En sortant de la station de métro Olympia-Zentrum, le monde de BMW s'ouvre à nous. Le bâtiment qui est sur notre droite est saisissant.

Tout en courbes, sans aucune apparente symétrie, l'une de ses extrémités se termine par une en large colonne torsadée de verre et d'acier. Inaugurée en 2007, l'oeuvre des architectes de la COOP Himmelblau, de Vienne, est l'un des plus beaux exemples du courant déconstructiviste.

Après avoir passé près de cinq heures dans le monde de BMW - c'est le nom qu'on a donné au bâtiment principal, BMW Welt, en allemand - je repasse mes notes en sirotant une bière - on est à Munich et c'est l'Oktoberfest, après tout.

Mon regard s'accroche soudain sur l'immense plafond, suspendu plusieurs mètres au-dessus de ma tête. On dirait qu'il tient tout seul. Et pour cause: il y a seulement 11 piliers visibles qui supportent l'ouvrage de 3000 tonnes et de 16 000 mètres carrés. Il est constitué de 5000 panneaux d'acier inoxydable perforé, tous fabriqués sur mesure en raison de l'asymétrie de la construction.

Je me sens tout petit devant le génie humain, avec le même sentiment que celui que l'on éprouve quand on se tient dans l'allée centrale d'une grande cathédrale médiévale.

En fait, tout ça est à la mesure du premier constructeur mondial de voitures haut de gamme, considéré en 2012 comme l'entreprise profitant de la meilleure réputation au monde, selon le magazine Forbes. Aucun détail n'est négligé, et ça paraît.

Un musée fascinant

Le même souci se manifeste dans le musée BMW, situé de l'autre côté du boulevard Lerchenauer, à l'ombre du siège social du constructeur allemand. Une impression partagée par Julie Quesnel, de Sainte-Julie, croisée par hasard sur l'une des passerelles du musée: «La réputation de BMW cadre bien avec le chic du bâtiment. On voit dans le bâtiment la qualité, le confort et le design associés à BMW. L'architecture du musée est hot, presque psychédélique.»

En effet, tout au long de la visite, absorbé par les découvertes d'un constructeur dont l'histoire nous est somme toute méconnue, il est difficile de conserver son sens de l'orientation dans ce musée qui a vu sa superficie quintupler à sa réouverture en 2008. Les passerelles et les escaliers montent et descendent sur près d'un kilomètre, à travers 25 aires d'exposition. Plus de 120 véhicules originaux sont exposés, sans compter ceux de l'exposition temporaire, aménagée dans la «soucoupe», site du musée original construit en 1973 et classé monument historique en 1999.

Tout est exposé par thèmes. Celui du design est présenté de façon franchement originale. Exposé en trois salles superposées sur autant d'étages, on voit se former devant nous les esquisses de différents modèles marquants de BMW grâce à des billes métalliques qui se déplacent le long de fils motorisés à peu près invisibles. Sous les billes, à travers un plancher de verre, on aperçoit un étage plus bas la salle des maquettes, avec au centre un modèle en argile grandeur nature de la BMW de série 1. Enfin, tout en bas se trouve la salle aux trésors, avec des motos et autos qui ont marqué l'histoire du design automobile, dont l'iconique 328 de 1939 et l'intemporelle 3.0CSi de 1971.

«La visite du musée était prévue à notre itinéraire», a dit James Hanna, rencontré devant le spectaculaire étalage de motos, fixées derrière une vitrine qui s'étend sur trois étages. «C'est vraiment très beau. Tout le monde qui a une BMW veut venir ici», a assuré le résidant de Sainte-Julie.

Histoire et controverse

Deux salles sont consacrées à l'histoire de la marque. À sa lecture, on s'aperçoit que l'on passe en coup de vent sur les années 40 et 50. Néanmoins, celui qui s'attarde un peu découvrira que la période de la Deuxième Guerre mondiale a été marquée par les travaux forcés exigés des prisonniers de guerre, dont certains sont morts sur les chaînes de montage. On estime que quelque 14 000 prisonniers ont été contraints de travailler dans les usines de BMW, à qui le régime nazi avait ordonné de construire principalement des moteurs d'avions, la première spécialité de BMW - on en trouve plusieurs exposés au musée, d'ailleurs.

La production automobile avait dû être abandonnée, malgré les réticences du président de la compagnie à l'époque, Franz Josef Popp. Le régime d'Hitler l'avait d'ailleurs forcé à démissionner en 1942.

La production automobile a repris dans les années 50, mais les voitures étaient à la fois chères et peu fiables.

La renaissance de BMW est ainsi attribuable à deux voitures, à qui l'on a réservé une salle du musée, un peu à l'écart de la galerie principale: la berline compacte New Class et la micro-citadine Isetta. L'achat de la licence de production de la petite Italienne a permis au constructeur de sauver les meubles, en attendant l'arrivée de la New Class, en 1962, une voiture qui avait dans ses entrailles les gênes de ce que BMW allait devenir.