AMG, M, RS. Un banal enchaînement de lettres dépourvu de sens. Au-delà de cette fadeur manifeste, ces étiquettes désignent les divisions de haute performance de Mercedes-Benz, BMW et Audi, des créatrices d'oeuvres de référence dans le registre. En 2004, Cadillac a voulu ajouter une lettre supplémentaire à cet alphabet avec sa division V. Elle nous sert aujourd'hui la première réponse directe d'un constructeur américain à la BMW M3, l'ATS-V. Aussi bien tenter l'impossible, diront certains.

Son design

Cadillac applique ici l'ABC de l'approche stylistique européenne de haute performance.

Prenant évidemment pour base la robe de l'ATS de série, elle poursuit le raisonnement plus loin en fondant la forme à la fonction. Tenez, par exemple, le capot, fait de fibre de carbone, dispose d'un extracteur d'air central qui agit autant sur le refroidissement de la mécanique qu'il permet d'éviter le soulèvement du train avant à haute vitesse. Nous sommes très loin d'une Cadillac Fleetwood, vous en conviendrez... Cette philosophie misant sur l'efficacité aérodynamique ne fait toutefois pas ombrage à une élégante sobriété. Ça ne semble pas forcé, mais intégré de manière naturelle à l'ATS.

À bord

Cette même sobriété prévaut dans l'habitacle.

Reprenant encore là les bases de l'ATS de série, le constructeur enjolive le tout avec des doses assez bien mesurées de cuir, d'aluminium et de moulures de fibre de carbone. L'assemblage est solidement ficelé, rien ne dépasse. La nacelle centrale expose cependant une trop grande quantité de plastique dur luisant, plus ou moins élégant et salissant. L'espace à l'avant est abondant, peu importe votre taille. Les sièges Recaro optionnels drapés de cuir et d'une microfibre sont d'ailleurs d'un confort exceptionnel. Ça se gâte cependant à l'arrière. Les places sont étriquées, autant pour les jambes que la tête.

Sous le capot

L'ATS-V est la première monture de la division V embarquant un moteur turbocompressé, un V6 biturbo.

D'une cylindrée de 3,6 L, il développe 464 ch et 445 lb-pi de couple. Ce qui est surprenant de ce moteur au premier contact, c'est surtout son couple livré rapidement et avec aplomb malgré son apparente nonchalance. Bref, le caractère est loin d'être séduisant, mais les promesses au chapitre de la performance sont grandement respectées. Il n'est aussi pas trop gourmand. La transmission automatique à 8 rapports brille un peu moins. Lente en mode manuel, elle nous force à précipiter les changements de rapport pour éviter les surrégimes.

Derrière le volant

Cette ATS-V doit s'asseoir sur un châssis conçu avec finesse pour pouvoir poursuivre la M3. Sur ce plan, elle est impressionnante.

Il y a la rigidité évidemment qui est remarquable, on sent cette berline robuste, bien assise. La cohésion de la réflexion devient manifeste lorsque la première enfilade de virages se présente. En mode Piste, la direction se raffermit et permet de sentir les transferts de masse entre les deux roues avant. L'adhérence des excellents pneus Michelin Pilot Super Sport élève les limites. Interviennent ensuite les amortisseurs électromagnétiques, une technologie pas intrusive et permettant de pratiquement enrayer le roulis.

Technologies embarquées

Malgré le prix de base relativement élevé, l'ATS-V n'est pas proposée de série avec le système de navigation.

C'est une omission plutôt inexplicable qui rappelle une stratégie allemande d'options à la carte.

Qu'à cela ne tienne, sa structure complexe et l'absence de boutons physiques rendent son utilisation plutôt désagréable.

C'est probablement à l'heure actuelle l'un des pires systèmes proposés dans le segment. Il se rattrape cependant sur le plan de la sonorité.

La chaîne Bose à 10 haut-parleurs enrobe l'habitacle d'une musique dont les hautes fréquences sont aussi claires que les basses peuvent se montrer lourdes.

Verdict

Cette ATS-V pose un regard intéressant sur son sous-segment.

Cadillac a réussi à insuffler son identité dans cette voiture en cultivant un côté feutré marié à un châssis ayant une extraordinaire poigne. Son groupe motopropulseur manque toutefois d'expressivité, apportant trop d'attention à faire l'étalage d'un savoir-faire technique. On n'achète pas une sportive uniquement pour ses performances, mais aussi pour son émotivité. Il y a aussi la structure de prix qui pose problème, très collée à celle des allemandes. L'exemplaire mis à l'essai avait pour pas moins de 20 000 $ d'options, ce qui faisait grimper le prix à.... 88 680 $. Concurrentielle, certes, mais pas encore la reine.

En bref

Troisième pédale

Heureusement pour les puristes, l'ATS-V est proposée de série avec une transmission manuelle dotée de la synchronisation du régime en rétrogradation.

 

Suspension perfectionnée

La suspension électromagnétique de l'ATS-V peut ajuster jusqu'à 1000 fois à la seconde l'amortissement de chaque amortisseur de manière indépendante, ce qui amoindrit les effets des bosses.

 

Bases solides

Grâce à diverses modifications apportées au châssis, ce dernier et 25 % plus rigide que celui d'une ATS « standard ».

 

Le freinage

Pour appuyer ses prétentions sportives, l'ATS-V est dotée d'un robuste et efficace système de freinage Brembo à étriers à 6 pistons à l'avant (disques de 14,5 po) et 4 pistons à l'arrière (disques de 13,3 po).

 

Voyager léger

À 295 L, le coffre arrière de l'ATS-V est moins logeable de 124 L que celui d'une Chevrolet Cruze berline.


Fiche technique

Version à l'essai : ATS-V

Prix (avec options et transport) : 88 680 $

Moteur : V6 DACT biturbo 3,6 L

Puissance : 464 ch à 5850 tr/min

Couple : 445 lb-pi à 3500 tr/min

Transmission (modèle d'essai) : Automatique à 8 rapports avec mode manuel

Architecture motrice : Moteur longitudinal avant, propulsion

Consommation (ÉnerGuide) : 12,5 L/100 km (Super)

Concurrentes directes (berline) : BMW M3, Mercedes C63 AMG

Du nouveau en 2016  : Nouvelle version (ATS-V)