et qu'à moins de débourser une somme additionnelle - oui, encore - pour atteindre 280 km/h, il faudra se limiter à 250 km/h de vitesse de pointe.

Le puriste et l'amateur de technologie avant-gardiste pourra, à juste titre, regretter l'absence d'une boîte manuelle ou encore d'une automatique à double embrayage, mais force est de reconnaître que la transmission conventionnelle à huit rapports élaborée par le spécialiste ZF sied parfaitement bien à ce coupé. Elle permet non seulement d'encaisser solidement la force de couple de ce moteur, mais se révélera en outre moins onéreuse en entretien. On pestera seulement contre les vulgaires palettes au volant, dont la petite taille rivalise avec l'aspect bon marché du plastique dont elles s'ornent.

Comme du velcro sur l'asphalte

Solidement construite et sûre, la RS 5 fait montre de ses qualités dans le domaine de la stabilité et permet d'exploiter au mieux sa nervosité sans que le pilote soit le moins du monde contrarié par des vibrations ou de soudaines pertes d'adhérence.

Cette Audi fait de la chaussée sa deuxième peau, et ce, peu importe les conditions climatiques.

La direction est rapide, précise, mais il lui manque cette sensibilité, cette générosité à transmettre les défis et les contraintes auxquels elle doit répondre pour fusionner les roues avant à la chaussée.

Il est cependant difficile de se montrer aussi compréhensif en ce qui concerne le dispositif « Audi Drive Select », peu pratique, et ce, malgré ses multiples possibilités de réglages et les pneumatiques de 20 po offerts - eux aussi - en option.

Il faut toutefois nuancer cette critique et tenir compte de la décrépitude de plusieurs de nos axes routiers qui rend complètement futile le réglage le plus sportif proposé sur ce véhicule.

Rayon de braquage démesuré

Notons aussi le rayon de braquage, démesuré, qui rend horripilante la moindre manoeuvre à l'arrêt et les freins (céramique), toujours délicats à moduler dans le cadre d'une utilisation routière. Or, ces défauts ne dissuaderont pas, bien au contraire, les automobilistes qui ne détestent pas être rudoyés un peu.

Déposée sur une architecture commune à plusieurs véhicules du groupe Volkswagen (nom de code MLB), la RS 5 est incroyablement rapide et facile à conduire... Trop, peut-être, mais tel était l'un des objectifs inscrits à son cahier des charges. Reste que l'antenne sportive d'Audi a fait de la RS 5 une machine facile à domestiquer et qui ne nécessite à vrai dire pas un mode d'emploi très élaboré. En d'autres mots, vous vous installez au volant et elle se met immédiatement à votre service.

Et, à moins de débrancher les aides à la conduite, elle donne en prime du talent à ceux et celles qui n'en ont pas. Donc pas lieu de s'inquiéter de mouiller son costume Hugo Boss ou de transpirer dans sa robe Armani.

Que de beauté, mais quelle facture

Première déclinaison à descendre dans la rue, le coupé RS 5 sera bientôt suivi par une version Sportback (plus pratique) et un autre à ciel ouvert (plus suave). Cette dernière sera offerte au cours du printemps 2019.

Trois fleurs, trois tomates

ON AIME



Quatre saisons de performances

Train avant incisif

Moteur costaud

ON AIME MOINS

Faible autonomie

Freinage pointilleux (céramique)

Potentiel impossible à exploiter

Peu importe la carrosserie qu'elle habille, l'habitacle la RS 5 ne fait pas mentir la maîtrise de son constructeur en matière de qualité d'exécution qui, encore à ce jour, demeure l'une des références sur le marché.

Les matériaux sont toujours aussi agréables au toucher : l'alcantara délicat du volant, la tranche finement rainurée des molettes, etc.

On aime aussi le « clic » très étudié qu'émet à chaque passage de cran la commande rotative de l'écran multifonctions et le spectacle multicolore du système d'affichage « virtual cockpit ».

Que de beauté, mais celle-ci a un prix. Plus coûteuse que plusieurs de ses rivales, la RS 5 en ajoute une couche, et le véhicule essayé comptait pas moins de 31 000 $ d'équipements optionnels. Le prix de l'exclusivité, dit-on.

La Presse

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La facture

Marque/modèle : Audi RS5 Coupé

Prix de détail suggéré : à compter de 83 390 $

Frais de transport et de préparation : 2045 $

Garantie de base : 48 mois/80 000 km

Consommation réelle : 11,4 L/100 km

Chez les concessionnaires : maintenant

Concurrentes : BMW M4, Lexus RC F, Mercedes C 63 Coupé

Pour en savoir plus : www.audi.ca

Fiche technique

Moteur : essence V6 DACT 2,9 L suralimenté

Puissance : 444 ch entre 5700 et 6700 tr/min

Couple : 443 lb-pi entre 1900 et 5000 tr/min

Poids : 1810 kg

Rapport poids/puissance : 4,08 kg/ch

Mode : intégral

Transmission de série : automatique 8 rapports

Transmission optionnelle : aucune

Diamètre de braquage : 11,7 m

Freins (av.-arr.) : disque-disque

Pneus (av.-arr.) : 265/35R19 (de série)

Capacité du réservoir : 58 L

Essence recommandée : super